Façades sur cour du couvent de la Merci restauré, 45 rue des Archives (IIIe)
En passant devant son grand portail laqué rouge à fronton, face à l'hôtel de Clisson des Archives Nationales, rue des Archives, on ne voit rien de ce bâtiment signé Pierre-François Godot qui abritait au XVIIIème siècle le "couvent de la Merci". Cette institution, dont les origines remontent au XIIIème siècle, avait été fondée pour le rachat et l'accueil des chrétiens pris en otages par les maures et réduits à l'esclavage (le mot "merci" est ici utilisé dans son sens de "miséricorde").
Le style est sobre et énergique. Les ouvertures sont nombreuses et leur taille diminue progressivement en allant vers les étages élevés. Au sommet de la construction, on peut lire ces mots gravés dans un cartouche de marbre noir : "Les religieux de la Merci, ou de N-D de la rédemption des captifs, établis à Paris par Marie de Médicis en 1613", par référence à la reine qui avait présidé à l'installation des Pères de la Merci sur ce site.
L'une des curiosités de cet hôtel est son escalier d'honneur, au fond du corps de logis. Alexandre Gady n'hésite pas à le qualifier de "chef-d'oeuvre méconnu du Marais".
A l'emplacement du 47 de la rue des Archives (IIIe), où se dresse aujourd'hui un immeuble de rapport de qualité (qui accueille au rez-de-chaussée une annexe de la sécurité sociale), Arnaud de Braque fonda un hôpital et une chapelle en 1348. Elle fut démolie sous la révolution. Elle renfermait la tombe de Nicolas Braque mort en 1388, fils du fondateur de l'hôpital qui allait devenir le couvent de la Merci (on comprend pourquoi la rue de Braque qui débouche là, porte ce nom). Les religieux de la Merci s'y installèrent en 1613. Ils y resteront jusqu'en 1790.
Autre curiososité : l'existence de deux cadrans solaires qui se complètent sur les façades ouest (cadran du matin) et nord (cadran de l'après-midi). Tous deux sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Ils sont actuellement l'objet d'une restauration (qui explique la présence d'échafaudages sur les façades), sous le contrôle de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques, Jean-François Lagneau (*).
Cadran de l'après-midi Cadran du matin - Photos Marianne Ström
Ces cadrans solaires sont le yin et le yang qui gouvernent l'esprit de ce lieu. Le cadran vespéral porte l'expression latine "utere dum liceat" qui veut dire "profite tant qu'il est permis" (un genre de "carpe diem") tandis que l'autre, celui du matin, représente le temps (ou la mort) qui tient une faux d'une main et montre l'heure de l'autre, suggérant ainsi que notre heure viendra quoiqu'on fasse. Sans le savoir, les bâtisseurs de l'époque s'étaient inspirés de la philosophie orientale qui considère que la dualité n'est pas opposition mais complémentarité.
(*) car il s'agit d'un monument historique (classé). Il ne doit pas être confondu avec l'Architecte des Bâtiments de France, chargé de la supervision de l'ensemble du secteur sauvegardé du Marais
Bibliographie : "Marianne Ström : Paris en détails - Le Marais, Éditions Michel de Maule, Paris 2011 - Alexandre Gady : Le Marais, Editions Le Passage - Danielle Chadych : Le Marais Editions Parigramme
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Question pour les "pros" : y a-t-il eu surélévation au dessus de l'attique avec un étage mansardé ?
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