Plateforme surélevée qui crée une emprise sur la chaussée et un nid à rats potentiel, pergolas formant toitures, trottoir accaparé, piétons qui slaloment entre tables et chaises et qui ne pourront plus passer quand les consommateurs seront installés. S'agit-il d'une des nombreuses terrasses estivales parisiennes ? Non, nous sommes dans une petite ville de la Méditerranée (Photo VlM)
La constatation que les terrasses éphémères ou estivales ont fleuri partout en France, dans la même forme très décriées par les résidents pour leur esthétique leur caractère invasif les embarras et nuisances sonores qu'elles génèrent, donne raison au philosophe Leibniz quand il affirme qu'il n'y a pas d'effet sans cause ou en tout cas sans raison déterminante.
Cette cause est dans la COVID et sa propagation à l'échelle mondiale au printemps 2020. Elle a eu des effets néfastes, conséquences de la quasi liberté donnée aux exploitants de bars-restaurants, pour survivre, de disposer de l'espace public à leur guise. On constate que tous les maires, quelle que soit leur couleur politique, y ont cédé. Qu'il s'agisse de Paris, de Saintes en Charente Maritime ou d'ailleurs, on a vu fleurir des terrasses improvisées de bric et de broc, dont on craint désormais à juste titre qu'elles soient là pour durer....
A Paris nous sommes très concernés. On y compte 14.000 établissements avec terrasses, dont près de la moitié ont déposé une demande de régularisation de leur extension "estivale". Paris-centre tient le haut du pavé en raison de l'attractivité du cœur historique de la capitale.
Il existe une autre cause déterminante qui pèse lourd à Paris : la volonté des Verts de l'Hôtel de Ville, soutenus par la Maire de Paris, de chasser les voitures qui roulent et stationnent dans la ville et de récupérer l'espace libéré. Avec ce slogan, qui se défend après tout : "je préfère voir des terrasses et des gens attablés que des voitures"
Chacun de ces deux sujets soulève des passions compréhensibles. "Vivre le Marais !" fidèle à son attachement à la liberté d'expression et à la neutralité politique fait sa place en toute impartialité aux opinions qui veulent s'exprimer et aux actions défensives qui respectent le droit.
En même temps nous faisons appel à la raison de chacun. Les sujets que nous affrontons sont complexes, tous à deux visages comme le Janus de la mythologie grecque "l'un tourné vers le passé l'autre vers l'avenir". L'avenir porteur d'espoirs mais de craintes, le passé rassurant mais caduc. Face à ce défi, ceux qui dirigent la cité sont condamnés à avancer, mais de façon raisonnable, dans le respect du bon sens et des lois et règlements en vigueur.
Il nous arrive de douter d'eux. Paule Mazéo et Yvon Le Gall, administrateurs de l'association ont participé à un récent "Conseil de la Nuit" animé par Frédéric Hocquard. Il s'est déclaré "à la recherche du moindre mètre carré disponible pour satisfaire toutes les demandes de projets de nuit musicaux"- dont on sait qu'ils sont forcément bruyants. Simon Bertoux, Directeur de cabinet du Préfet de police de Paris était présent. Il a entendu les invités de M. Hocquard se plaindre des réticences de la police à accorder de nouvelles autorisations... Nous espérons que son administration restera ferme à cet égard comme elle l'a été généralement dans le passé, car le niveau de saturation des établissements festifs à Paris est dépassé.
Le Tango, 13 rue au Maire (IIIe) (Photo magazine Tetu)
Il y a de bonnes raisons de se méfier. Les participants l'ont avoué : "l'été prochain sera festif et chaud !" Avec beaucoup de décibels. Une "reine de la nuit" ajoutait : "Il faut plus de 90 décibels pour que la fête commence !". On apprenait au même moment que la mairie de Paris avait décidé de racheter pour 6,5 Millions d'€ l'immeuble qui abrite "'Le Tango" rue au Maire dans le IIIe, une boite de nuit LGBTQI+ (*) style vintage qui croule sous ses dettes. Elle n'a jamais fait l'objet de plaintes des riverains mais est-ce bien le rôle de la mairie d'impliquer les contribuables dans une opération financière privée et à risques ?
Il faut que nos maires chassent les doutes qui nous habitent et apportent la preuve qu'ils sont habités par la raison. Les informations qui précèdent ne nous y portent pas et c'est dommage. Il y a pourtant chez les parisiens une volonté de se montrer réalistes et accommodants. A condition qu'on leur donne des gages...
GS
(*) LGBTQI+ : lesbian gay bi trans queer [ne sait pas] intersex... et + pour tout le reste...