Lorsque Jack Lang créa la Fête de la Musique (dit-on) en 1982, le mot d'ordre était : "installez vous au carrefour avec votre instrument, jouez et chantez !" Toutes formes de musiques étaient à l'honneur et devaient être célébrées.
On peut lire à ce sujet : "Il fallait un événement qui permette de mesurer quelle place occupait la musique dans la vie individuelle et collective. Un mouvement spectaculaire de prise de conscience, un élan spontané pour alerter l’opinion et peut-être aussi... la classe politique. C’est pourquoi le ministère de la Culture eut l’idée d’organiser une Fête de la Musique en 1982. Une fête non-directive, qui rassemble tous les Français pour qui la musique compte. Maurice Fleuret, Télérama - 15 juin 1983."
On sait ce qu'il en est advenu : la fête est devenue, dans beaucoup de quartiers, un prétexte à attirer du monde et vendre de la bière. La musique est devenue "sono" et chaque débit de boissons y est allé de ses décibels pour capter des clients. Impossible de faire entendre sa clarinette en Si bémol au coin de la rue quand on est noyé sous le vacarme des sons amplifiées !
Les rassemblements étant interdits, on peut penser et espérer que le cru 2020 sera différent avec moins de bruit, moins de monde et davantage de musique, la vraie, sans amplification, celle qui sort d'un instrument, et de chants redevables des seules cordes vocales de musiciens en chair et en os.
En espérant que cette inflexion ne soit pas un feu de paille, s'impose dans les ans à venir et s'installe pour les siècles des siècles.