Deux monuments caractéristiques de cette rue du quartier St Paul dans le IVe : un maison style Henri IV très ancienne (XVIème-XVIIème siècles) au n° 7 et le portail de l'Hôtel Raoul, en déshérence et atrocement défiguré par des songe-creux
L'expression "démocratie représentative" peut être considérée comme un pléonasme, si on range parmi les utopies la définition que donnait Jean-Jacques Rousseau de la démocratie tout court (*). Le genre de démocratie qui s'est imposé dans les mentalités est de fait le mode de gouvernement des pays de l'OCDE. Cette démocratie-là s'exerce par les mécanismes de la représentation, nationale ou locale.
Il arrive qu'elle butte sur des difficultés comme celles que nous avons connues avec le mouvement des "gilets jaunes". Les gouvernants un temps déstabilisés en viennent alors à se demander s'il n'y a pas lieu de composer avec ceux qui apparaissent comme des leaders de la protestation. Jusqu'à ce que les réalités, notamment les dissensions internes aux mouvements protestataires leur montrent qu'il faut revenir aux bases de la démocratie.
Dans les grandes villes, et à Paris singulièrement, s'est développé depuis vingt ans un courant de démocratie "participative". Les mots sonnent bien. Il a été difficile en revanche d'en tracer intelligemment ses contours. Renonçant au principe de l'agora, périlleux du fait du nombre élevé de citoyens, on a assisté à Paris à la mise en place de "conseils de quartiers". Si leur création résulte de la loi, leur gestion n'obéit à aucun texte officiel. En pratique, chaque arrondissement a conçu pour eux une charte "maison".
A l'approche des élections municipales, il ne serait sans doute pas inutile d'en dresser le bilan et de s'interroger sur leur maintien. Un vécu récent dans le IIIe nous montre que la réunion de ces conseils ne rassemble que quelques personnes et tourne souvent au pugilat entre des individualités marquantes qui ne représentent en réalité qu'elles-mêmes.
Le réaménagement de la rue Beautreillis étend le questionnement au dossier des "budgets participatifs". L'idée est généreuse : elle prévoit d'affecter 5% du budget d'investissement de Paris jusqu'en 2020 au financement de projets proposés localement par les habitants. Mais dit autrement, on ampute de 5 % le budget d'investissement dont les choix sont faits par des élus et on en transfère l'utilisation à un groupe non défini de citoyens sans mandat électif.
Les Maires d'arrondissements ont privilégié assez naturellement les conseils de quartiers pour infuser ce mécanisme. C'est ainsi qu'un projet de réaménagement d'une partie de la rue Beautreillis a vu le jour dans le IVe, porté par une génération spontanée de quelques citoyens, habitants et commerçants. Il s'agit d'une piétonisation partielle avec élargissement de certains trottoirs, à hauteur notamment des bars-restaurants de la rue.
La mairie du IVe et son Maire Ariel Weil ont agi de façon irréprochable. Le projet a fait l'objet d'une présentation publique en mairie dont le "Powerpoint" est accessible à tous. Il reste que l'annonce de début de travaux a réveillé les consciences de nombreux riverains qui n'avaient pas prêté attention à ce qui se déroulait au pied de chez eux et aux conséquences qu'on peut légitimement redouter.
Ils ne s'y opposent pas mais ils viennent massivement vers notre association dans l'espoir de peser sur les relations si elles devenaient conflictuelles avec les commerçants qui ne vivent pas là forcément mais attendent beaucoup des perspectives économiques qui s'ouvrent à eux avec la création de terrasses.
Plusieurs copropriétés viennent d'adhérer à "Vivre le Marais !" Elles savent que nous ne sommes pas opposés à des restrictions de circulation automobiles dans les quartiers de Paris-centre sous certaines conditions de respect des intérêts moraux et matériels des habitants. Nous nous inscrivons une fois encore dans cette attitude et nous élargissons le débat en revenant sur le sort du portail de l'Hôtel Raoul.
L'horloge de l'Hôtel Raoul, arrêtée à 10h30. Elle ne demande qu'à repartir...
Ce monument délaissé est encore la propriété de ceux qui ont vendu les ruines de l'Hôtel pour construire du neuf mais il sont prêts à le céder à la Ville de Paris pour 1 € symbolique. On dit que la réhabilitation coûterait 150.000 €... Nous ajoutons pour ce qui nous concerne qu'on peut le protéger des assauts d'autres imbéciles en l'éclairant par des spots et en installant une caméra de surveillance. Il n'y a là rien qui soit hors de portée de la mairie de Paris. Nous souhaitons qu'Ariel Weil s'y emploie et que la Maire Anne Hidalgo s'en saisisse.
Gérard Simonet
(*) Jean-Jacques Rousseau, considère que la démocratie ne peut être que directe : « La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale et la volonté générale ne se représente point" - Wikipédia -
Histoire de la rue Beautreillis : un blog remarquable lui est consacré
Bonjour,
Je suis enseignant et habite rue Beautreillis depuis une quinzaine d'années. Les conditions de vie n'ont cessé de s'y dégrader: tapage nocturne permanent en provenance d'immeubles dits "bourgeois" ou de restaurants bien connus qui attirent une clientèle peu respectueuse qui méprise souverainement les résidents en autorisant notamment des terrasses plus ou moins improvisées où leurs clients (des oisifs, à n'en pas douter) peuvent hurler toute la nuit. Sans parler des odeurs de cigarette, de cannabis, des motos pétaradantes (et des odeurs d'essence)...
En outre, comme si cela ne suffisait pas, la rue (étroite et sonore) vient de se transformer en un chantier proprement infernal (8 heures par jour de bruit incessant), à l'évidence inutile et coûteux (surtout en termes de santé nerveuse). Quand tout cela s'arrêtera-t-il? La police et la mairie sont absentes et/ou inefficaces, et nous ne sommes bons qu'à payer des impôts locatifs (pour enrichir qui? en tout cas pas notre confort quotidien).
Le quartier devient de plus en plus invivable et peuplé de gens peu civiques ("bobos" égoïstes, "gent friquée" agressive... D'où les tags et autres marquages de territoire de ces nouveaux barbares). Si je pouvais, je déménagerais, mais je n'en ai plus les moyens ni la force (je suis arrivé là il y a quinze ans par hasard et je n'aurais jamais pu imaginer l'évolution des choses).
Où sont les vrais Parisiens, civilisés et urbains? Que faire pour que cela change???
Rédigé par : LGF | 17 juin 2019 à 17:13
Vous soulignez à juste titre les défauts des Conseils de quartier. Certes il y a des Conseils de quartier où l’ambiance est souvent conviviale, le nombre de participants important et la décision collégiale, mais il est vrai que leur représentativité est insuffisante (en particulier les commerçants et plus généralement les gens qui travaillent dans le quartier sont peu présents), ils sont trop peu connus, et leur positionnement par rapport aux instances de la démocratie représentative dépend beaucoup de la Mairie.
La réflexion que nous avons menée avec les Conseils de quartier voisins des autres arrondissements de Paris-centre nous a d’ailleurs permis de constater que les chartes sont très différentes et qu’en prenant le meilleur de chacune sur les questions de représentation et de statut par rapport au Conseil d’arrondissement, on peut progresser.
En ce qui concerne la question des budgets participatifs, je ne dirais pas que ce sont les Maires d'arrondissement qui ont sollicité les Conseils de quartiers pour « infuser ce mécanisme », mais les Conseils de quartier qui ont trouvé là un levier d’action pour faire avancer leurs projets (sous réserve du vote des habitants). Ensuite, si les habitants votent en faveur du projet, il devient un projet de la Mairie et suit la procédure. Il me semble qu’un projet ainsi initié prend assez naturellement en compte les attentes des riverains membres du Conseil de quartier qui en sont en général à l’origine, ce qui n’empêche pas, bien entendu, des opposants de se manifester …..
Et rien n’empêche un groupe de riverains hors Conseil de quartier de proposer un aménagement au titre du budget participatif
Alain Genel
Rédigé par : Alain Genel | 31 mai 2019 à 18:26
Soyons clairs. La Présentation "publique" est restée totalement confidentielle et le réaménagement de la rue Beautreillis l'est resté tout autant jusqu'à l'arrivée des marteaux piqueurs. En Septembre dernier, Il fallait être allé à la mairie pour une raison ou une autre pour découvrir l'annonce d'une présentation publique de cet aménagement, car JAMAIS AUCUNE AFFICHE n'a été mise dans la rue concernée ou dans les rues alentours.
Qu'importe. Aujourd'hui, l'objectif n'est pas d'incriminer le Maire qui a sans doute été très sollicité. Il est de lui demander de protéger les habitants des conséquences prévisibles de ce réaménagement réclamé par les propriétaires de bars et de restaurants.
Et que l'on ne réponde pas que, sur ce point " il faudra alors s'adresser à un autre organisme que la Mairie " , comme cela a été dit lors de la présentation publique ( sic).... .
C'est cela qui serait alors inadmissible.
Rédigé par : Marie Verneuil | 31 mai 2019 à 16:22