Fête de la musique 2010, rue du Temple (IVe). "il faudra que la fête de la musique retrouve sa véritable vocation". Christophe Girard, élu du IVe, Maire-Adjoint chargé de la Culture, Mairie de Paris.
Ces "états généraux de la nuit" se tiendront les 12 et 13 novembre à l'Hôtel de Ville. Un "comité de pilotage" a été constitué en juillet. Une série d'ateliers se seront penchés entre temps sur des thèmes variés : médiation, culture, transports, réglementation etc .... Nous avons participé, au nom de "Vivre Paris !", aux ateliers "médiation" et "culture de la nuit".
Mao Péninou, Adjoint chargé de la qualité des services municipaux, s'est vu charger de l'organisation de ces "états généraux". Il a retenu trois thèmes, "la nuit qui fait la fête, la nuit qui dort, la nuit qui travaille". Cette proposition nous a paru sincère et pertinente.
Le comité de pilotage s'est tenu le 8 juillet. On a découvert alors sa composition. Perplexité de notre part : des associations "de circonstance", créées tout récemment, siégeaient avec nous. Pour avoir droit au chapitre, nous avions constitué "Vivre Paris !", en réunissant des associations qui ont pignon sur rue depuis plusieurs années. D'autres ne sont pas donné cette peine. Simples émanations d'intérêts marchands locaux, elles ont été retenues d'office, dans un premier round dont nous étions absents. On mettra cette approche sur le compte de la précipitation des organisateurs. Ils ont pris le risque de jeter un doute sur l'objectivité de leur démarche.
Tout aussi surprenante, l'absence d'objectifs explicites pour ces "états généraux" et de processus pour réglementer le déroulement des discussions et la prise de décisions éventuelles. Mao Péninou semble, a priori, se contenter de la perspective que ces "états généraux" débouchent sur des orientations générales à long terme. Pourquoi pas ? Il se pourrait que chacun y trouve finalement son compte.
Le premier atelier, consacré à la médiation a semblé consensuel. On a suggéré la création de cellules dédiées à cette tâche. Mais sur ce sujet, le consensus est plus apparent que réel. Pour les habitants, la médiation doit s'exercer à l'apparition d'un problème, le bruit d'un établissement par exemple. Pour les professionnels de la nuit, la médiation est attendue pour adoucir l'application de sanctions. Evidemment, les habitants n'en veulent pas dans cette acception-là. Ils ont déjà tellement de mal à obtenir des sanctions qu'ils admettraient mal qu'elles puissent être différées ou atténuées.
Le dernier atelier était consacré à la culture. Il a été ouvert par Christophe Girard, adjoint au Maire de Paris pour la Culture. Christophe Girard pétille d'intelligence et d'humour. Cet égaré en politique a su incarner la culture à Paris dans ce qu'elle a de plus large, dans l'espace, dans le temps et dans la forme. Autant dire qu'il considère que la culture doit vivre la nuit comme le jour. Il est d'ailleurs l'inventeur de la "nuit blanche", tout comme Jack Lang a été l'inventeur de la "fête de la musique".
Il a fait passer dans sa courte introduction le message que les activités de nuit doivent rester respectueuses de la tranquillité des riverains. Détail important, la nuit pour lui (comme pour nous) commence au coucher du soleil. Elle englobe donc tous les spectacles traditionnels qui nous sont familiers : cinéma, théâtre, concerts, restaurants, dîners en ville, conférences, expositions, discothèques et ne se définit pas uniquement comme la nuit des nignt-clubs qui commence à deux heures du matin pour aller au-delà du lever du jour.
Dans ce contexte, y a-t-il un déficit de culture dans les nuits parisienne ? Son adjointe a répondu par la négative en donnant une série de statistiques de fréquentation à Paris et en province qui montrent, avec des rapports de 1 à 100, la domination écrasante de la capitale. Cette donnée, associée au fait que Paris est la ville la plus visitée au monde et une des plus dense en habitants, milite fortement pour une déconcentration de la culture vers la périphérie de Paris pour commencer et vers la province ensuite. Le projet de "grand Paris" ou "Paris métropole" arrive à point nommé. Cessons de raisonner sur Paris intra muros - et a fortiori Paris centre historique -, et décentralisons la culture.
L'assistance s'est efforcée de définir ce qu'elle entend par "culture". On a vu tout de suite l'enjeu : la distraction, le divertissement, appartiennent-ils au domaine de la culture ? Pour certains, le mixage de trois disques par un DJ qui crée une ambiance, en fait partie. C'est naturellement la voie ouverte "au tout et n'importe quoi" mais l'assemblée, avec sagesse et de façon unanime, s'est défaussée d'un combat stérile en optant pour une définition sans frontière de la culture. Après tout, les huit notes monodiques de la musique de "touche pas au grisbi", trônent sans complexes au panthéon des chefs-d'oeuvre aux côtés des "variations Goldberg".
L'intérêt de ne pas cloisonner la culture, c'est aussi d'y faire entrer des populations de jeunes par une porte, quelqu'étroite qu'elle soit, en leur permettant ensuite de circuler en s'enrichissant à l'intérieur. Chacun suivant son inclination pourra trouver la forme de son choix dans un parcours individuel d'initiation.
Il faut ajouter à ce "rapport d'étape" que les discussions se déroulent dans une atmosphère amicale avec des gens qui privilégient l'argument à l'invective. C'est donc une occasion pour ceux qui se sont toujours croisés sans se parler, en s'insultant quelques fois, de se rencontrer enfin et de se connaître. On découvre alors qu'il n'y a pas que des exploitants avides et des riverains grincheux.
Pour que votre voix soit entendue dans ce débat, rejoignez l'association. Comment ? Cliquer ICI