Trottinette électrique et Hôtel de Ville (Illustration mairie de Paris)
Les trottinettes et vélos électriques "sans attache" (free floating) qui ont été implantés en quantité à Paris depuis l'été dernier vont dans le sens des nouvelles formes de mobilités souhaitées par la Maire de Paris Anne Hidalgo et ses Adjoints d'Europe Ecologie les Verts pour se substituer à la voiture. De ce point de vue, ils ne peuvent que se réjouir du succès de ce nouveau mode de déplacement et de leurs plateformes de gestion basée sur la géolocalisation.
Malheureusement pour leurs convictions, si l'attrait commercial de ces services est une évidence, la façon dont ils sont exploités soulève d'immenses protestations. Les accidents sont nombreux, tant pour leurs utilisateurs que pour les piétons qui se font bousculer et renverser. Les trottinettes abandonnées sur les trottoirs sans précaution, qui sont des obstacles au déplacement des piétons, ne font qu'exacerber un ressentiment qui n'a cessé de croître auprès de la population.
Il est donc nécessaire aux yeux de la municipalité de répondre aux dysfonctionnements sans pour autant remettre en cause ce qu'elle considère comme un progrès, sans doute à juste titre si on se projette dans le futur.
Sa motivation est justifiée mais les annonces sont peu rassurantes. On lit dans les bulletins d'information de l'Hôtel de Ville que plusieurs mesures ont déjà été prises : verbalisation des usagers de trottinettes qui roulent sur le trottoir, verbalisation des stationnements anarchiques et mise en fourrière et signature d'une charte "de bonnes pratiques" avec tous les opérateurs.
C'est bien, mais personne n'a jamais vu le début d'une application de ces mesures par la police municipale (dont chacun s'accorde à dire qu'elle est très discrète...). Quant aux "chartes de bonnes pratique" elles ont toujours été des cache-misère de dossiers qu'on ne veut pas attaquer de front. On se souvient de celle des terrasses de la rue des Archives (IVe) du temps de Dominique Bertinotti et plus récemment celle de la place du Marché Ste Catherine qu'on a de guerre lasse jetée aux oubliettes.
De nouvelles mesures sont pourtant annoncées pour le 1er juillet 2019, en attendant que soit votée une loi au parlement : arrêté d'interdiction de stationnement des trottinettes sur les trottoirs, limitation de la vitesse à 20 km/h, demande aux opérateurs de ne plus augmenter leur flotte, appels au civisme, et création d'un observatoire pour évaluer l'accidentologie.
De nouvelles mesures qui ressemblent à des vœux pieux : qui va verbaliser ces engins qui gisent sur les trottoirs et qui va-t-on verbaliser puisqu'ils sont abandonnés ? Qui va surveiller leur vitesse alors qu'aucun engin deux-roues aujourd'hui n'est contrôlé ?
La vraie solution serait de charger dans des bennes toutes les trottinettes en infraction et de mettre en place des brigades de verbalisation sur quelques points de fort trafic pour sanctionner les comportements contraires aux règles établies. Il est à craindre que ce soit juridiquement impossible car il en est ainsi de notre Etat de droit et de nos élus qui n'aiment pas prendre de risques et préfèrent jouer les tigres de papier en évoquant des sanctions qui ne seront jamais appliquées.
Il est à craindre dans ces conditions qu'on soit condamnés à subir longtemps encore les facéties, les incivilités et les infractions des adeptes de ces nouvelles mobilités.