Si vous n’avez jamais été muni d’une canne, vous avez sans doute croisé des personnes rivées à leur béquille, ou canne ou autre aide. Regardez bien autour de vous, il y en a beaucoup
Sachez que la vie de ces « mal marchants » n’a rien de sympathique et que la qualité de leur quotidien mérite toute votre attention car vous pouvez agir. J’ai la chance de pouvoir marcher mais mal, lentement et avec une béquille, je peux donc affirmer que Paris (et le Marais n’est pas exempt) est un admirable lieu de galère où les nombreux obstacles sont fortement aidés par des passants passionnés par leur portable ou autre moyen d’ignorer les humains.
Deux lieux d’innombrables difficultés : la surface et le dessous.
Sur la surface, le parcours du combattant est assuré avec non seulement les piétons ignorant les handicapés mais encore avec des pavés ou autres dalles qui ne sont pas à même hauteur et constituent donc de magnifiques buttées permettant d’agréables chutes. Il est à noter que les travaux de percement des trottoirs ne donnent pas lieu à l’aplanissement de la surface. Une mention sur des entrées hautes (Poste ou autres) sans marches plus petites. Une attention particulière pour les très très étroits trottoirs où le pauvre "béquilleur" essaie de survivre entre des passants peu amènes, des caddies, des vélos, des motos ou des poussettes…
Les bus ne sont pas toujours très accessibles. Encore une gentillesse des architectes et autres décorateurs : dans certains magasins le superbe carrelage brillant est une patinoire où cannes et béquilles se font un plaisir de glisser et de tenter d’entraîner le malheureux humain par terre pour mieux admirer la qualité des carreaux.
En-dessous, il m’arrive de prendre le bus ou le métro. Sympathiques endroits où le métro a oublié – alors même que la place est suffisante - d'installer des escaliers roulants, et lorsqu'ils existent dans les gares par exemple (gare de Lyon, gare Montparnasse, gare de l’Est…) il n'y en a pas partout, ce qui a le grand avantage de rappeler aux handicapés qu’ils le sont mais aussi aux autres vulgaires mortels qu’il leur faut porter leurs valises ou autres porte bébés.
Vous ne pouvez imaginer ce qu’est le parcours d’une personne en béquille dans une ville qui ne fait rien ou presque contrairement à d’autres. La qualité de la vie étant une des préoccupations de "Vivre le Marais !" et au-delà de bien des Parisiens, une mobilisation générale pour faire garantir des accès facilités serait bienvenue.
Un conseil, il faut toujours laisser le côté mur à une personne en béquille pour deux raisons : d’une part le mur peut être un appui en cas de problème, d’autre part, si le trottoir est très petit, le "béquilleur" risque de voir sa béquille glisser dans le caniveau ce qui le déséquilibre dangereusement.
Une remarque à méditer : Bien sûr ce n’est pas votre cas mais le plus souvent les personnes à me laisser leur place assise dans les bus ou le métro sont les femmes, rarement les hommes. Il est vrai qu’ils sont accablés par leur travail et leurs nombreuses responsabilités, ce qui n’est jamais le cas des heureuses femmes qui n’ont que le ménage, la cuisine, les enfants et pour une large majorité d’entre elles un travail extérieur amusant et délassant. Sur un tel constat, un peu d’humour ne nuit pas, vous en conviendrez.
Marie Françoise Masfety-Klein