Réunion du 21 novembre 2007 en mairie du IIIe. Autour du Maire, une partie de son conseil municipal, le Directeur de la Voirie de la Ville de Paris et ses Adjoints et le Directeur de la Protection du Public de la Préfecture de Police.
La salle des mariages était pleine pour cette séance d'annonce, par Pierre Aidenbaum, de ses propositions pour l'établissement dans ce secteur du IIIe, d'une coexistence pacifique entre les riverains et les quelque 280 (source APUR) grossistes-importateurs de maroquinerie et bijoux fantaisie.
Fidèle à son habitude, Pierre Aidenbaum est remonté au Déluge pour rappeler les mesures déjà prises, notamment le réaménagement de la rue Beaubourg, qu'on doit à la persévérance de l'association des Gravilliers et à sa présidente Martine Burgos.
Puis nous avons entendu M. Jean-Louis Amat, Directeur du B.E.R.P. ( Protection des Etablissements Recevant du Public), qui s'est exprimé sur la sécurité incendie. Ce qu'il nous a dit est très important : le seuil de 50 m² qui figure dans l'arrêté préfectoral de février 1998 pour la déclaration des locaux de stockage et leur mise en conformité a été supprimé. TOUT local doit être maintenant déclaré. Le montant de l'amende pour non conformité est passé de trois francs six sous à 3.750 €, de quoi dissuader ceux qui avaient pris l'habitude de traiter ces amendes à la légère.
Il a cédé la parole ensuite à Mme Laval, déléguée de l'association des commerçants A.C.E.A. qui, dès le début de cette année, a compris qu'elle obtiendrait le statu quo sur les conditions de travail dans le quartier si elle offrait au Maire une ligne de défense vis à vis des riverains, majoritairement demandeurs de changements importants de réglementation et de voirie.
L'A.C.E.A a imaginé une "charte", dite "de convivialité", qui propose simplement aux commerçants qui voudront bien adhérer, de faire des efforts pour respecter le code de la route (arrêt des stationnements en pleine voie), de réserver leurs livraisons au créneau horaire 8h00-22h00, de limiter les arrêts à 30 minutes maximum (ce qu'exige déjà le code "marchandises" de Paris Arrêté n° 2006-130 du 13/12/2006 pour application depuis le 1er juillet 2007), et d'accepter quelques dispositions concernant la gestion des cartons.
Le seul point qui retient notre intérêt concerne les enseignes et devantures. On sait à quel point les règles du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur ) du Marais sont malmenées dans un environnement où règne l'anarchie. L'A.C.E.A. se propose de remettre à ses adhérents une notice qui les guide dans leur démarche de création ou de rénovation de devantures en leur précisant qu'une demande d'autorisation de travaux est nécessaire auprès de la Direction de l'Urbanisme de la Ville. Nous avions offert au Maire de disposer gratuitement du document que nous avons édité il y a plus d'un an à ce propos, sous le contrôle des Bâtiments de France et de la Direction de l'Urbanisme de Paris reglementation devantures.pdf , mais il a préféré confier ce travail à l'Atelier Local d'Urbanisme, une association du IIIe, tout à fait compétente au demeurant, mais dont l'énergie aurait pu être utilisée ailleurs, par exemple dans le recensement des magasins en infraction.
L'A.C.E.A. recommande également à ses membres de ne rien stocker dans les caves et de respecter, ce qui coule de source, le droit du travail.
On a le droit de sourire devant tant de naïveté et chacun comprendra que nous n'ayons pas voulu associer notre signature à cette démarche. Nous la considérons néanmoins comme un élément positif sur la voie d'une pacification des relations entre commerçants et riverains, dans la mesure où un rappel des règles, auprès de gens qui quelques fois les ignorent tout simplement, n'est pas totalement inutile. Il reste que la loi s'impose à tous et qu'il n'est nul besoin de signer des chartes pour y être soumis.
A ce stade de la réunion, une commerçante grossiste en maroquinerie est intervenue pour dire au Maire que 150 d'entre eux lui avaient adressé une pétition au début de l'année annonçant qu'ils étaient d'accord pour partir "sans indemnisation" pour peu que la municipalité "les y aide". P. Aidenbaum n'a pas semblé se souvenir de cette demande mais se déclare prêt à recevoir les demandeurs. Cette interruption nous laisse tous perplexes, d'autant plus qu'elle formalise une dissidence de taille avec la précédente association qui se veut représentative.
On en vient enfin au morceau de choix de cette réunion, les aménagements de voirie susceptibles de ramener l'ordre dans le quartier.
Pour faire simple, on dira que l'ordre c'est pour nous l'impossibilité qui devrait être faite aux camions de livrer en stationnant durablement en pleine voie. On sait les vacarmes de klaxons qui s'ensuivent. Tant que les pouvoirs publics, à l'échelle nationale, n'auront pas compris qu'il faut ôter des mains des conducteurs cet organe dont ils usent inconsidérément pour rendre la vie de leurs compatriotes insupportable, il faut au minimum créer des conditions de circulation qui n'incitent pas à y avoir recours. On sait aussi que l'arrêt en pleine voie est synonyme de blocage de rues et de secteurs entiers. Le carrefour Temple-Michel le Comte, devant le gymnase, en est l'archétype.
Nos propositions visaient ces objectifs. Notamment la fermeture à la circulation (sauf pompiers) du tronçon de la rue du Temple entre Michel le Comte et Montmorency.
Le Maire nous dit qu'il a retenu cinq de nos propositions sur six. Nous lui laissons la responsabilité de ce décompte : il a surtout retenu ce qui avantage les commerces (places de livraisons supplémentaires) et un certain adoucissement de la circulation dans Montmorency, Chapon et Gravilliers, mais la rue du Temple reste un axe de transit et les cause de blocage du carrefour sont toujours là car il a déclaré ne pas vouloir y remédier "pour des raisons politiques".
Pour des raisons politiques visiblement opposées, les Verts, par la bouche de François Longérinas, Maire-Adjoint d'arrondissement et Laurence Hugues, tête de liste Verts pour les prochaines élections municipales, soutiennent qu'il faut des mesures comme celles que nous proposons pour que la circulation, notamment de transit, baisse significativement dans les arrondissements du centre de Paris.
Toujours sur des bases politiques, Blandine Blanchet-Bardon, conseillère UMP dans le IIIe, intervient pour dire qu'il n'est pas admissible, comme le propose Pierre Aidenbaum, que la norme de 10 mètres de long pour les camions soit retenue pour ce secteur.
Pierre Aidenbaum conclut en résumant ses propositions :
(a) interdiction des livraisons la nuit et le week-end
(b) camions limités à 10 mètres de longueur de plateau
(c) Chapon et Montmorency en "zone 15 km/h"
(d) Gravilliers : circulation interdite sauf riverains (NB : les commerçants sont des riverains aussi). Inversion du sens de circulation de la rue (pour désengorger le sud du quartier)
(e) création de plages horaires de livraisons, soit 10h00-16-00 soit deux plages une le matin et l'autre l'après-midi
(f) aires de livraisons supplémentaires rue du Temple
C'est donc le programme de Pierre Aidenbaum. Il prévoit une mise en place rapide et une période d'expérimentation de trois mois. Il n'exclut pas d'étudier, par la suite et après référendum, une limitation de circulation pour l'ensemble du quartier, contrôlée par des plots.
Le résultat est mince mais il n'est pas nul. Celui qui fait figure de favori dans la course à la mairie du IIIe se doit d'être prudent car il pourrait bien se trouver bientôt en situation d'assumer ses choix. Ses concurrents courent un risque moindre. Ils ont intérêt à écouter la vox populi et recueillir un soutien aussi large que possible pour que rien ne se fasse sans eux.
Il nous paraît évident, en tout cas, que ce dossier pèsera d'un poids appréciable dans la campagne qui commence.
Post scriptum du 24 novembre : les Verts s'expriment sur le sujet sur le blog de François Longérinas