Les deux mairies du IIIe et du IVe ont inscrit dans leur programme pour la mandature, le réaménagement de la rue Rambuteau. On parle aussi de "requalification". De quoi s'agit-il ? d'améliorer la situation actuelle. En quoi n'est-elle pas satisfaisante ? (Cliquez dans l'image pour l'agrandir. Un deuxième clic l'affiche en plein écran).
Afin d'éclairer ceux qui auront à décider, des groupes de travail se constituent au sein des conseils des quartiers concernés : Sainte-Avoye pour le IIIe et Saint Merri pour le IVe. Il faudra naturellement que la jonction se fasse car chacun sait que la rue est partagée le long de son axe entre les deux arrondissements. Pour le moment, les volontaires se cherchent et ne se sont pas encore trouvés.
Il faudra aussi que des échanges aient lieu entre les riverains et les commerçants. Il existe heureusement une "association des commerçants de la rue Rambuteau", dont le président, Manuel Munoz, tient le prestigieux traiteur du 33 de la rue (IVe).
Enfin, le sujet n'a pas encore été sérieusement abordé, mais il faut décider où s'exercera la volonté de revoir cette rue. Il nous semblerait raisonnable de se limiter au tronçon Archives-Beaubourg, car au-delà nous entrons dans "l'espace Beaubourg", pour finir aux Halles, en passant par le secteur semi-piétonier Saint-Martin- Sébastopol, qui relève de traitements d'une tout autre nature, que nous n'avons pas la prétention d'aborder ici.
Il ne faut pas s'y méprendre : notre analyse ne vise pas à stigmatiser les commerces. En tant que riverains, nous avons un grand attachement à leur présence et aux services qu'ils rendent. Nos commentaires sur le partage de l'espace public ne sont là que pour obtenir de la Mairie de Paris des modifications de voirie qui permettent aux commerçants de disposer en toute légalité de terrasses et d'étals sur les trottoirs, sans pour autant pousser les piétons vers la chaussée.
Les critiques que nous formulons sur certaines devantures et enseignes, non conformes aux dispositions du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais nous paraissent doublement légitimes. Elles ne font que rappeler la loi en la matière et nous considérons qu'un effort des commerçants pour être en règle et améliorer l'esthétique de leurs magasins en accroît la fréquentation et ne peut qu'améliorer leurs affaires.
Nous avons relevé neuf anomalies. Toutes peuvent être corrigées. Certaines au prix d'un investissement de voirie que la Mairie de Paris semble prête à faire (avec nos impôts, naturellement), d'autres sous réserve de la bonne volonté des commerçants et la conscience de leur intérêt bien compris. Ce que le secteur sauvegardé leur apporte mérite que des efforts soient faits pour le mettre en valeur.
Voici les neuf erreurs :
- Stationnement strictement interdit (avec "enlèvement demandé") devant les 2-4-6 de la rue (IIIe). Peu respecté. Pourquoi ne pas créer des places de livraison supplémentaires le long de la voie, en veillant à sécuriser le passage du bus 29 ?
- Profusion de graffitis sous la voûte du passage Ste Avoye, visibles depuis la rue et sur l'accès à la crèche, côté Rambuteau et côté Temple. En attendant la réfection des voûtes qui semble nécessaire, les copropriétés concernées pourraient peut-être donner un coup de badigeon sur les parois, de façon à supprimer l'effet détestable qu'ils provoquent.
- Le salon de coiffure "Space Hair", au n° 8 (IIIe), a défrayé la chronique à son ouverture avec ses couleurs "criardes" et sa sono envahissante. Depuis, il s'est rangé des voitures. Sa devanture et son enseigne ont de la classe et sa musique s'est fait plus discrète. On se demande alors pourquoi il conserve comme un vestige de la préhistoire, son enseigne en drapeau en forme de demi lune, aux couleurs anciennes et en infraction par sa position et sa taille.
- Le restaurant "Le Bouledogue", au n° 20 (IIIe), fait partie des endroits les plus branchés du secteur. Sa carte est excellente. Il veut sa terrasse, comme tout le monde. Puisque la largeur du trottoir n'est pas suffisante, il le colonise complètement à l'heure des repas et le piéton fait comme il peut. Un trottoir plus large à cet endroit permettrait sans doute de donner satisfaction à tout le monde. Rappelons que la largeur minimum pour les piétons est de 1,60 mètre.
- La supérette Franprix, au n°26 (IIIe), rend bien des services, mais est-elle obligée de nous infliger une enseigne aussi agressive et une devanture aussi laide ? Elle est en tout cas en infraction aux règles du PSMV. Certes il y a prescription, mais une pression amicale de la Ville et la prise de conscience du gérant qu'il a tout à y gagner devraient avoir raison d'une situation qui est peu satisfaisante pour l'environnement.
- "Les Halles du Marais", au n°31 (IVe), dispose d'un étalage qui va un peu au-delà de l'emprise réglementaire. Tout rentrerait dans l'ordre avec un recalibrage de la chaussée au profit des trottoirs pairs et impairs.
- C'est encore plus vrai de la boucherie "Provins", juste à côté (IVe). On voit sur la photo que deux personnes passent difficilement de front.
- On voudrait célébrer le fleuriste du n° 15 (IVe) car on a besoin de fleurs et de végétation dans notre univers trop minéral. Mais lui aussi envahit le trottoir et rejette les passants contre les voitures et motos en stationnement.
- La palme va au restaurant "Mandarin Rambuteau" (IVe) dont les enseignes cumulent toutes les infractions possibles (lettres hors normes et agressives, enseigne perpendiculaire sur toute la hauteur du premier étage et trop grande, tubes néon). Il est décevant et même choquant de constater qu'il n'a pas envisagé un instant de se mettre en règle et en harmonie avec le cadre architectural alors que l'immeuble était ravalé.
Cet inventaire n'a pas la prétention d'être exhaustif. Mais si une bonne partie des anomalies signalées (et pourquoi pas toutes ?) étaient corrigées, la rue Rambuteau, dans cette partie de son parcours, gagnerait en élégance et en confort pour les usagers. Pour réussir la transformation, on peut compter sur le professionnalisme des agents de la voirie et du paysage de la rue (direction de l'urbanisme), mais il faudra aussi que l'appropriation par les mairies du concept de secteur sauvegardé se concrétise par des démarches visant à convaincre quand on ne peut pas imposer.
Mots-clés : rue Rambuteau, réaménagement, occupation espace public, terrasses de bars, PSMV, Marais