Pour que cette vue d'une rue du centre de Paris reste une caricature et une exception, la Mairie de Paris s'emploie actuellement à refondre le règlement de la Ville en matière de terrasses et étalages.
"Vivre Paris !", réseau d'associations de riverains dont "Vivre le Marais !" fait partie, travaille depuis plusieurs mois sur le dossier. Peu de temps avant les vacances, un projet portant sa signature a été envoyé à la Direction de l'Urbanisme et du Paysage de la Rue pour faire valoir un point de vue soucieux de préserver l'accès et l'usage de l'espace public aux habitants et favoriser leurs déplacements.
La Direction de l'Urbanisme nous a adressé un "avant-projet" début août. Elle attend de nous des observations avant le 20 septembre. "Vivre Paris !" fera part dans les temps de sa position officielle. Dans l'immédiat, on peut formuler quelques commentaires "à chaud".
La démarche de la Mairie de Paris montre qu'elle souhaite un échange avec nous, et nous nous y prêterons volontiers. Le signal est positif mais plusieurs dispositions du projet nous inquiètent, en l'état. Si le passage réservé aux piétons reste bien 1,60 mètre avant le premier obstacle, de nombreuses exceptions qui n'existaient pas précédemment font leur apparition, en matière notamment de contre étalages et contre terrasses permanents.
On voit même apparaître la possibilité de "terrasses fermées en zones piétonnes". Quant à la règle : un tiers pour la terrasse et deux tiers pour les piétons, elle semble s'être tout bonnement évaporée.
A travers cette ébauche, le Maire de Paris donne à première vue le sentiment de vouloir quelque peu sacrifier les habitants de sa ville aux appétits des commerçants. Leurs demandes de terrasses ont déjà bondi en un an de 37%. Les abus aux autorisations en vigueur sont fréquents et nous les dénonçons régulièrement. Croire que l'élargissement de ce qui est, rappelons le, une tolérance et non pas un droit, conduise les exploitants à se plier de gaîté de coeur aux nouvelles règles, témoignerait d'une naïveté dont nous ne croyons pas la municipalité capable.
Après l'échec de la concertation sur la transformation des Halles et l'atmosphère délétère qui en résulte, nous croyons qu'il y a dans cette affaire l'opportunité de prendre un meilleur chemin et de réconcilier les parisiens avec leurs élus. Il faudra pour cela écouter nos arguments et, de façon raisonnable, faire en sorte que la mouture 2010 du règlement ne consacre pas une régression de la qualité de vie à Paris.