Etat actuel de l'immeuble, avec son 4ème étage réhaussé et tronqué
Jonas Obadia est membre de notre association. En 2016 il créait la société Jonas Obadia Studio, spécialisée dans la création artistique relevant des arts plastiques, propriétaire du dernier niveau d’un bâtiment situé au fond de la cour du 11 rue des Arquebusiers dans le IIIe.
Projet Jonas Obadia de modification du 4ème étage
Désireux d'agrandir son affaire, il a déposé en février 2020 un permis de construire dont l’objet est la restructuration du 4ème étage et des toitures de ce bâtiment. On vient de lui annoncer qu'il sera refusé, au motif que : "Ce projet, en l'état, n'étant pas conforme aux règles applicables dans ce site patrimonial remarquable ou portant atteinte à sa conservation ou à sa mise en valeur, l'Architecte des Bâtiments de France ne donne pas son accord."
Au titre du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, devenu depuis SPR (site patrimonial remarquable), ce bâtiment a été classé "type A", avec la protection la plus stricte.
La décision de l’Architecte des Bâtiments de France est donc naturelle. En revanche une étude détaillée de la demande devrait inviter à trouver une solution de bon sens.
En effet si ce bâtiment et ceux qui l’entourent appartiennent à un SPR, son état parait avoir été classé "type A " par erreur : il est au fond d’une cour, invisible de la rue des Arquebusiers, et il est surtout le résultat d’une reconstruction architecturalement contestable qui a fait suite à un incendie survenu en décembre 1913.
Le demandeur propose en réalité d'améliorer un patrimoine récent, sans grande valeur historique et architecturale, (qui a certes accueilli un temps l’atelier de Robert Doisneau) sans qu’il en coûte un sou au contribuable.
L’Architecte des Bâtiments de France est bien dans son rôle de « gardien du temple » mais ne pourrait-on pas trouver un moyen de traiter cette question comme elle l'a été probablement pour les bâtiments récents construits dans les années 80 au voisinage du secteur de l'Hôtel d'Ecquevilly (ou du Grand Veneur).
Secteur de l'Hôtel d'Ecquevilly et ses constructions récentes
Le déposant est désireux de trouver un écho favorable à son analyse. Il va saisir à cet effet le Préfet de Paris Île-de-France qui est l'autorité compétente en la matière en espérant que cette démarche amiable lui évite de contester le refus du permis de construire devant le Tribunal Administratif.
Philippe Lanta
Administrateur
Bonjour Elisabeth, TMH, Anais,
Merci pour vos commentaires.
Je vous apporte quelques précisions :
Anais, je n'étais pas le propriétaire quand cet immeuble a été classé de typologie A, je ne pouvais donc me manifester à cette époque. De plus, les anciens propriétaires, selon ce que j'ai pu rassembler comme informations, n'ont jamais pris part à la mise à jour du PSMVM de 2013.
Cependant, toute éventuelle erreur, même révélée tardivement, se doit d'être corrigée et devrait entraîner, me semble-t-il, une réévaluation au jour des nouveaux éléments et des preuves présentées. Il n'y a pas, a priori, de révision du PSMV prévue avant de nombreuses années, et des études au cas par cas devraient donc être possible pour éviter une « mise sous cloche » du Marais.
TMH, l'immeuble a été classé de Type A parce qu'il a été confondu avec un ancien immeuble qui était à cet emplacement et qui a été détruit dans la première moitié du XVIIème siècle. Je l'affirme avec certitude car j'ai vu la fiche de l'immeuble (qui explique son classement) présente à l'urbanisme et auprès de l'ABF, et la confusion est bien la raison de cette typologie A. Cela n'est pas du tout lié au fait que des photographes célèbres comme Paul Nadar ou encore Robert Doisneau aient pu utiliser ce local.
Ceci étant, c'est justement pour faire perdurer une activité de photographie dans ces locaux que nous demandons cette extension (qui se ferait sans modification de la hauteur maximale de l'édifice). Cela permettrait de faire survivre une activité artisanale dans un quartier central, réputé jadis sa forte concentration d'artistes et d'artisans. Comme vous le dites dans votre commentaire, ces activités artisanales disparaissent de plus en plus, d'ailleurs souvent au profit d'un pullulement d'airbnb dont seuls les immeubles commerciaux/ateliers permettent des locations saisonnières tout le long de l'année.
Rédigé par : Jonas Obadia | 26 mars 2020 à 13:54
Le PSMV du Marais a été promulgué après de très très longues études, faites par des experts du patrimoine, avec visites sur place et examens des dossiers. Il a été en outre l'objet d'une révision en 2013, avec une enquête publique où tout le monde a été invité à s'exprimer et à signaler d'éventuelles erreurs. Où va-t-on, si maintenant les propriétaires se mettent à invoquer "le bon sens" pour contester le classement ? Dans son acte d'achat, ce copropriétaire demandeur a été bien informé du classement en A, c'est obligatoirement indiqué dans l'acte notarié. Donc il est mal venu à demander maintenant une rectification. Il lui faudra attendre la prochaine révision du PSMV, ce qui lui donne le temps de préparer un dossier, si ses arguments sont solides.
Rédigé par : Anaïs | 26 mars 2020 à 10:17
EPSV à remplacer par PSMVM
merci
Rédigé par : TMH | 26 mars 2020 à 05:47
L'article ne dit rien de la position des co-propriétaires de l'immeuble dans son ensemble
Il est clair que l'ABF est dans son rôle comme le rappelle l'article et que cet ancien atelier de R. Doisneau est une explication suffisante du classement en cat A au sein du PSMV du Marais. Le fait d'être passé en Site "SPR" ne doit pas faire penser que ce n'est qu'une question de "point de vue"; ce qui a conduit à ce statut spécial des centres historiques" de Lyon et de Paris, c'est pour éviter de se trouver transformé en quartier Ang Mo Kio de Singapour ... et faire tabula rasa du Vieux Paris (déjà largement consommé)
Dans notre quartier, la fringuerie de luxe (pas péjoratif juste descriptif) a quasiment tout dévoré et un luthier historique a du quitter ses murs pour Montrouge ; on nous assaille d'affiches sauvages sur le mode "ramène ton petit cul" pour promouvoir une marque "bananière" adepte de locaux éphémères, marque que je préfère ne pas citer. Petit à petit la marchandise et l'esprit de lucre dévorent les vestiges passéistes et inutiles, inutiles comme la poésie...
Une piste à trouver côté R. Doisneau ?
Pour information, "L'Atelier Robert Doisneau" est la structure créée par Annette Doisneau et Francine Deroudille, les deux filles du photographe pour assurer la conservation et la représentation de son œuvre. L'Atelier n'est pas ouvert aux visiteurs.
C'est à Montrouge, dans l'appartement où Robert Doisneau avait lui-même travaillé pendant PLUS DE 50 ans que l'Atelier a installé ses locaux. 450 000 négatifs y sont archivés, numérotés et classés, permettant ainsi de poursuivre la création d'expositions et d'ouvrages d'édition et offrant parfois le bonheur de la découverte d'un reportage inédit.
https://www.robert-doisneau.com/fr/atelier/
Rédigé par : TMH | 26 mars 2020 à 05:46
Le "après" me semble bien mieux que "avant". Il est vrai que Paris est fait aussi d'éléments "disruptifs" comme diraient nos administrativos etc.etc. Mais, bon inutile de sauvegarder ce qui est moche, moche.
Rédigé par : Elisabeth | 25 mars 2020 à 21:26