Avec sa façade majestueuse, sa cour d'honneur ceinte d'une galerie supportée par des couples de colonnes doriques dont la hauteur va crescendo, en allant vers le portail, pour compenser la légère déclivité du sol, l'hôtel de Soubise abrite les archives nationales, ainsi que le musée de l'histoire de France.
On y accède par un imposant portail au 60 de la rue des Francs-Bourgeois (IIIe, à la charnière avec le IVe). On le doit à l'architecte Pierre-Alexis Delamair, dont c'est le chef-d'oeuvre incontestable. Construit à partir de 1705, pour le compte de François de Rohan-Soubise et sa femme Anne Chabot de Rohan, il intègre sur sa partie ouest l'ancien hôtel de Clisson (puis de Guise) dont il a conservé le portail et les tourelles, visibles depuis la rue des Archives, à hauteur de la rue de Braque.
L'une des deux fontaines publiques du quartier fut absorbée dans cette réalisation. L'autre subsista, à l'angle Archives-Haudriettes. Légèrement déplacée au moment de l'édification des immeubles de rapport qui existent aujourd'hui, elle offre au regard un joli bas-relief de naïade signé Philippe Mignot.
Parallèlement à la réalisation de ce qu'on peut bien qualifier de palais, Delamair entreprit pour le compte de Arnaud de Rohan, un autre fils de François de Soubise, la construction de l'hôtel qui porte son nom (célébré en particulier pour ses magnifiques boiseries) et qui ouvre sur la rue Vieille du Temple. Entre les deux on trouve des jardins qui ont été à une époque accessibles au public et dont les habitants du Marais ne désespèrent pas un jour de retrouver l'usage .
L'hôtel de Soubise est devenu inadapté à la conservation des archives nationales, deux cents ans après la décision de les implanter sur ce site. Leur transfert partiel est programmé en direction de Pierrefitte-sur-Seine. Qu'en sera-t-il du musée de l'histoire de France ?
C'est là que débute la rumeur. Selon certains, qui s'expriment sur un blog, le musée présente une exposition jusqu'au 15 juin : "les archives nationales se racontent, 1808-2008" qui préfigure sa fermeture, en guise d'adieu, puisque aucune autre manifestation n'est prévue après.
"C'est une ineptie", rétorque une source proche du conservateur du musée, "juste après le démontage de l'exposition sur le bicentenaire, une nouvelle exposition, "Cycle de l'histoire de Psyché", ouvrira une semaine après et pour trois mois. Une autre lui succèdera d'octobre 2009 à janvier 2010, pour laquelle les services des Archives Nationales sont à pied d'oeuvre".
Et de préciser en outre à propos de "Lire en fête", que les mêmes commentateurs déclarent condamnée, qu'on "a bien le temps d'y penser puisque c'est en octobre".
Non sans perfidie, les oiseaux de mauvais augure font remarquer que le poste de conservateur est vacant et qu'aucun remplaçant n'a été nommé, ce qui laisse penser que la fonction est condamnée. "Faux", nous répond l'entourage du conservateur, "il y a plusieurs candidats de grand talent mais la commission qui statuera se réunit le 7 avril. C'est à cette date que l'identité du nouveau responsable du département de l'action culturelle et éducative des Archives Nationales sera connu".
Il faut rappeler, par ailleurs, qu'une mission a été confiée à Jean-Pierre Rioux sur ce que devrait devenir le futur musée de l'Histoire de France.
On est donc loin d'un enterrement. On peut se demander qui a intérêt à jeter un doute sur l'institution prestigieuse qu'est ce musée et sur son avenir. Est-ce l'expression de frustrations internes, de tentatives de déstabilisation à caractère politique, ou bien la traduction d'une forme de malaise qui agite son personnel et alimente des craintes pour son avenir ?
Les évènements nous le diront. C'est en tout cas l'occasion de dire, au nom des citoyens de Paris et d'ailleurs, notre attachement à l'histoire de France et à tout ce qui s'y rattache.
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Nous ne passons pas devant le COX au mêmes heures. Il est exceptionnel que les clients "débordent" sur le trottoir, comme c'est la coutume dans les pubs et bars à bière de Londres, sans que cela n'offusque personne. A Paris, depuis que le tabac est interdit dans les bars et débits de boisson, les consommateurs des établissements de Montmartre, Montparnasse et d'ailleurs "débordent" sur le trottoir sans que cela émeuve particulièrement les riverains. Je crains malheureusement que votre obssession récurrente du COX, vos insinuations, mises engarde, procès d'intention et critiques, ne soient une forme d'homophobie rampante. Je vous recommande la lecture du dernier numéro de "Têtu" sur les nouvelles formes d'homophobie qui sont aussi punies par la loi.
Rédigé par : de Ladevèze | 06 mai 2009 à 15:43
Merci de cette article et de ces mises au point. Je m'étonne de ce que vous ne disiez pas un mot de la sinistre caisse rouge qui depuis des mois défigure la perspective sur la façade de l'hôtel de Soubise. Je suppose qu'il s'agit d'une oeuvre d'art, peut-être même d'une oeuvre "à message". Placée comme elle est c'est avant tout une horreur. Est-ce que les maîtres des lieux (de ces lieux publics) n'ont pas d'yeux pour voir ? Quand je pense aux milliers de visiteurs qui n'auront jamais la chance de voir l'hôtel de Soubise dans sa splendeur, et en emporteront une image abîmée par cette verrue...
Rédigé par : nicolas75004 | 26 mars 2009 à 23:21
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre article sur l'hôtel de Soubise. Comme vous le savez les archives nationales sont stockées au CARAN mais aussi à Vincennes pour le Ministère de la Défense,
au Quai d'Orsay pour l'histoire diplomatique, à Roubaix pour le monde du travail et les entreprises, et à Aix en Provence pour l'Outre mer, pour ne citer que les principaux sites. Le quadrilatère Soubise Rohan est saturé
et le projet de construction à Pierreffite-sur Seine permettra de regrouper 200 kms linéaires d'archives avec un classement un peu plus rationnel. Certes Pierrefitte est plus difficile d'accès que le CARAN mais la numérisation
en cours permettra aux chercheurs et généalogistes de faire beaucoup de recherches sur leur ordinateur (Le programme de travail de 2009 prévoit le microfilmage de 300,000 pages et la numérisation de 2,5 millions de pages).
Et puis le Musée de l'histoire de France , les appartements du Prince et de la Princesse de Soubise, ceux du Prince et de la Princesse de Rohan devraient être mis en valeur et attirer beaucoup plus de visiteurs.
Enfin le superbe et vaste jardin qui se trouve entre les deux palais devrait être à nouveau ouvert au public. Vous le rappelez, mais sans attendre un déménagement qui va prendre des années, je trouve qu'il faudrait entamer une nouvelle action pour
ouvrir cet espace vert à la population. Je ne vois pas quels sont les risques encourus par les précieux documents historiques . Le Caran est bien protégé. La Cour d'honneur de l'hôtel de Soubise pourrait continuer à être réservée aux
visiteurs et aux expositions
Rédigé par : Jean M. | 26 mars 2009 à 17:56
Limiter les Archives Nationales au seul hôtel de Soubise est réducteur. La superficie actuelle des Archives est d'environ 3 ha et il y a des magasins en hauteur et en sous-sol, et si une partie des fonds quitte le Marais, ce n'est pas à cause d'une inadaptation des locaux, puisqu'ils ont été construits pour conserver des archives, mais en raison de la saturation du site et de celui de Fontainebleau.
Rédigé par : claude | 26 mars 2009 à 09:58