La rue Saint-Merri dans le IVe alimente la chronique depuis des années. Un collectif s'est créé pour défendre la qualité de vie des habitants au voisinage de la rue Pierre au Lard. "Vivre le Marais !" lui apporte un soutien actif. Nous avons accompagné ces dernières années un couple de résidents de l'immeuble Paris-Habitat du 16 rue St Merri dont l'appartement jouxtait l'extension du WHO's, un restaurant qui organisait régulièrement des soirées bruyantes, et continue à le faire. L'un de nos protégés est décédé d'un cancer, son compagnon s'est donné la mort peu après. Il avait lancé une procédure contre le WHO's pour obtenir réparation et était en passe de réussir. Il n'a pas résisté aux souffrances physiques et morales qu'il a dû affronter.
Aujourd'hui, le collectif St Merri réagit aux dispositions que la mairie a prises ces derniers temps pour instaurer un régime particulier de circulation. Il vise à préserver l'école primaire qui s'y trouve mais se heurte à des dérives qui compliquent sérieusement la vie des riverains. Le collectif s'exprime à ce sujet dans l'article qui suit :
Ce 10 juin, on inaugurait la rue aux écoles qu’est devenue la rue Saint-Merri.
On rappelle que les principes qui président à l’instauration de ces institutions sont de « sécuriser le chemin maison-école pour les enfants, mais aussi de lutter contre la pollution » (in https://www.paris.fr/pages/57-nouvelles-rues-aux-ecoles-dans-paris-8197, même si, pour satisfaire à ce second objectif, il aurait plutôt fallu traiter en l’espèce la rue du Renard, une des voies les plus polluées de Paris au plan des gaz d’échappement).
Cependant, pourquoi avoir attendu si longtemps pour cette cérémonie puisqu’il y a près de deux ans que notre rue Saint-Merri fonctionne selon ces principes, une barrière amovible restreignant son accès pour tous les véhicules motorisés hormis ceux des secours et des services municipaux, des riverains et des livraisons ? Il est vrai que le permis d’aménager qui devait permettre en outre d’habiller l’espace aux couleurs des rues aux écoles, revêtement en enrobé clair pour la chaussée et marquages ludiques sous le parvis de l’école, n’a été octroyé qu’en juillet 2022, et sans que le revêtement en enrobé clair ait été validé par les ABF. Cet enrobé clair, peut-être plus attractif visuellement pour des enfants que l’asphalte gris sombre traditionnel, vieillit d’ailleurs très mal, comme on peut le constater sous le parvis après quelques mois d’utilisation seulement.
En tout cas, la période de « rodage » du fonctionnement de cette rue aux écoles aura surtout permis de constater que son principal intérêt n’est pas au bénéfice de l’école Saint-Merri et des enfants qui la fréquentent, mais à celui des camions de livraison. Pour les riverains qui le constatent, navrés et pour beaucoup exaspérés, notre rue aux écoles Saint-Merri est en vérité une RUE AUX CAMIONS. En effet, c’est une extraordinaire aubaine pour ces véhicules de livraison que l’implantation d’une barrière censée interdire le passage des véhicules à moteurs non autorisés ! Leurs conducteurs se targuent du fait que les livraisons sont autorisées pour pénétrer dans la rue, sous prétexte de livraisons parfois illusoires, et pour y rester souvent plusieurs heures (voir photo).
Il n’est pas rare d’observer trois à quatre camions en file indienne dans la rue, sans parler des véhicules qui stationnent en amont de la barrière fermée, parking interdit mais bien commode. Certains de ces camions servent à des livraisons dans d’autres rues (parfois jusqu’à la rue des Archives) mais on les gare rue Saint-Merri parce que le bouche-à-oreilles des camionneurs fonctionne bien, et parce qu’il est très difficile de trouver des places de parking pour les livraisons dans le centre de Paris.
Les conséquences de l’appropriation de la chaussée par ces camions ? L’impossibilité des riverains motorisés d’accéder à leurs parkings, bien sûr, et celle des artisans excédés de ne pouvoir atteindre leurs chantiers, mais aussi la dangerosité qu’entraîne cette occupation de la largeur quasi-totale de la chaussée. Les bicyclettes, les trottinettes et les deux-roues motorisées (qui se moquent bien des interdictions) se faufilent sans visibilité entre ces mastodontes, risquant de percuter les piétons qui utilisent le droit de marcher sur la chaussée que leur confère la piétonisation. On ne saurait trop conseiller aux enfants de remonter sur le trottoir traditionnellement consacré à l’usage des seuls piétons (quoique…) !
Nous dénonçons cet effet pervers depuis deux ans à la Mairie de Paris-Centre, qui n’a jamais reconnu ses responsabilités. Tout ce que les élus et les fonctionnaires municipaux régulièrement avertis, par mail ou SMS illustrés de photos, ont consenti à faire a été d’organiser des rencontres avec le gérant de la galerie Joseph - livré régulièrement il est vrai, et qui promettait de mieux contrôler ses livraisons. Mais le problème est beaucoup plus vaste, comme nous l’avons exposé, et les risques d’accident très sérieux.
Que convient-il de faire ? Le même article cité plus haut affiche clairement la solution retenue par la municipalité : « Quand des accès à des parkings riverains ou d’importants besoins en livraison empêchent la fermeture de la voie, les voies sont piétonnisées sans mise en place de barrières. Dans ce cas, seuls certains véhicules peuvent y circuler à la vitesse du pas : accès à des parkings situés dans la voie, livraisons pour des commerces situés dans la voie… Les piétons sont prioritaires sur l’intégralité de la voie. » C’est exactement le cas de figure de la rue Saint-Merri : accès à leurs parkings pour les riverains et importants besoins de livraison. Ici, non seulement la fermeture de la voie n’est donc pas justifiée, mais la présence de la barrière a induit un effet pervers insupportable et dangereux pour les usagers de la rue : riverains motorisés et piétons eux-mêmes.
Sans la barrière, les livreurs ne se comporteraient pas en terrain conquis ! Quand l’enlèvera-t-on ?
En tout état de cause, barrière ou pas, la durée des arrêts pour livraisons est règlementée : « elle ne doit pas excéder 30 minutes. Cette durée est contrôlée au moyen d’un disque de stationnement qui doit être placé derrière le pare-brise. » (arrêté préfectoral du 9 août 2016). Il faudrait ad minima faire respecter cette réglementation.
Nadine Colombel
Porte-parole collectif Saint-Merri / Pierre au lard