Vestiges du passé et réalisations d'aujourd'hui se côtoient sur l'esplanade du Centre Georges Pompidou, que son caractère piétonnier expose au meilleur et au pire. La Maire du IVe, Dominique Bertinotti, s'adresse aux habitants du quartier pour avoir leur avis sur leur qualité de vie et attend de leur part des idées pour des aménagements à venir.
A cet effet, une réunion s'est tenue en mairie le 4 février, dans la salle des fêtes qui a accueilli une cinquantaine de personnes : élus, habitants, commerçants et leurs associations. "Vivre le Marais !" était là.
On a retrouvé la méthodologie à laquelle la Maire semble attachée : laisser les gens s'exprimer, reformuler, arbitrer puis mettre en oeuvre des décisions si le débat a été fructueux.
Les participants se sont exprimés. Ils condamnent en vrac, la laideur de la piscine et l'école Saint Merri, le danger pour les enfants et parents de circuler aux abords, l'état de la fontaine Stravinski - certains se demandent si l'auteur du "sacre" ne méritait pas mieux qu'un décor de pacotille - (une dame nous disait : moi je l'aime car j'ai un faible pour les raffineries de pétrole), le caractère "cloaque" des rues Saint Bon et des Juges Conseils, dépotoirs et urinoirs du quartier, l'invasion des terrasses au détriment de l'espace piétons ....
Quelques satisfecits aussi : le plateau Beaubourg est plus propre, il y a moins de tags sur les tuyaux ... mais toujours trop sur les murs.
Des commentaires appuyés ont critiqué la rue des Lombards ... de nuit, comme dit ce jeune homme qui considère qu'il n'y a plus de temps pour dormir, entre la fermeture tardive des bars et l'ouverture aux aurores de ceux qui prennent le relais. Mais aussi la rue du Temple, qui est devenue le temple de la vie nocturne, qui ne gênerait personne si elle n'était pas troublée par les vociférations de ceux qui ont abusé de la bouteille et de ceux (peut-être, hélas, les mêmes) qui démarrent en trombe à moto.
Les associations de commerçants, en particulier Gérard Siad, président du SNEG (syndicat national des entreprises gay), ont défendu leurs affiliés en affirmant qu'ils garantissent par leur présence la sécurité. Il n'ont pas tort. L'existence d'une vie nocturne dissuade une certaine délinquance. Au prix de la tranquillité des riverains. Il est légitime pour eux, toutefois, de revendiquer tranquillité et sécurité à la fois.
Les commerçants peuvent déclarer aussi avec raison que l'économie profite de l'activité, voire de l'hyperactivité ambiantes. Tout est affaire de mesure. Un quartier vivant est un quartier d'habitants. Si les habitants s'en vont parce que l'agitation les en chasse, l'arrondissement devient un parc de visiteurs, ou de touristes, à l'image de l'île enchantée de Pinocchio dont on se rappelle le triste sort qu'elle réservait à ses adeptes.
Carlo Collodi, à sa manière, était un philosophe. Les images puériles mais très fortes qu'il nous a laissées doivent inspirer nos élus. A notre avis, la situation actuelle n'est pas irréversible et nous sommes convaincus que personne n'entend tuer la poule aux oeufs d'or. C'est le sens des propos de M. Siad lorsqu'il nous assure que ses mandants sont obsédés par le souci d'être agréables à la population. Il suffirait qu'on en perçoive un tant soit peu les effets pour en être convaincus et avancer ensemble sur la voie d'une coexistence harmonieuse.
Mots-clés : quartier Saint-Merri, espace Beaubourg, Dominique Bertinotti, qualité de vie, bars de nuit Marais
J'ai évoqué en fin de réunion, outre l'aspect esthétique de l'école et le centre sportif St-Merri, le véritable problème de santé publique que pose cet ensemble : sortie de tunnel routier sur-fréquenté à la porte de l'école et du centre sportif et, plus particulièrement pour la piscine, ventilations défectueuses (fortes odeurs de gaz brûlés et de tabac dans le bassin et les vestiaires de la piscine), pas ou peu d'eau chaude dans les douches, vestiaires froids (ils ne sont pas isolés de l'entrée et de ses courants d'air), eau du bassin trop froide (25 à 26° la plupart du temps, au lieu de 28°); j'ajouterai, comme je l'ai déjà précisé à Madame la Maire et à son cabinet peu avant les dernières élections municipales, que l'entretien est très approximatif (le personnel semble pourtant nombreux),et que nombre de jeunes femmes se plaignent de l'absence de portes pour isoler les douches...
Rédigé par : Monique Bernardon-Fontaine | 10 mars 2009 à 12:14
Toujours aussi intéressé par votre chronique. Il y a un moment que je ne suis pas passé devant la fontaine Stravinski. Je ne savais d’ailleurs pas qu’elle s’appelait ainsi. Pour moi, c’est le beau nom de Niki de Saint Phalle qui y est attaché, auquel il faut ajouter celui de Jean Tinguely, son mari. On peut aussi parler d’une fontaine des automates. D’après votre photo, ces surprenantes machines sont en panne, le bassin à l’abandon. C’est bien cela qu’il faut dénoncer. J’ai trouvé sur la toile une photo prise sous le même angle que la vôtre, mais à une époque où cette « installation » fonctionnait et créait une atmosphère réjouissante. Si ses couleurs vives ont pu heurter certains (mais certainement pas autant que celles de Jeff Koons, l’an dernier, au château de Versailles), elles participaient d’une sorte de kermesse médiévale sur le parvis de Saint-Merri, avec en outre un évident clin d’œil musical (si l’on peut dire) en direction des trouvailles désarticulées de Stravinski et autres inspirateurs de l’IRCAM voisin. On peut aussi noter sur cette photo que le problème des murs tagués avait été anticipé – et résolu – par la grâce d’une efficace vigne vierge malheureusement disparue aujourd’hui.
Bien sincèrement,
Philippe Haeringer
PS : nous parlions de musique et je prends conscience de la récurrence d’un son de couleur vive (justement) qui enveloppe cette place avec ces référents tutélaires : Stravinski, Niki, Tinguely, Saint Merri… Il y avait aussi Aubry (le boucher) et la rue Brisemiche !
Rédigé par : Philippe Haeringer | 25 février 2009 à 08:51
Quelle tristesse de voir sur votre photo l'état déplorable de la fontaine Stravinsky. Cela ne devrait pourtant pas couter si cher de la rénover (quel est le budget de Paris plage ?). Curieusement les terrasses aux abords de la Fontaine ne me dérangent pas... Les jours ensoleillés, elles offrent une vue agréable sur le musée Pompidou le temps d'un verre. Je suis d'avantage choquée dans le quartier par la multiplication des kebabs, pizzas rapides, centres de tatouages, qui donnent un peu une mauvaise image à ce fantastique et dynamique quartier.
Rédigé par : Cath | 11 février 2009 à 12:26