Chez Bonnard : cuisine de saison et vins biologiques... (Photos VlM)
En 2000, cent pour cent (*) des commerces de cette rue étaient des boutiques de gros, de la maroquinerie surtout et de la bijouterie fantaisie, importées essentiellement de Chine. Avec ce genre de commerce, qui s'étendait aux sous-sols et aux étages, il n'était pas nécessaire de soigner la présentation des devantures et de l'intérieur.
La population ne faisait pas mystère de sa réprobation et n'hésitait pas à mettre le Maire du IIIe arrondissement sur la sellette en saisissant toutes les occasions de manifester, soutenus par une association qui avait fait de la lutte contre la mono-activité son cheval de bataille.
Le salut est venu d'Aubervilliers où deux centres d'affaires apparurent dès le début des années 2000, avec l'ouverture en 2006, par l'entrepreneur Michel Rosenberg, d'un immense pôle commercial, le Centre International France Asie (CIFA). Son idée première était d'attirer les commerces du Sentier, ce sont surtout les grossistes du Marais qui répondirent à l'appel du large !
Il s'agit bien d'un appel "du large" car les commerçants du Marais étaient évidemment à l'étroit, dans des bâtiments peu fonctionnels, et des rues étroites où les camions peinaient à assurer les livraisons. A cette époque, la migration des grossistes vers Aubervilliers commença et elle s'est poursuivie depuis jusqu'à vider la rue et les rues voisines de ce type d'activité.
Au n° 30, la "Boucherie des Gravilliers" de l'ami "Manu"
S'agissant du Maire de l'époque Pierre Aidenbaum, il n'est pas sûr qu'il ait joué un rôle déterminant dans cette mutation qui est venue fort à propos mais il est probable qu'il l'ait accompagnée volontiers car elle lui tirait une épine du pied. Rappelons cependant qu'il a pris une initiative judicieuse il y une dizaine d'années : l'inversion du sens de circulation de la rue, dont l'effet a été heureux de l'avis des riverains. Nous devons aussi porter à son crédit son intervention auprès de la SEMAEST (société d'économie mixte de la Ville de Paris) pour investir dans le local commercial qui devint par la suite la boutique d'Emmanuel Mesnil : la "Boucherie des Gravilliers", très appréciée des habitants du quartier.
Au regard des 100 % de commerces de gros, on trouve aujourd'hui de Temple à Beaubourg (tronçon Marais) les activités suivantes :
Grossiste maroquiniers : 1 ; maroquiniers détail : 3 ; grossistes bijoux fantaisie : 7 ; restauration : 13 ; commerces de bouche (boulangerie, boucherie, poissonnerie, primeurs ...) : 9 ; galeries d'art : 2 ; agence immobilière : 1 ; services (laverie, coiffeur, onglerie, tatouage, escape game) : 5 ; vaisselle mobilier : 2 ; vêtements, chaussures : 6 ; horlogerie, montres : 2 ; hôtel :1 ; produits de beauté : 3...
L'hôtel Jules & Jim au n° 11 et le restaurant gastronomique Datil au n° 13
Sous réserve d'inventaire....
Le monde d'avant à droite et à gauche celui d'aujourd'hui....
Gérard Simonet
(*) L'expression a un sens métaphorique ici. On entend en réalité que ce pourcentage était simplement "très élevé" !