Les deux hôtels Mérault et de Gourgues (caractérisé par son fronton triangulaire) accolés 52 et 54 rue de Turenne (IIIe)
Le Marais compte nombre d' hôtels particuliers dont nous relatons de temps à autre l'histoire. Il s'en trouve deux intéressants situés côte à côte aux 52 et 54 rue de Turenne (IIIe) car il sont jumeaux, un hôtel double en fait construits en 1637 par le même architecte Michel Villedo (1598-1667), ancien maçon originaire de la Creuse, qui devint ainsi que plusieurs de ses fils, Maître général des bâtiments du roi, ponts et chaussées de France sous Louis XIV.L'ensemble qu'il réalisa à cette adresse s'est appelé l'Hôtel Montrésor puis ensuite les hôtels Mérault (N° 52) et de Gourgues (N°54).
Le commanditaire de cette réalisation fut Claude Bourdeille, comte de Montrésor que l'on retrouvera dans plusieurs intrigues du XVIIe siècle dont le complot de Cinq Mars contre Richelieu. Les biens de ce gentilhomme furent confisqués, il dut s'exiler plusieurs fois et se retrouvera même emprisonné à la Bastille. Resté dans la famille Mérault, L'hôtel au 52 fut vendu au marquis de Custine sous le règne de Louis XV. L'hôtel au 54 appartiendra successivement à différentes familles, Machault, Sainte-Marthe, Doublet de Crouy et Gourgues. A la Révolution, ce dernier fut décapité en 1794 comme le fut aussi en même temps le propriétaire de l'autre bâtiment, François Mathieu Duport.
Façade actuelle de l 'Hôtel de Gourgues
Confisqués les deux hôtels ne furent acquis par la Ville de Paris qu'en 1908 alors que dés 1880 deux écoles occupaient les lieux. La bibliothèque des Amis de l'Instruction publique (voir notre article du 09 juin 2014) s'y installa en 1884.
Les façades (cour et rue) sont classées à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1926. Les deux constructions ont été bâtiés à l'identique mais ont été transformées de façon différente et à plusieurs reprises au cours du XVIIIe siècle.
Hôtel de Gourgues avec des commerces au rez de chaussée (Photographie de1926)
Comme l'explique Danielle Chadych dans son livre « Le Marais, évolution d'un paysage urbain », le 52 «...est orné de clefs, de chaînes de refends d'un portail à refends percé d’une porte cintrée, mais dépourvu de garde-corps, remplacé par des barres... Sur cour des encadrements moulurés autour des fenêtres, des lucarnes à fronton cintré.» L'escalier est XVIIIe. Le 54 en revanche « ...comporte sur rue un avant corps délimité par des refends, couronné d'un fronton triangulaire. Au premier étage, les fenêtres...sont timbrées au centre de mascarons de femmes parées de leur fleurs...Au revers de l'entrée le corps de bâtiment est embelli par un cartouche central gravé d’armoiries et par des oeils de bœuf entourés de cartouches et de draperies timbrés d'agrafes rocaille. L'escalier est du XVIIe. » Il subsiste encore une poutre peinte avec rinceaux et animaux d'époque Louis XIII.
Article rédigé à partir de sources diverses dont le livre de Danielle Chadych cité plus haut et le Dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet.