Les bus électriques deviennent une réalité : ils commencent à circuler dans Paris (ligne 341 Porte de Clignancourt-Étoile) et on sait que d'ici 2025 les 4.500 bus exploités par la RATP seront remplacés par des véhicules électriques.
C'est réjouissant pour les parisiens. La perspective serait encore meilleure s'il était décidé de faire circuler des véhicules plus petits sur les lignes qui passent dans le centre historique de la capitale. On tremble, rue Michel le Comte (IIIe) par exemple, quand on voit les bus actuels aux rétroviseurs saillants frôler la tête des piétons qui faute de place cheminent dangereusement sur le bord des trottoirs.
C'est en application du "plan bus 2025" de la RATP et "Île-de-France Mobilités", que ces bus électriques vont être livrés. C'est un immense progrès du point de vue de la pollution en fin de parcours, qu'il s'agisse des gaz d'échappement, de l'effet de serre et du bruit.
Un progrès tout de même qui doit nous faire réfléchir car il est d'une certaine manière hypocrite, égoïste et peut-être illusoire.
Hypocrite, car la réduction de la pollution à Paris grâce à l'utilisation d'une énergie électrique implique une pollution supérieure là où l'électricité est produite, du fait des mauvais rendement des processus thermodynamiques et de leur entropie.
Comment d'ailleurs sera-t-elle produite ? L'énergie fossile est vouée aux gémonies. L'atome est rejeté. Le charbon qui a repris du service en Allemagne est exclu. Les énergies nouvelles (éolien, solaire et autres...) ont l'inconvénient majeur d'être intermittentes et à faible rendement.
Egoïste : ne va-t-on pas, dans ces conditions, déshabiller Pierre pour habiller Paul ?
Illusoire ? On aimerait se féliciter du progrès qui nous est annoncé en étant sûrs qu'il ne réserve pas de surprise. Dans l'état actuel des choses le recours à l'énergie électrique pour les véhicules automobiles est séduisant par la perception qu'on en a, sous réserve qu'on évacue les questions embarrassantes à savoir la production (centrales), le transport (caténaires, câbles et pylônes) et le stockage (batteries) de l’électricité, fluide miraculeux à bien des égards mais mais qui se laisse difficilement produire, transporter et stocker dans des conditions écologiques.
Qu'on ne s'y méprenne pas, il ne s'agit pas ici d'un plaidoyer contre l'évolution annoncée mais d'un simple appel à la raison. Notre sentiment intime est qu'on n'est pas prêts encore à développer la société dont on rêve. La sagesse n'est-elle pas dans ces conditions de continuer à vivre avec le pétrole et le nucléaire en réduisant de façon volontariste la consommation de l'énergie qu'ils produisent, quitte à entrer dans une nouvelle société.
Le temps que nos chercheurs découvrent la panacée en matière d'énergie. Soyons réalistes : à ce jour on n'en voit pas la couleur !
GS