Portail de l'Hôtel Raoul, 6 rue Beautreillis (IVe) (Photos VlM. Clic gauche pour agrandir)
Au dernier conseil d'arrondissement de Paris-centre qui s'est tenu le 30 novembre, le Député de Paris Pacôme Rupin, élu des IVe, XIe et XIIe arrts (parties) et conseiller de Paris-centre a déposé un vœu pour la reprise par la mairie de Paris du portail de l'Hôtel Raoul, rue Beautreillis (IVe), propriété privée mais depuis longtemps en déshérence.
Le sujet était porté par Yohann Roszéwitch, Adjoint au Maire Ariel Weil en charge du patrimoine. Il a fait valoir que cet élément architectural, propriété des héritiers de l'Hôtel, a fait l'objet depuis 2015 de sollicitations diverses qui se sont toutes heurtées à des refus, à commencer par la copropriété qui l'héberge et qui aurait pu logiquement en faire l'acquisition et assumer la charge de sa restauration, de son entretien et de l'assurance.
Il a rappelé également qu'il n'a pas été éligible au "budget participatif" en 2018 et a invité ses collègues à ne pas voter le vœu en suggérant aux défenseurs du projet de se tourner vers la Fondation du Patrimoine ou à ouvrir une souscription...
Le Président du conseil syndical de l'immeuble, Michel Cribier, qui défend depuis 1992 la restauration et la mise en valeur du portail, répond en ces termes à M. Roszéwitch :
"J'ai suivi avec attention la réponse que vous avez donnée au vœu de Pacôme Rupin demandant à la Ville de Paris d'acheter pour 1 € le portail de l'Hôtel Raoul. ...... Votre réponse détaillée montre que vous avez pris le temps d'étudier ce problème et je vous en remercie.
Permettez-moi toutefois de clarifier certains points, de rectifier certaines dates et de proposer une piste quant à l'utilisation de ce portail une fois restauré.
Tout d'abord cette idée d'un achat par la Ville du portail a été émise pour la première fois par M. Christophe Girard, alors maire du IVe, en septembre 2015. En effet il a constaté la non-recevabilité du projet soumis au budget participatif de 2015 visant à sa restauration et soutenu par le conseil de quartier de l'Arsenal, puisque légalement ce portail est une propriété privée. C'est ainsi que pour faire sauter ce verrou, l'acquisition par la Ville pour un 1 € s'est imposée.
Comme vous le dites, les Architectes des Bâtiments de France ont permis la sauvegarde de ce portail, dernier vestige de l'hôtel particulier dit de Jean-Louis Raoul. ..... C'est récemment l'ABF Samanta Deruvo qui, suivant les deux avis de la Commission du Vieux Paris, s'est opposée à la demande de démolition formulée par les propriétaires.
Les coûts du ravalement évoqués dans votre intervention (350 000 €) sont très largement supérieurs aux devis que j'ai fait moi-même établir en février 2018 par des entreprises compétentes dans ce domaine (Bepox, Rym pour l'huisserie ; Marpierre, Egip pour la maçonnerie) et qui ne dépassent pas 70 000 €.
Concernant l'intérêt patrimonial soulevé par la DRAC, je pense avoir une idée un peu originale. Je propose de faire de ce portail singulier et isolé un "sémaphore historique". Tout d'abord son emplacement est au centre de ce qui fut la résidence de Charles V, l'Hôtel Saint-Paul ; or aucune plaque (type pelle Stark) ne rappelle cette demeure royale et les noms des rues du quartier (Beautreillis, des Lions, de la Cerisaie) demandent un minimum d'explication au promeneur curieux.
Avant d'être acquis par l'industriel Jean-Louis Raoul en 1810, l'hôtel a eu deux siècles d'histoire. Sa construction a débuté en 1604, 10 ans avant l'hôtel de Sully. Bien que postérieur de 10 ans à son voisin du 7 rue Beautreillis, il a été certainement un des tout premiers hôtels particuliers à se construire entre cour et jardin dans le Marais. Ironiquement, il a aussi été le dernier (je crois) à être entièrement détruit avant la loi Malraux. Un tel destin rend du coup ce dernier vestige assez unique : c'est un témoin des hauts et des bas du Marais à travers les siècles qu'il serait bon d'évoquer.
Un point sur l'attitude de notre copropriété, dont je préside le Conseil syndical. Nous avons effectivement refusé d'acquérir le portail pour un 1 € en juin 2019 après une AG assez difficile. En effet, une telle acquisition aurait impliqué non seulement une restauration à nos frais avec une répartition en proportion des millièmes sans qu'un copropriétaire plus motivé ne puisse y contribuer plus généreusement.
La Fondation du Patrimoine. Elle ne peut aider que si le propriétaire le souhaite et monte un dossier, mais l'attitude récente de ces personnes demandant une démolition montre leurs intentions.
Une souscription visant à recueillir des fonds pour aider des propriétaires fortunés sans garantie que ces sommes soient utilisées pour le portail ? Curieux.
Après cette dernière tentative infructueuse, je ne vous cache pas mon désarroi devant l'impasse où se trouve à nouveau ce dossier…"
Autre curiosité du site : "l'allégorie de la source", terre cuite de Jean-François Etienne Gossin
Va-t-on laisser ce vestige s'écrouler ? Nous pensons que la Ville de Paris ne doit pas s'y résoudre et nous insistons pour qu'elle se décide à en faire l'acquisition pour l'€ symbolique qui lui est proposé. La restauration et les coûts d'entretien sont sans commune mesure avec les dépenses qu'elle consent pour des motifs souvent moins louables. Nous continuerons à promouvoir ce projet dans l'espoir que notre Maire Ariel Weil nous en fasse un jour le cadeau, avec le soutien de Karen Taïeb, Adjointe au patrimoine auprès d'Anne Hidalgo, de Carine Rolland Adjointe à la culture et la bénédiction d'Emmanuel Grégoire, Premier adjoint en charge de l'urbanisme.
Nous invitons également le Député Pacôme Rupin à poursuivre de son côté la démarche qu'il a initiée. Ses liens avec le Parlement et le gouvernement peuvent lui ouvrir des pistes. C'est l'occasion pour lui aussi de faire la preuve de sa motivation et de son efficacité.
Gérard Simonet