Le jardin Thorigny et ses cinq érables dans la force de l'âge (photo VlM)
"Vivre le Marais !" s’est fait l’écho à plusieurs reprises du combat mené par notre collectif de riverains de la rue de Thorigny en vue de sauver les cinq érables implantés sur le jardin de la résidence pour personnes âgées de "La Perle" (Madeleine Béjart), condamnés à être abattus dans le cadre du projet d’ouverture au public de ce jardin. Il n’est pas acceptable, en effet, que cette ouverture marque une régression de la nature à Paris et substitue à de beaux arbres en bonne santé qui atteignent 15 à 20 mètres, quelques petits arbres qui culmineraient à 3 ou 4 mètres.
Ayant entendu l’indignation des riverains (et des nombreux Parisiens qui ont signé une pétition) ainsi que la position de Sophie Hyafil, Architecte des Bâtiments de France (ABF), qui a émis le souhait de préserver au moins un arbre, le maire du IIIe a demandé en septembre dernier à la Direction des Espaces Verts de la Ville de Paris (DEVE) de réexaminer le projet en vue de sauver « un certain nombre d’arbres » selon les possibilités techniques. La difficulté majeure est, en effet, au plan technique, de donner l’accès au jardin aux personnes à mobilité réduite, tout en maintenant les érables qui sont plantés 80 cm au-dessous du niveau de la rue.
Le 13 janvier dernier, lors d’une réunion tenue à la mairie du IIIe en présence du Maire, de ses Adjoints et de l'ABF, la DEVE présentait à des représentants du Collectif et à un résident de la maison de retraite les différentes solutions envisagées.
La première, la plus simple et la moins coûteuse, consiste à sauver le premier érable, celui le plus proche de la rue de Perle. Une petite parcelle de terrain serait donc soustraite du projet initial qui, dans l’ensemble, pourrait donc être respecté. Cette solution a la préférence de Mme Hyafil. Son principal mérite, selon elle, serait d’apporter de la lumière au début de la rue, même si cela conduit à mettre en évidence la résidence de retraite dont elle n’apprécie pourtant pas l'architecture, et même si le concepteur de celle-ci avait précisément voulu, grâce à ces arbres, atténuer la confrontation entre ce bâtiment nouveau et les prestigieux bâtiments anciens qui l’entourent.
La seconde, qui renchérirait le projet de 25%, consiste à créer une passerelle d’environ 5 mètres de longueur entre la rue de Thorigny et la partie la plus haute du jardin, passant au-dessus de sa partie la plus basse où resteraient à leur place deux ou trois érables. Cette solution qui, à cause de son coût semble vouloir être écartée par le Maire, a la préférence, bien entendu, des riverains.
Quelle est la « valeur » d’un érable en parfaite santé au centre du Paris historique ? Nul ne peut le dire, mais ce qui semble évident c’est qu’un abattage massif (de quatre arbres sur cinq) serait pour le moins incohérent alors même que la ville de Paris s’engage dans de nombreuses actions en faveur de la nature et du climat, et que les habitants du Marais sont particulièrement soucieux d’écologie et préoccupés de leur patrimoine aussi bien naturel qu’architectural.
Initié en 2014, ce projet de jardin, aux intentions louables à l’origine mais qui conduit au sacrifice d’un trop grand nombre d’arbres, serait bel et bien, s’il devait rester en l’état - aujourd’hui où la prise de conscience des enjeux écologiques est encore plus vive qu’alors – en totale inadéquation avec son temps.
Le collectif Thorigny