Robert Rickhoff, Park Bench, 2012
Le BMO (Bulletin Officiel de la Ville de Paris) du 29 janvier fait état d’un arrêté portant sur la création, auprès de la Maire, d’une « Commission pour l’art dans l’espace public dans Paris ». Il est déjà en prévision du vote probable de la nouvelle loi patrimoine qui officialisera le désengagement de l‘État (voir notre article du 14 novembre 2015).
Cette instance voulue par Anne Hidalgo aura pour but, dit l’arrêté, d’éclairer la maire sur toutes les missions de sa compétence.
Quelles sont ces missions ?
- Rendre des avis sur les projets d’installation d’œuvres éphémères (c’est-à-dire d’une durée inférieure à 9 mois).
- Proposer des orientations et émettre des avis en matière d’intégration d’œuvres dans les opérations de construction et d’urbanisme.
- Se prononcer sur les propositions émises par les parisiens dans le cadre des "budgets participatifs" et ayant trait à l’espace public.
- Accompagner la réflexion et l’action municipales dans le domaine de la médiation et de la valorisation des œuvres existantes.
- Assurer un rôle particulier de suivi en matière de « street art ».
Il est spécifié enfin que la commission qui se réunit 4 fois par an rend des avis après avoir examiné les projets sélectionnés par la Directeur des Affaires Culturelles quant au contexte et à la pertinence de la proposition, à leur qualité artistique, au rapport au site proposé, aux modalités d’appropriation par le public et à leurs conditions de durabilité.
Les objectifs poursuivis par la mise en place de cette commission nouvelle sont louables, l’important en la matière étant d’assurer un rôle de veille de manière à ne pas dénaturer l’environnement dans lequel les œuvres pourront s’insérer. Officialiser les choix est une excellente chose mais encore faut-il que le rôle de la commission soit respecté à la lettre. Or concernant par exemple le « street art », la mission de la commission est laconique et vague. Et justement ce qui est qualifié à tort de « street art » défigure souvent nos murs et rues de nos quartiers.
4 représentants de la Ville siègent dans cette commission (le 1er Adjoint en charge de la culture, le Directeur des Affaires culturelles, la Conseillère culture au cabinet de la Maire et le responsable de la mission programmation, expérimentation, animation et valorisation de l’espace public au sein du Secrétariat général. Trois personnes qualifiées désignées pour 3 ans y siègent par ailleurs, la Responsable du programme culture de la Fondation de France, la Directrice du Musée d’Art contemporain du Val de Marne et une conservatrice du musée d’Art moderne de la Ville de Paris ;
Lors d’une récente interview consacré à son dernier livre intitulé « L’imposture de l’art contemporain » paru aux éditions Eyrolles, l’auteur, Anne de Kerros, n’a pas caché qu’aujourd’hui « N’importe quoi peut devenir de l’art contemporain à l’exception du grand art qui suppose un talent, une excellence. ».
Nous souhaitons vraiment que les membres de la nouvelle "commission pour l’art dans l’espace public dans Paris" gardent à l’esprit ce conseil pertinent lorsqu’ils auront à rendre un avis à la Maire de Paris. Le centre historique de Paris est très concerné, lui qui concentre nombre de monuments et d’œuvres d’art, il doit être absolument préservé.
Dominique Feutry