François Dagnaud dans son bureau de l'Hôtel de Ville, entouré de membres de son cabinet et de représentants de "Vivre Paris !" (photo G. Simonet, "Vivre le Marais !")
Le sort a paru s'acharner sur Paris ces derniers mois. Il y a eu des grèves, cinq semaines de conflits sociaux liés à la réforme des retraites, puis la vague de froid sur la France (on ne nettoie pas quand il gèle, pour ne pas créer de verglas) et là-dessus, toujours plus de monde à Paris. François Dagnaud rappelle que Paris est la capitale européenne la plus dense et qu'il est difficile de maintenir propre une ville sous forte affluence.
Tiens, tiens, avons nous répondu. Il y a eu à la Mairie de Paris une vaste campagne avec "états généraux" à la clé pour réveiller Paris censé "se mourir". C'est naturellement M. Dagnaud qui a raison. Ayons le courage de dire qu'il y a trop de monde à Paris et qu'il est de plus en plus urgent de rééquilibrer l'activité et l'habitat entre la ville intra muros et sa couronne.
Des Chiens et de leurs Maitres
Passé ce préambule, nous en sommes venus au détail. A tout seigneur tout honneur, ils font depuis longtemps la Une : les chiens et leurs crottes. Le consensus ambiant pointe une recrudescence. Il y a pourtant eu 2.506 PV en 2010, en croissance annuelle de 16% depuis 2008, se défend François Dagnaud. C'est plus significatif dans les arrondissements du centre avec une croissance annuelle de 26 %. Bon, mais le nombre de déjections visibles sur la chaussée est-il corrélé à la quantité de PV dressés ? Débat qui ne convainc pas : les déjections sont bel et bien là alors qu'elles avaient - presque - disparu.
Conclusion que partage notre interlocuteur : il faut réinitialiser le cycle bien connu, information- avertissement-sanction. Une sanction que le parlement vient curieusement d'adoucir au point de la rendre indolore : l'amende passe de 183 € à 35 €. Catastrophe ? Pas forcément. A ce niveau, les inspecteurs seront moins timorés pour sortir leur carnet à souche. Ajoutons que la population elle-même, qui déplore le comportement incivique des propriétaires de chiens, presque criminel car beaucoup de chutes se produisent à cause d'eux, se doit d'être attentive et peser par son regard, par son intervention, sur ceux qu'elle prend en flagrant délit. On n'est pas des policiers, mais on est des citoyens !
Des tags et autres graffiti
Nous avons déclenché l'alarme par notre article du 4 mars. Le contrat entre la Ville et ses sous-traitants pour l'enlèvement des tags est interrompu. François Dagnaud s'en est expliqué : la vacance n'est que provisoire. On respire ! Camille Montacié, Première Adjointe au Maire du IIIe et Présidente à l'Hôtel de Ville de la Commission des Marchés Publics nous explique en détails ce qui s'est passé : des péripéties dans la procédure d'appel d'offres, un recours, une annulation, prolongation des contrats avec les titulaires actuels, Korrigan et STOP GRAF.
Résulat : un service chaotique depuis quelques semaines, l'arrêt total depuis le 28 février. La bonne nouvelle : il y a maintenant un nouveau titulaire, HTP, qui est chargé de l'ensemble de Paris et il débute ses prestations le 21 mars. Guettez donc à cette date l'amélioration du paysage de la rue, pour ceux notamment comme les riverains du musée Picasso qui dénoncent une véritable invasion de signes cabalistiques sur leurs murs. Il est vrai que Picasso peut susciter des vocations chez ces petits génies qui ne savent pas qu'avant de jouer avec la plastique des personnes et des objets, Picasso avait été un maitre accompli dans l'art de dessiner et de peindre.
D'ici le 21 mars, date où un numéro d'appel spécial nous aura été communiqué, pour les habitants des Ie,IIe, IIIe et IVe arrondissements, il convient d'appeler les services de la propreté de Paris au 01 55 34 77 17, qui feront, nous dit-on, ce qu'ils peuvent. Dans les autres arrondissements, faire le 3975
Des coffres des bouquinistes des quais de la Seine
Depuis notre intervention qui remonte tout de même deux ans en arrière, une partie de ces coffres a été nettoyée. Nous avons insisté auprès de M. Dagnaud pour que l'essai soit transformé, ce qui veut dire : mise à niveau de tous les coffres et assurance d'une maintenance active. Nous avons compris que le contrat avec HTP comportait une extension dans ce sens.
Des flyers, ou "imprimés publicitaires"
Qui aurait pu suspecter qu'empêcher des gens sans gêne, qui se permettraient un jour impunément de recouvrir les véhicules en stationnement de prospectus racoleurs, relèverait de la quadrature du cercle ? C'est pourtant bien une réalité que vivent les gens du Marais, surtout du jeudi au dimanche soir, autour des quatre branches de la sainte Croix de la Bretonnerie, un carrefour qui n'en peut plus de porter la sienne.
En effet, l'affichage sauvage est passible de lourdes sanctions (250 € par site, avec recouvrement d'office) mais il concerne les immeubles .... et pas les meubles, auxquels sont assimilés les véhicules. Il faut donc un changement du code de l'environnement, mais attention, il ne s'agit pas d'un bouleversement, un seul mot à ajouter à l'article L 581-24. "Biens immeubles" doit être complété par "ou biens meubles".
Il a fallu pour en arriver là que se crée un groupe de travail Mairie-Préfecture de Police, dont François Dagnaud a été le pilote. Un voeu avait été voté à l'unanimité à ce sujet au conseil de Paris en 2009. Nous sommes en 2011. En date du 1er mars, François Dagnaud a écrit aux sénateurs pour qu'un projet de loi soit déposé dans ce sens. Il serait incongru qu'un consensus droite/gauche ne se manifeste pas à cette occasion, au Sénat mais aussi à l'Assemblée Nationale. Il va sans dire que "Vivre Paris !" soutient cette proposition et le fera savoir aux autorités concernées.
Du mobilier urbain et de son entretien
François Dagnaud en est convenu, le sentiment de propreté ou de saleté est largement conditionné par l'état du mobilier urbain et son entretien. Il concerne : les boites aux lettres, les bancs publics, les cabines téléphoniques (quand va-t-on se décider à les supprimer ?), les parcmètres, les jardinières de fleurs, les armoires de contrôle des feux de circulation, les boitiers de commande de l'éclairage public .... Tout ce matériel est en piteux état. L'entretien n'incombe pas toujours à la Ville mais la Ville doit se sentir concernée et intervenir, directement quand c'est de son ressort, auprès des responsables quand ce n'est pas de sa juridiction.
Autres sujets
Martine Blatin, au nom de "Vivre Paris !" est intervenue pour dénoncer la situation de l'esplanade sous le Palais de Tokyo", qui est devenue un WC à ciel ouvert (va-t-on l'appeler bientôt "Quartier Latrine" ?) envahi lui aussi de tags. Paris, première destination touristique du monde, ne peut pas accepter qu'un site aussi prestigieux (et d'ailleurs un site quel qu'il soit) soit transformé en écurie. M. Dagnaud a promis une intervention.
Philippe Jacquinot, au nom de "Quartier Latin Passionnément" a posé par notre bouche la question des nouveaux "trous d'arbres" où les grilles ont disparu pour laisser place à un tertre dont l'état est encore pire. François Dagnaud en a pris note.
Laurent Jeannin-Naltet s'est s'interrogé sur la décision de la Ville de Paris de lancer un appel d'offres pour autoriser des commerces ambulants sur les seize sites les plus prestigieux de Paris. Il a souligné que ce projet ne faciliterait pas la tâche des services de la propreté de Paris, sans parler évidemment de l'impact esthétique déplorable qu'on peut en attendre. Réaction viscérale mais légitime de "Vivre Paris !" : "mais qu'est-ce qu'il leur a pris ?"
Intéressé par l'association : Cliquer ICI
Post-scriptum du 9 mars 2011 : commentaire de François Dagnaud en réponse à notre article
Cher Monsieur Simonet,
Je fais suite à notre entretien d’hier dont je vous remercie. J’ai pris connaissance avec grand intérêt du compte rendu mis en ligne sur votre blog. Je souhaite que ces éléments puissent éclairer vos adhérents sur l’action de la Ville de Paris pour améliorer la propreté et plus généralement, la qualité de l’espace public. Je vous livre quelques informations complémentaires, sur des points évoqués ensemble hier.
L’entretien et le dégraffitage des kiosques de bouquinistes incombent en premier lieu à ces derniers. En cas de dégradation avérée par graffitis, et après injonction de la Ville de Paris, les bouquinistes disposent de 2 mois pour remettre en peinture leur matériel, à leur frais. A ma demande, le nouveau marché de d’enlèvement des graffitis de la Ville de Paris prévoit effectivement l’intervention du prestataire de dégraffitage. Cette procédure ne peut être engagée que sur demande des services municipaux, et dans l’hypothèse d’une défaillance préalable des bouquinistes.
Je souhaite par ailleurs répondre au signalement de Mme Blatin sur l’état de propreté de l’esplanade du Palais de Tokyo. Je vous prie de bien vouloir lui communiquer les informations suivantes.
L’amélioration de la qualité de l’espace public du secteur fait l’objet d’un dialogue complexe entre la Ville de Paris – propriétaire du Musée d’Art moderne – et le Ministère de la Culture – propriétaire du Palais de Tokyo. En outre, le parvis est particulièrement difficile à entretenir en raison de la vétusté des pierres et des difficultés d’accès au bassin. Devant l’inaction du Ministère, la Ville de Paris a récemment et provisoirement pris en charge la globalité du nettoiement du secteur. Les services municipaux de la propreté ont installé une douzaine de corbeilles, vidées quotidiennement. Ils assurent un balayage quotidien complet et font procéder aux désaffichage et dégraffitage environ 2 fois par mois, hors palissades de chantier. Ces dernières opérations à l’eau sont toutefois suspendues en période de gel, afin de privilégier la sécurité des usagers du site. Enfin les agents municipaux s’efforcent de retirer les détritus jetés dans le bassin central. La qualité de ces prestations est malheureusement limitée en période automnale de chute de feuilles.
En prévision de la rénovation prochaine des bâtiments et du parvis du Palais de Tokyo prévue par l’Etat, la Ville de Paris vient d’engager un dialogue avec le ministère de la Culture afin de clarifier les modalités techniques et financières d’entretien du parvis. La Ville de Paris souhaite que cette réflexion aboutisse à la signature d’une convention attribuant le nettoiement aux services municipaux et la réfection globale du parvis à l’Etat.
Restant à votre écoute, je vous prie de croire, cher Monsieur, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
François Dagnaud
Vous dites que mon propos est excessif. Je ne vois pas en quoi il l'est. J'ai simplement indiqué, qu'à mon sens, Paris était devenue une des villes les plus sales d'Europe ("grandes villes" aurais-je du préciser). C'est mon opinion et je la maintien. Car cela me semble, malheureusement, correspondre à la réalité. Je ne peux que regretter cela.
Il se trouve que de par mon métier je suis amenée à voyager beaucoup en Europe. Lors de mes déplacements je n'ai pas encore trouvé une ville plus sale que Paris, si ce n'est Naples et, dans une moindre mesure, Barcelone.
En réalité, à Paris il y a vraiment une propreté à deux vitesses. Certains arrondissements font en effet l'objet de soins particuliers. D'autres(3ème, 9ème, 10ème, 11ème, 12ème, 18ème, 19ème et 20ème), pour une raison que j'ignore, ne présentent pas un niveau de propreté acceptable dans une ville de premier plan qui veut rayonner et attirer les touristes (pensez aux pauvres touristes japonais qui hallucinent littéralement de voir une situation aussi dégradée).
C'est donc un avis tout à fait honnête d'une habitante du 3ème arrondissement. Je n'ai pas de raison de caresser la municipalité dans le sens du poil face à une situation que je trouve inacceptable.
Discutez un petit peu avec des étrangers. Vous constaterez qu'ils sont pour la plupart horrifiés par le niveau de saleté excessif: cabines France Telecom délabrées, odeurs d'urine, tags, carton sur les trottoirs, flyers, et j'en passe.
Si vous trouvez mon propos excessif je pourrais mettre en ligne quelques photos de rues à Paris qui, vraisemblablement, ne sont pas lavée très souvent (3 petits coups de balai ne suffisent pas).
Rédigé par : Catherine | 14 mars 2011 à 20:18
Mon message est excessif. Oui, car je suis excédé. Venez admirer la montagne d'ordures qui s'accumule contre une baraque de chantier face à 34-36 rue Réaumur et que personne n'enlève. Allez voir les tas d'ordures sous l'échangeur de la porte de Bagnolet. Ou sous les bretelles de la porte de Bercy. Si vous ne voulez pas vous déplacer, je vous enverrai des photos. Oui, je suis excessif car Mr X responsable de la propreté est venu, à ma demande, dans ma rue pour constater la saleté. Il a trouvé que la rue était très propre et il a trouvé juste un ticket de métro sur une bouche d'égouts. Désolé, mais je suis écœuré car Paris est vraiment l'une des villes les plus sales d'Europe. Mes amis étrangers qui viennent régulièrement en sont carrément choqués. Réveillez-vous!
Rédigé par : André | 13 mars 2011 à 21:48
VLM ne dit pas qui est l'auteur de cette pensée à méditer. Cela pourrait être Neville Chamberlain en réponse à Churchill.
Rédigé par : Jean Coret | 13 mars 2011 à 12:38
Réponse de "Vivre le Marais !" à "André"
Votre texte a été publié, car il est argumenté sans recourir à l'offense. Il est simplement excessif.
A propos de notre supposée "complaisance", méditez cette pensée : "la radicalité est le chemin le plus direct vers l'isolement"
VlM
Rédigé par : Vivre le Marais ! | 13 mars 2011 à 10:38
Il m'arrive régulièrement de ramasser les ordures dans ma rue. Même de la balayer entièrement (par exemple il y a deux ans après le passage de la technoparade). Je lave régulièrement le trottoir devant notre porte qui sert d'urinoir (et je ne suis pas gardien). Mais je ne peux pas enlever les tas des gravats déposés sur la chaussée et j'appelle la direction de la propreté qui me répond que c'est n'est pas à eux de les enlever car les gravats doivent être déposés dans une décharge! Je ne peux pas non plus enlever une vieille baignoire qui trône sur une place de stationnement durant des semaines. Je me permets de vous dire que votre pression courtoise relève de la complaisance. La liberté d'expression sera-t-elle appliqué cette fois-ci à mon commentaire, comme à celui de Catherine avec qui je suis entièrement d'accord car je voyage beaucoup et je rarement vu une ville aussi sale que Paris actuellement?
PS D'autres quartiers sont encore plus sales que le 3ème. Je vous conseille de faire un tour dans le 11ème, côté rue Desargues transformée en décharge perpétuelle...
Rédigé par : André | 12 mars 2011 à 14:39
Le commentaire de Catherine est peut-être exessif. Je n'ai pas visité toutes les capitales d'Europe et je ne me prononce pas. Par contre je constate que VLM offre à la municipalité des arguments pour botter en touche. S'il est vrai que chacun doit être irréprochable et ne pas polluer, c'est aller un peu loin que de demander que chacun se tranforme en agent bénévole d'entretien.
Rédigé par : Jean Coret | 12 mars 2011 à 08:19
Réponse de Vivre le Marais au commentaire de Catherine :
Vos déclarations sont excessives. Nous publions quand même votre message car nous sommes pour la liberté d'expression.
Nous ne sommes pas là pour défendre la Ville mais pour faire avancer les dossiers. Dire que "Paris est une des villes les plus sales d'Europe" est inexact.
Nous, habitants de Paris, devons commencer à nous prendre en mains ! Combien d'entre nous ramassent un plastique qui traine par terre ? On connait la réponse : "ça n'est pas à moi de le faire !" Ah oui, alors ne vous plaignez pas. Ne pas salir, c'est la première des obligations, s'impliquer activement en est une autre. La propreté est un objectif difficile qui ne peut être atteint que par la mobilisation des gens de bonne volonté.
Ceci dit, vous le voyez bien, nous maintenons une pression courtoise sur les responsables à la Mairie de Paris pour qu'ils sentent bien le poids de notre jugement à l'égard de leur travail
Vivre le Marais !
Rédigé par : Vivre le Marais ! | 11 mars 2011 à 20:04
En quelques années Paris est devenue une des villes les plus sales d'Europe. Je ne vois que Naples qui puisse être qualifiée de plus sale encore. Quel malaise.
Le manque de propreté que je constate chaque jour me révolte. Pire que ça, c'est un sentiment de honte qui m'envahit vis-à-vis des étrangers et des touristes.
Le pire c'est qu'il y a à Paris une propreté à deux vitesses. Les 6ème, 8ème et 16ème arrondissements sont plutôt propres. Alors que certaines rues du 3ème arrondissement sont une infection. Chaque jour je remonte la rue Bourg-l'Abbé qui pue la pisse, où les papiers gras et flyers s'entassent dans les caniveaux presque jamais nettoyés.
Qu'a fait la municipalité pendant toutes ces années ?
Comment peut-on accepter cela. Il faudrait des sanction exemplaires contre ceux qui urinent dans nos rues, taggent les volets roulants et les murs, contre ceux qui distribuent des flyers.
Il faut juste du courage et une volonté politique. Bougez-vous ! Et pas juste quelques mois avant les élections.
Pourquoi n'interdit-on pas les flyers. pourquoi accepte-t-on l'installation de volets roulants extérieurs qui (en plus d'être laids) sont un support idéal pour les taggeurs.
Je pense que niveau saleté on a vraiment dépassé le seuil de tolérance à Paris.
Rédigé par : Catherine | 11 mars 2011 à 19:09
paris est une honte niveau propretee, les lampadaires pas netoyes ce qui rend des vitres opaques donc l eclairage diminue surtout le long des champs elysee,ampoules pas remplaces, poubelles debordantes pas vides, papiers plastiques le longs des trotoirs etc... j ai honte de ma ville qui etait la plus belle du monde il y a 40 ans dite la ville lumiere, c est bien fini, je voyage beaucoup et quand je reviens a Paris j ai vraiment honte de l etat de notre ville ;
Rédigé par : Patrice | 10 mars 2011 à 13:02
Voilà qui nous change des informations aseptisées distillées par les mairies dans les réunions ou sur leurs bulletins d'information. On a d'un côté une association d'habitants qui sait de quoi elle parle et de l'autre un élu, responsable d'une fonction importante de la Ville, qui leur répond sans les infantiliser avec du concret, sans langue de bois, avec des informations précises. Pour moi, c'est ça la démocratie de proximité bien comprise.
Antoine
Rédigé par : antoine | 09 mars 2011 à 21:07
;...
Quelques enseignements d’ailleurs :
La tolérance zéro n’est pas une mauvaise chose
dans le sens où elle peut sanctionner la mauvaise volonté ( trop fréquente)
l’indifférence aux règlements (largement répandue) et pire, la passion de nuire
(le fait d’une minorité hélas très active)
A Singapour, où il est strictement interdit de jeter le moindre papier, fût-ce un confetti, par terre, sous peine d’une lourde amende et en tous les cas d’une réprobation unanime; il est en revanche obligatoire de vider par terre son cendrier contenant des épluchures de cacahuètes ; où cela ? Dans un des bars à l’étage du plus célèbre des hôtels du crû, le Raffle’s ; Interdit de ne pas salir et de transformer les lieux en une étable. Il faut croire que le besoin de se laisser aller correspond à un certain atavisme.
Parmi les suggestions, provocatrices j’en conviens, il faudrait ouvrir quelques lieux (privés) à proprement parler transformés en temples de l’esprit de salir parallèlement au durcissement de la réglementation et surtout de son application. Remarquez qu’il y a déjà quelques débits de boissons avec ou sans backrooms où l’hygiène n’est pas le souci premier et qui pourraient très bien remplir ce rôle sans trop de difficultés…
A Bangkok, la ville était vraiment fort sale et c’est loin d’atteindre aujourd’hui l’inquiétante perfection Singapourienne, mais la décision d’un Gouverneur courageux de menacer d’amendes avec affichage des montants dus, a transformé le paysage en peu de temps. Une armada de nettoyeurs avec réel pilotage et travail en damier assorti à un chapitre construit de surveiller et punir donne vraiment des RESULTATS…
La chasse aux tags suscite un réel consensus mais les modalités ne sont peut-être pas appropriés : des TIG, des travaux d’intérêt général de nettoyage (encadrés) pourraient être mis en œuvre avec profit… à condition toutefois d’éviter de mettre les rares successeurs de Jérôme Ménager ou Miss tic aux travaux forcés…
La chasse au caviar de chien a moins bonne presse (une journaliste de Libé avait en son temps calculé que le coût du ramassage des déjections canines par une caninette -quelle inventivité verbale ; mieux que le vélib !- faisait ressortir le kilo au dessus du prix du caviar de qualité ordinaire…) ; là ce ne sont pas des jeunes excités, souvent extérieurs au quartier et même à la ville, mais des personnes souvent plus âgées, parfois en difficulté, et qui pour la plupart sont sur ce qu’il convient d’appeler leur territoire (comme le chien) et sont des électeurs potentiels donc (amendes à la carte …). Oui avant on avait mis des amendes si élevées qu’on se demande si ce n’était pas fait pour ne pas avoir à les infliger sauf cas extrême….ou pour financer les agents chargés de cette triste besogne…
La chasse aux papiers chiffons, abandonnés souvent par des acheteuses/acheteurs adeptes de moyens de transport plus compacts n’est pas pratiqué à toutes les saisons ; il faut bien que les commerçants vivent. Les grossistes encombrent les rues et les détaillants salissent les trottoirs par client(e)s interposées.
Heureusement, ce sont des boutiques de luxe et pas des soldeurs à la Tati ; là tout le monde changeait de sac dès la sortie du magasin et abandonnait la preuve de l’achat trop bon marché in situ. Dans le Marais, le chic nous sauverait presque si l’on peut dire
mais au fond l’essentiel (devrait) repose(r) sur le civisme, le respect mutuel et l’attention mutuelle des citoyens
plus que sur des informations et des prestations payantes
C’est là que le bas blesse…
Chacun a ses bonnes raisons de ne pas donner suite aux prescriptions élémentaires de bonne conduite : la personne âgée dont un animal, hélas, est la principale compagnie et source de joie aura peur que son chien se fasse heurter dans le caniveau ou aura peur de se baisser pour ramasser …le tagueur a une attirance particulière pour les lieux historiques, cela inspire ; ah l’impasse du centre culturel suisse….et son assassinat célèbre…. Et pour les acheteurs, on paye si cher que l’on peut s’en donner à cœur joie et ne pas rechercher plus avant une poubelle plus ou moins design. Quant aux touristes, tout détritus appelle le suivant suivant l’enchaînement en boucle de la négligence et de l’indifférence. Ils font en partie vivre le quartier (des affaires) alors on ne va pas trop les brusquer.
Le plus important c’est l’éducation et la mobilisation citoyenne avec l’appui réel, sans faiblir, des édiles, des règlements, des forces de police … et de nettoyage…
Merci de ne pas oublier d’en parler ou d’afficher dans les écoles, les centres de formation, les magasins …..
Rédigé par : Michel T | 09 mars 2011 à 17:10
La première fois que je suis arrivé à NYC, par bateau, c'était en 1959 et c'était dégueu, sauf l'upper east side bien sûr. Traverser Central Park la nuit était dangereux, on y risquait sa vie. Dans les années 70 et 80 des tags partout. Les wagons du métro en étaient entièrement recouverts. Puis il y a eu Rudy et la tolérance zéro. Cela s'est un peu dégradé ces temps ci. Peut être parce qu'il n'est plus maire, même si Bloomberg n'est pas mal. Il suffit donc à nos édiles d'aller voir comment Rudy a fait.
Rédigé par : Jean Coret | 09 mars 2011 à 14:41
J'ai pris il y a 2 jours un taxi (oh, la nantie!) qui m'a expliqué que M. Chirac avait été "le meilleur maire de Paris". Et pourquoi? ai-je demandé. "Parce qu'alors Paris était propre!" Personnellement, depuis plus de soixante ans que j'y vis (oh, la mémée!) je n'ai pas le souvenir d'avoir jamais vu Paris propre. Toutes sortes de raisons peuvent être évoquées ou sont apparues au cours des années:Trop dense, trop de chiens,trop de poubelles au bord du trottoir, graffiti et tags, clochards puis SDF au milieu de leurs pauvres biens matériels, terrasses non nettoyées, fumeurs et leurs mégots, fêtards et leurs vomissures ou tout simplement gens mal élevés qui laissent tomber leurs emballages ou leurs déchets.
Et pourtant, que d'efforts faits par les municipalités qui se sont succédé : nous avons connu les motocrottes et leur trompe aspirante; les aspirateurs à mégots qui rasent les trottoirs dans un bruit assourdissant; les poubelles de rue de plus en plus nombreuses, d'abord opaques puis transparentes pour qu'on puisse voir les bombes y déposées(merci Ben Laden); les balayages journaliers; les campagnes de propreté de quartier; les amendes; les badigeonnages consciencieux de tags; et j'en passe. Et pourtant Paris est toujours un peu sale, pas net...
N'est-ce pas parce que Paris est une ville vivante?
Pour autant, ne baissons pas les bras, efforçons nous de la garder propre ou de la rendre moins sale, et maintenons, comme vous le faites, une saine pression sur ceux qui nous administrent.
Rédigé par : Marie-Anne Stoeber | 09 mars 2011 à 14:08