La fonte des glaces et ses conséquences prévisionnelles
"Le XVIe Demain" est une association importante par sa taille et par la nature des dossiers qu'elle traite, notamment en matière d'urbanisme. Elle s'est battue récemment contre la destruction partielle des Serres d'Auteil. Membre comme nous de la mouvance "Vivre Paris !" qui a vu le jour en 2010, elle s'exprime sur des sujets et avec des points de vue qui sont proches des nôtres.
En revanche, sur les questions de circulation et de déplacement dans Paris, sans doute parce que nos intérêts moraux et économiques sont au centre de Paris tandis que les leurs se situent à la périphérie, nous avons tendance à mieux accepter la politique menée par la Ville, a propos notamment du traitement piétonnier des voies sur berges qui ne fait certes pas l'unanimité mais ne déclenche pas de rejet radical.
Les thèmes développés par "Le XVIe Demain" sont rassemblés dans une "lettre" mensuelle dont nous vous proposons de lire le n° 168 de janvier 2019.
Un article a plus particulièrement retenu notre attention dans ce numéro car il traite de la problématique "pollution et dérèglement climatique". Nous le reproduisons ci-dessous in extenso :
Les pollutions parisiennes
Le tango de l’âne
En octobre, une grande manifestation s’est tenue à Paris. Les participants voulaient souligner les inquiétudes de la population intoxiquée par un matraquage médiatique sur une dégradation catastrophique du climat, affirmée par le "groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat" (GIEC).
Cette dégradation est attribuée aux activités humaines. Ce rapport est exploité à l’envi par des politiques de tous bords en dépit de grosses lacunes scientifiques (taches solaires, phénomènes cycliques, instruments de mesure différents,…) qui laissent beaucoup de questions en suspens.
On ne doit pas s’arrêter à ce catastrophisme du GIEC. En effet, il existe dans ce rapport des solutions qui limitent cet aspect inquiétant. Mais ces solutions à l’échelle mondiale dépassent les capacités de la Ville qui doit rester pragmatique sur un tel sujet.
La confusion entre pollution et dérèglement climatique perturbe les « rousseauistes » adeptes d’un retour à la nature, inquiets de la surconsommation et de l’accélération de la mondialisation.
Les causes de pollution sont multiples et complexes. La dégradation de la qualité de l’air est nuisible à la santé. Elle se manifeste particulièrement lors des épisodes de vent d’est, aujourd’hui plus fréquents et plus intenses. Ainsi nous sont renvoyées les fumées des centrales à lignite germaniques exploitées lors de l’interruption de production des éoliennes, dites écologiques !
À Paris, les particules et les gaz nocifs proviennent de la combustion des moteurs, du roulement des voitures, du chauffage et des industries. Ce n’est pas le CO2 qui pollue, donc ne culpabilisons pas les Parisiens en invoquant le réchauffement climatique. Remercions les lanceurs d’alerte écologistes mais leur dogmatisme et leurs incohérences ne doivent pas leur assurer « notre considération et notre soutien », selon les mots d’un de nos amis, défenseur du centre de Paris.
La lutte contre la pollution de l’air avait été considérée, à juste titre, par Bertrand Delanoë comme l’objectif essentiel du plan de déplacement de Paris. Anne Hidalgo a repris avec raison cet objectif… Or la fermeture des voies sur berges n’a fait que déplacer la pollution tout en perturbant la vie sociale et économique de la capitale et des communes voisines.
Déboutée par le tribunal administratif pour une motivation insuffisante, Anne Hidalgo se justifie maintenant par une protection du patrimoine des berges de Seine !! Elle danse le tango sur un dossier sérieux.
Même si, grâce à l’énergie nucléaire, la France n’a qu’un impact carbone mondial assez minime, la Ville ne doit pas négliger les interactions entre CO2 et pollution. On serait coupable de ne pas s’attacher à la réduire. Il faut toutefois savoir hiérarchiser les causes.
Sachons agir sur ce qui est à la portée d’une ville :
- la pollution atmosphérique, par une amélioration de la fluidité de la circulation (aménagement de carrefours, synchronisation ou suppression de certains feux), le développement de véhicules propres, une régulation de la circulation avec des solutions reconnues dans le monde, mais combattues par la Ville, comme le péage urbain adopté par d’autres villes, à ne pas négliger
- la pollution lumineuse qui a des effets sur les rythmes biologiques. La Mairie a un devoir d’information et de répression pour que les bureaux et les commerces éteignent leur éclairage après leur fermeture
- la saleté des trottoirs qui engendre un risque sanitaire. Il faut verbaliser sévèrement la désinvolture de nos concitoyens. Les Américains ont su le faire depuis très longtemps avec des arguments forts
- la pollution visuelle de nos rues du fait du stationnement abusif alors qu’elles n’ont pas la capacité d’accueillir autant de véhicules : la politique de parkings souterrains est à revoir.
Donnons-nous des objectifs de long terme sans communication démagogique. La voiture électrique est le type de solution à long terme inéluctable par sa simplicité d’exploitation, mais dont le bilan carbone total devra être amélioré [si toutefois c'est possible - NDLR]. Sa réalisation suppose un plan d’ensemble : batteries chinoises dont la fabrication est polluante, installation de sept millions de bornes de rechargement, production électrique nécessaire équivalente à quatre nouvelles centrales nucléaires.
Pour lutter contre la pollution, il faut avant tout repenser le plan de circulation à court et moyen terme dans la capitale.
Commentaire de "Vivre le Marais !" :
Vous avez raison de soulever la question des voitures électriques. On lit beaucoup de choses là-dessus notamment que son empreinte carbone est au moins égale à celle d'un véhicule thermique car sa fabrication n'a rien d"écologique et - surtout - il faut l'alimenter en courant électrique produit par une centrale qui fonctionne au charbon ou au fioul à moins qu'elle ne soit nucléaire...
Ne parlons par des éoliennes et des panneaux voltaïques qui sont des sources intermittentes de courant et dont l'impact écologique est catastrophique. En théorie, il est même probable que l'empreinte carbone de la voiture électrique soit supérieure car elle induit deux transformations successives d'énergie (énergie thermique en énergie électrique puis énergie électrique en énergie dynamique) au lieu d'une pour la voiture thermique (énergie thermique en énergie dynamique).
La thermodynamique nous instruit que chacune de ces transformation augmente l'entropie du système qui exprime une perte d'énergie en chaleur, qu'on retrouve dans un "rendement" (par exemple 40 %). Les rendements se multiplient entre eux (p. ex 30 % x 40 % = 12 %) ce qui donne un rendement résultant particulièrement bas. Pour un résultat identique en bout de chaîne, il faut donc consommer plus d'énergie dans le cas de la voiture électrique.
Soulignons à ce propos que la Chine est en train de nous damer le pion en mettant en oeuvre une stratégie d'intégration de la filière électrique car elle dispose d'un marché intérieur potentiel 20 fois supérieur au nôtre et elle possède de façon quasi exclusive les terres rares (lanthanides), le cobalt et le molybdène nécessaires à la fabrication des composants notamment les batteries.
A court et moyen terme il reste un intérêt pour la voiture électrique : son utilisation en ville, car elle ne pollue pas (ou très peu) LOCALEMENT. Les citadins, égoïstes à leur corps défendant, ne peuvent que s'en réjouir. Les autres n'auront plus qu'à assumer... et rejoindre la cohorte des "gilets jaunes" !
Gérard Simonet