Nous avons publié cette photo en septembre 2006 pour souligner à quel point il est choquant que des commerçants mal inspirés portent atteinte au patrimoine du Marais. Il s'agit ici d'un immeuble à façade Louis XV avec baies cintrées, porte cochère et linteau d'origine, situé au n° 81 de la rue du Temple (IIIe).
Rappelons que les devantures et enseignes sont réglementées par le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) du Marais, mais une prescription de trois ans sur les travaux effectués retire à la Mairie de Paris et aux Bâtiments de France toute possibilité d'agir sur les réalisations anciennes. Ils doivent attendre, pour intervenir, un changement d'enseigne, ou des travaux de rénovation. De même et paradoxalement, quand un immeuble est enjoint de ravaler sa façade, les commerces ne sont pas visés.
Justement, le magasin de gauche, grossiste en maroquinerie (qui n'est pourtant pas le pire), a décidé récemment de refaire sa devanture, sans changer pour autant d'enseigne. Voici le résultat :
Incontestablement il est désormais moins laid que ses voisins d'immeuble. Le caisson externe a été retiré. L'enseigne est discrète. Est-il pour autant conforme au règlement du Marais ? pas sûr !
Une fois de plus, les travaux ont été effectués sans autorisation. Les commerçants se défendent en protestant "qu'il faut faire des papiers" et que c'est compliqué. Nous l'avons souligné dans nos analyses de la gestion quotidienne du PSMV dans les deux arrondissements du Marais : les mairies d'arrondissements sont malheureusement passives à cet égard. Elles auraient besoin d'adopter une attitude plus dynamique face aux commerces, les informer de leurs obligations, veiller aux travaux qu'elles entreprennent et les aider dans leurs démarches.
Avant les élections municipales, la Maire du IVe, Dominique Bertinotti, nous avait assurés qu'elle créerait une structure pour le suivi de ces dossiers Voir lettre. Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum avait engagé une négociation avec une association de commerçants pour la signature d'une "charte" de bonne conduite. Ces intentions, pour le moment, n'ont pas été suivies d'effet.
Il y a en France une centaine de secteurs sauvegardés. Les municipalités qui en ont un, le considèrent généralement comme un atout pour leur développement et font tout pour en assurer la promotion. A titre d'exemple, voyez le site de la mairie de Pézenas secteur sauvegardé de Pézenas.
Revenons chez nous, dans l'affaire qui nous occupe, la Direction de l'Urbanisme (paysage de la rue) de la Mairie de Paris, va faire son constat, demandera l'avis de l'Architecte des Bâtiments de France, et réclamera vraisemblablement un dossier de régularisation. Il est possible qu'elle exige des modifications car les travaux n'ont pas été exécutés, semble-t-il, dans les règles de l'art (voir notre site Internet réglementation enseignes et devantures). On sait dans ce cas, par expérience, qu'il faut des mois ou des années pour que les choses rentrent dans l'ordre quand elles ne restent pas tout simplement en l'état.
La révision du PSMV, dont les travaux sont lancés, devrait intégrer cette problématique car il ne sert à rien de sauvegarder le Marais si l'anarchie se perpétue dans l'esthétique des commerces, qui en sont la vitrine aux yeux des passants.
Mots-clés : PSMV, plan sauvegarde mise en valeur Marais, grossistes, devantures, enseignes, Temple
Merci de votre réponse.
Quel est le fondement ou la justification de cette prescription de 3 ans ??? Elle n'a pas de sens puisqu'elle conduit concrètement à l'impunité des gens les moins respectueux des autres.
Je ne pense pas que les caissons discgracieux qui défigurent un quartier censé être "préservé" aient vocation à devenir des pigeonniers du fait de leur décrépitude avancée.
De plus, vous imaginez sans mal que lorsqu'il pleut, ces caissons sont un formidable réservoir d'humidité qui se répercute par capillarité sur l'immeuble lui-même...
Dès lors, je ne pense pas qu'il puisse y avoir une prescription de 3 ans opposable, lorsque le mauvais état d'une devanture engendre une dégradation de l'immeuble sur laquelle elle s'adosse.
Donc, est-il question de supprimer cette règle ou de l'aménager ? Il le faudrait à mon sens...
Rédigé par : Cath | 13 février 2009 à 12:46
Réponse à Catherine,
S'agissant des pigeons, la mairie de Paris a commencé à installer des pigeonniers dans lesquels les oeufs sont rendus stériles. Il y a quand même des âmes sensibles qui s'élèvent contre cette mesure de santé publique. Ou qui trouvent les pigeonniers disgracieux.
S'agissant des volets, nous avons expliqué qu'il existe une prescription de trois ans qui empêche toute intervention sur des installations anciennes. S'il s'agit de réalisations récentes, la mairie et les ABF réagissent mais la justice ne suit pas toujours. Il faut qu'à l'occasion de la révision du PSMV, la procédure soit rendue plus efficace.
VlM
Rédigé par : Vivre le Marais ! | 11 février 2009 à 19:27
Je me permets d'ajouter une petite remarque. Je pense que comme moi, beaucoup de gens ont pu remarquer la multiplication des pigeons dans les rues du 3ème arrondissement. Généralement, ceux-ci vous réveillent de leurs roucoulements vers les 6 heures du matin... Force est de constater que s'il se multiplient ainsi dans notre quartier, c'est parce que les caissons extérieurs des grossistes, souvent délabrés, leur offrent un abris idéal. Ce n'est satisfaisant ni en termes d'hygiène, ni en termes de bruit. Savez-vous quand une mesure autoritaire sera enfin prise pour faire démonter, sous astreinte, les caissons de volets roulants extérieurs ? Ou à l'inverse pourquoi tant de laxisme ? Merci.
Rédigé par : Cath | 11 février 2009 à 12:33
L'autre jour, j'ai été profondément choquée en empruntant la rue de Montmorency... En face de la belle Maison de Nicolas Flamel, un volet métallique était entrouvert. Une porte de devanture crasseuse était entrouverte. On distinguait derrière cette porte entrebâillée un local d'une soixante de m2 dans lequel était empilés des centaines de cartons.
A l'heure où les logements sont rares, où des gens dorment dans le froid, comment peut-on accepter que des surfaces entières, dans d'innombrables rues, soient utilisées à des fins de stockage de cartons. Enfin, je rejoins les avis émis précédemment, il n'est plus acceptable que les Bâtiments de France enquiquinent les copropriétaires des immeubles, mais soient si laxistes envers les commerçants qui défigurent tout...
Rédigé par : Catherine | 02 février 2009 à 13:53
Ce dernier commentaire illustre bien le sujet que nous avons voulu traiter. Une précision toutefois, le rôle des ABF dans les secteurs sauvegardés (et sur les sites inscrits) n'est pas modifié par les dispositions qui concernent les ZPPAUP. Ils font un travail considérable dans le Marais, malgré le peu de moyens dont ils disposent et leur jugement, même s'il est contesté ici ou là, est celui d'un professionnel. C'est grâce à eux qu'en dépit de toutes les difficultés que nous connaîssons, le Marais est devenu si fascinant aux yeux des français et des touristes du monde entier.
VlM
Rédigé par : Vivre le Marais ! | 30 janvier 2009 à 09:00
Nous sommes en train de ravaler notre façade - réfection très coûteuse car notre immeuble enferme la tour de l'enceinte du Prieuré Saint Martin et nous voulons avoir une façade en rapport avec ce patrimoine médiéval. Malheureusement la devanture du magasin Gedimat n'est pas concernée. Nous allons refaire des corniches, des modénatures autour des fenêtres mais le rez-de-chaussée restera hideux (venez voir rue Bailly). Nous venons de nous rendre compte que les Architectes des Bâtiments de France ne servent strictement à rien sauf à embêter les copropriétaires (on doit vérifier le profil des tuiles invisibles sauf par les oiseaux mais la devanture ne les intéresse pas). La suppression de leurs pouvoirs nous parait donc une bonne décision, vu qu'ils ne font rien pour mettre en valeur notre patrimoine.
Rédigé par : lapin | 29 janvier 2009 à 19:47
Réponse à Catherine :
Les portions dont vous parlez ne sont effectivement pas dans le PSMV. IL fallait bien tracer une limite ....
Mais elles pourraient y venir à l'issue de la révision.
VlM
Rédigé par : Vivre le Marais ! | 29 janvier 2009 à 16:04
Merci de l'information ; l'enseigne Parlux qui défigure la façade du 64 rue du Temple aurait trouvée sa place dans l'article.
Rédigé par : constance | 29 janvier 2009 à 16:01
Merci. Tout cela va dans le bon sens. Les caissons et volets roulants extérieurs (taggés) devrient enfin cesser d'être tolérés. C'est une très bonne chose.
Une question, qu'en est-il de la partie non couverte par le PSMV de la rue de gravilliers et la rue Chapon. Rien ne peut être fait pour ces zones ? D'ailleurs, pouquoi ne sont-elles pas dans le PSMV ?
Merci
Rédigé par : Cath | 29 janvier 2009 à 15:53