Echanges conviviaux en 2016 autour d'un verre de Bordeaux entre Gérard Siad, président du SNEG, Jean-François Revah et Gérard Simonet, présidents de "Riverains du XIe" et de "Vivre le Marais ! Paris-centre", en présence de Stéphane Martinet, adjoint au Maire du XIe
Le SNEG (syndicat national des entreprises gay) a été créé en 1990 par Bernard Bousset, propriétaire depuis longtemps du prestigieux "Open Café" qui fait l'angle des rues Archives et Ste Croix de la Bretonnerie dans le IVe. Dès 2004, alors que notre association n'était pas encore devenue "Vivre le Marais !" mais avait commencé à se faire connaitre, il se rapprochait de nous pour sympathiser et partager certaines de nos positions au sein de débats en mairie arbitrés par la Maire de l'époque Dominique Bertinotti.
Nous avons fait plus tard la connaissance de ses successeurs, Jean-François Chassagne, puis Gérard Siad qui a présidé le SNEG jusqu'en 2017. C'est avec lui que nos relations ont été les plus longues, et les plus fructueuses car il a toujours soutenu que les exploitants (de bars ou de clubs) devaient être irréprochables quant au respect des règles qui assurent la protection du voisinage contre leurs nuisances, le bruit avant tout.
Y aurait-il aujourd'hui un changement d'attitude au sein du SNEG ? La "lettre d'information" (newsletter) qu'ils viennent de diffuser nous apprend "qu'au terme d’une négociation avec la Préfecture de Police, le SNEG & Co a obtenu, après un premier refus, une décision favorable à sa demande de dérogation d’ouverture tardive le soir de la Marche des Fiertés, pour ses adhérents (une quarantaine) ne disposant pas d’autorisation de nuit".
Demander et obtenir que 40 établissements qui ne sont pas équipés pour accueillir et gérer du public la nuit soient autorisés à ouvrir, donc servir des boissons alcooliques, diffuser de la musique et accueillir des fêtards, est une démarche corporatiste qui ne se soucie pas des nuisances dont les riverains peuvent souffrir. On comprend et on apprécie que la Préfecture de police ait refusé dans un premier temps et on regrette qu'elle ait fini par céder.
La "Marche des Fiertés" (ex Gay-Pride) est une manifestation autorisée, avec un parcours et une heure de dispersion. Elle n'est pas un talisman qui rend permis ce qui ne l'est pas, pas plus que ne les sont la Fête de la Musique, la Nuit Blanche, la Fête Nationale, le Nouvel An et tel ou tel anniversaire.
GS
Postscriptum du 4 août 2019
Le SNEG & C° a demandé que nous publiions un droit de réponse à notre article. Nous le faisons très volontiers et nous n'avons pas d'objection à son contenu à l'exception de la toute dernière phrase qui fait état "d'invectives discriminantes et infondées" de notre part. Nos lecteurs savent qu'il n'est pas dans nos habitudes de lancer des invectives à qui que ce soit. Quant à la discrimination nous agissons en permanence pour qu'elle ne sévisse pas autour de nous, en acceptant et en défendant ceux qui viennent à nous sans distinction d'aucune sorte. On souhaite que le SNEG & C° dans sa nouvelle appellation puisse en dire autant.
Droit de réponse :
Suite à la parution de votre article nous tenons à vous apporter les précisions suivantes :
Le SNEG s’appelle depuis 2013 le SNEG & Co, ce « & Co » signifiant notre volonté d’ouverture à tous les ERP friendly au-delà des seuls établissements accueillant une clientèle LGBT. Il est présidé depuis octobre 2017 par Olivier Robert qui fut tour à tour vice-président de Bernard Bousset, de Jean-François Chassagne puis de Gérard Siad.
Si notre nom a évolué, notre positionnement, que vous saluez en évoquant l’année 2016, n’a lui en revanche, pas changé : nous sommes toujours pour une nuit responsable et professionnalisée, dans le cadre exclusif d’Etablissements Recevant du Public en conformité. Nous rappelons incessamment à nos adhérents, dans leur intérêt, le respect des obligations qui sont les leurs au regard des réglementations : nuisances sonores et olfactives, occupation du domaine public, lutte contre l’alcoolisation massive, sensibilisation de la clientèle au respect de la tranquillité publique… nos messages sont les mêmes depuis 1990, adaptés aux évolutions de la réglementation quand il y a lieu.
Notre philosophie première n’a pas changé, ceci étant, nous défendons les intérêts de nos adhérents comme vous défendez les intérêts des vôtres. Chacun son rôle, cela n’empêche pas pour autant, de poursuivre des objectifs qui peuvent donner satisfaction à chaque partie.
Concernant le fait précis que vous évoquez, à savoir la dérogation exceptionnelle d’ouverture tardive pour nos établissements ne disposant pas d’autorisation de nuit, nous vous informons que :
- cette dérogation est accordée au soir de la Gay Pride (Marche des Fiertés) chaque année depuis plus de 20 ans, la répétition de celle-ci atteste qu’elle se déroule conformément aux obligations qui s’y rapportent ;
- les établissements concernés sont à même d’accueillir la clientèle au-delà de 2 h du matin, comme tous les autres. S’ils ne disposent pas d’autorisation de nuit, c’est parce qu’ils n’en ont pas fait la demande car leur modèle économique, leur concept, ne les amènent pas à exploiter toute la nuit, exceptés aux quatre dates autorisés par arrêté préfectoral et ce soir de la Marche des Fiertés, jour de la fête annuelle de notre communauté ;
- la dérogation d’ouverture exceptionnelle dont ils disposent au-delà de 2 h du matin, suppose que passée cette heure, l’exploitation se poursuit uniquement à l’intérieur des établissements et cette comme les précédentes, cette disposition a été respectée ;
- Sur 44 demandes, cette dérogation a été refusée à 8 établissements ayant fait l’objet d’un avis défavorable. Cela implique que les 36 autres ouvertures exceptionnelles, accordées à des établissements sous avis favorable, témoignage de leur bonne gestion tout au long de l’année et des années précédentes pour ceux bénéficiant année après année de cette même dérogation exceptionnelle ;
- Aux 36 établissements bénéficiant de cette dérogation et qui n’ont pas agi dans l’illégalité mais conformément un arrêté préfectoral, le SNEG & Co a, comme chaque année, adressé un courrier leur rappelant les conditions de bon déroulement de cette soirée selon les prescriptions de la Préfecture de Police.
Une opposition systématique serait contre-productive et ne pourrait aboutir qu’à une crispation de la situation. Au service de nos adhérents respectifs, notre démarche n’est pas plus illégitime que la vôtre. Aujourd’hui comme depuis toujours, comme en 2016, le respect de la tranquillité publique doit être au cœur des préoccupations de nos adhérents tout comme la contribution de nos commerces à la renaissance d’un quartier autrefois peu attractif doit être prise en compte par les vôtres.
Comme vous, nous connaissons le fragile équilibre qui consiste à allier le bien-être de la population riveraine et l’exploitation de lieux commerciaux. Nous vous invitons pour le garantir, à un dialogue raisonnable et apaisé plutôt qu’à des invectives discriminantes et infondées.
Cordialement.
Pour le Conseil d’Administration,
Remi Calmon
Directeur Exécutif