La brasserie "La Fronde", 33 rue des Archives (IVe), entourée de sa palissade "Fort Apache" qui enveloppe une partie importante de la chaussée, l'agence immobilière voisine et la porte d'accès à l'immeuble (Photo parismarais.com)
Cette réalisation que nous avons déjà signalée dans un article précédent quand la palissade était à l'état brut est désormais décorée d'une fresque géante qui reprend l'enseigne de l'établissement, dans un style qui s'inspire du "street art".
C'est l'un des avatars, mais l'un des plus visibles, de l'autorisation donnée aux bars-restaurants par la Maire de Paris d'occuper des pans entiers de la chaussée pour étendre ou créer leur terrasse. Il en est, on les remercie, qui ont trempé le doigt dans le pot de confiture, d'autres y ont enfoncé le bras jusqu'au coude. Cet établissement en est l'exemple.
Que peut-on lui reprocher ?
La palissade elle-même. Elle dégage un vrai sentiment d'appropriation de l'espace public qui nous semble contraire à l'esprit de la concession d'Anne Hidalgo. De quel droit s'étend-elle sur la boutique voisine et sur la porte d'accès à l'immeuble ?
L'emprise sur la chaussée. Il s'agit d'un plateau en bois, vingt centimètres au-dessus du sol, avec deux ouvertures sur le fil de l'eau. L'espace n'est pas nettoyable. Les déchets minéraux et organiques vont s'y accumuler et constituer un nid à rats, métaphoriquement dans un premier temps, avec rapidement une prolifération de ces rongeurs que nous connaissons trop bien à Paris.
Le "graf" monumental qui reprend l'enseigne "La Fronde" enfreint nous semble-t-il le règlement du secteur sauvegardé du Marais où la taille des lettres est limitée sur les enseignes parallèles (on a affaire ici à une enseigne parallèle à l'enseigne parallèle de la devanture...), à moins qu'on considère qu'il s'agit d'une publicité et il est plus que probable que celle-ci enfreigne le RLP (règlement local de la publicité) de Paris...
La construction de la palissage et de sa plateforme ne devait-elle pas être soumise à déclaration préalable de travaux à la Direction de l'urbanisme ? C'est le cas quand on change un store, une banne ou la couleur d'une peinture, qu'en est-il d'un chantier comme celui-là ?
Et l'esthétique ? On a affaire ici à une question de goût et on le concède volontiers. C'est à l'Architecte des Bâtiments de France de se prononcer cependant. Cet ouvrage respecte-t-il le style du Marais ? Interpelons aussi les commerçants dans leur ensemble : est-il raisonnable qu'ils profitent pour leur business de l'attractivité du centre historique de Paris, des travaux autour de sa sauvegarde, de son architecture, de son esthétique et de son histoire et qu'ils n'en respectent pas les codes quand ils aménagent leurs boutiques ?
Les autorités concernées sont identifiables : le Maire de Paris-centre, car il doit avoir l’œil à tout, l'Architecte des Bâtiments de France qui agit pour le compte du Ministère de la culture en donnant (ou refusant) des avis conformes, l'Adjointe au commerce à la mairie de Paris, le Directeur de l'urbanisme de la Ville, le s/Directeur du permis de construire et du paysage de la rue qui gère les demandes d'autorisations, inspecte le terrain et assure la tutelle du RLP.
Nous voulons les sensibiliser sachant que cette affaire a un caractère exemplaire et qu'elle a toutes les raisons de se reproduire ailleurs. Il est possible que la précarité que connaissent en ce moment les commerces visés par le confinement rende nos dirigeants timides face à nos demandes de clarification. Nous pensons cependant qu'il n'est jamais trop tôt pour se préparer à la sortie de la crise. Les difficultés de gestion qu'on attribue à ceux qui exercent le pouvoir ont souvent pour cause leur hésitation à regarder en face des questions sensibles comme celles-là.
GS
@ Olivier BRAVO!! Vous avez entièrement raison ! Paris ressemble de plus en plus à un chantier et la politique pro-vélo déraisonnable-à mon avis - de la mairie, ne peut pas excuser un tel enlaidissement. Cet enlaidissement est d’ailleurs la preuve que cette politique à marche forcée est déraisonnable
Rédigé par : Marie | 10 décembre 2020 à 11:51
https://www.latribunedelart.com/du-cafe-barjot-au-pont-traverse-la-disparition-du-petit-patrimoine-parisien
https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/12/08/urbanisme-hidalgo-veut-reformer-la-commission-du-vieux-paris_6062640_823448.html
Mais où va la Mairie de Paris? Le taux de participation aux dernières élections devrait être suffisamment éloquent pour rendre nos édiles plus respectueux du patrimoine des administrés, qui est une des rares choses partagée par tous.
Ce qu'on constate n'est pas pour améliorer notre morale en plus de tout le reste!
Merci à Vivre le Marais d'essayer de sauver ce qui peut encore l'être.
C'est à notre identité, qu'on touche par négligence quant on abime les témoignages du passé.
Rédigé par : Catherine II | 09 décembre 2020 à 18:54
@cemekepirketou. Uniquement cycliste dans Paris depuis 2007, j'ai exceptionnellement circulé en voiture en septembre dernier. Ces dispositions temporaires sont dangereux, et pour les voitures, et pour les cyclistes, car ils sont illisibles et de surcroit personne ne les respecte. Le fait d'être temporaires ne les empêche pas d'être très laids et de transformer Paris en chantier mal délimité. J'attends avec curiosité de connaitre la durée de ce temporaire. Certainement plusieurs années.
Rédigé par : Olivier | 07 décembre 2020 à 15:00
C'set affligeant! Non seulement on nous impose un style artistique très discutable, et on ne saurait trop comparer cette décoration de palissade à du street art (les artistes de ce nom ne me contrarierons pas!) mais de sucrait la mairie de Paris nous prouve une fois encore dans quelle anarchie elle nous entraine.
Paris devient un véritable parc d'attraction où chacun prend sa liberté à réduisant celle des autres.
Voilà une occasion donnée à Mme Hidalgo, pour prouver que son programme n'est pas qu'une fanfaronnade.
Rédigé par : Claire Silma | 07 décembre 2020 à 10:16
A Olivier ? [NDLR]. Si je vous suis totalement sur la privatisation de l'espace public, ne confondez pas ça avec la couleur règlementaire jaune du code de la route pour les dispositifs de voirie temporaires. N'essayez pas de grossir vos bonnes idées de base avec des fausses comparaisons, de surcroît qui laisseraient penser que vous n'aimez pas les pistes cyclables provisoires donc que vous n'aimez pas les vélos. Vous vous tirez une balle dans le pied.
Rédigé par : cemekepirketou | 07 décembre 2020 à 02:02
Il faut demander aux encombrants de dégager ce dépôt sauvage !
Rédigé par : Adrien | 06 décembre 2020 à 23:19
Ils ont certainement préféré taguer avant que d'autres ne le fassent à leur place. Néanmoins, une idée pour tous les copropriétaires d'immeubles avec façades,pignons, porches etc.. Fi des ravalements, des nettoyages, des couleurs imposées, etc...Vive les tags qu'ils pourront au moins faire faire à leur goût, à leurs noms (pour une mini postérité ou une grande s'ils choisissent un artiste revendiquant son droit moral - réflexion à mener). Pour ma part, je verrais bien la Vague de Hokusai sur le Porche, le Cri de Munch sur la façade droite et une création de Soulage sur la Gauche histoire de calmer un peu le jeu et de rester dans l'Histoire. Elle est pas belle la vie ? et ....la Ville bien sûr. Vive la création, vive la liberté, vive Paris.
Rédigé par : Elisabeth | 06 décembre 2020 à 22:29
C'est à désespérer !!
Que fait la maire de Paris ??
Rédigé par : Gaston | 06 décembre 2020 à 20:00
La mairie de Paris ayant annoncé que les commerces pourront également s'installer dans la rue, le combat des riverains s'annonce compliqué! De plus la question esthétique risque de ne pas émouvoir nos édiles qui s'échinent à peinturlurer les rues en jaune et à installer des plots de la même couleur tous les deux mètres dans tous les quartiers.
Rédigé par : Olivier | 06 décembre 2020 à 18:52