Station de mesures principale Airparif. Des mesures locales, sur un site particulier, peuvent être demandées à l'association. A l'échelle d'un quartier, on s'intéresse surtout aux polluants les plus virulents : dioxydes d'azote et particules fines, dont les seuils d'alerte sont plus que dépassés.
L'association Airparif vient de publier une étude sur l'exposition à la pollution des personnes d'Île-de-France les plus sensibles aux abords des axes routiers les plus fréquentés.
Le constat est accablant puisque les taux de dioxyde d'azote, de benzène et de particules fines auxquels sont soumis les écoles, les maisons de retraite, les hôpitaux et les crèches sont largement dépassés lorsque ces établissements sont à moins de 40 mètres de la zone de circulation. Ce sont 40.000 personnes réparties sur 312 sites qui sont particulièrement exposées, et Paris détient le record puisque les 3/4 de ces établissements sont sur son territoire... L'adjoint au Maire de Paris (EELV) chargé du développement durable reconnaît qu'il y a urgence et que ce n'est plus acceptable pour nos enfants, que cette situation expose à l'apparition de l'asthme et prédispose au cancer du poumon.
Il serait excessif de mettre les Maires de nos deux arrondissements devant une responsabilité qu'ils doivent assumer mais dont ils ne sont pas forcément coupables. En effet, jusqu'à ce jour, l'opinion s'est focalisée sur la nourriture biologique, accompagnée en cela par une presse qui a cherché à vendre du papier et des industriels qui ont bien vu les nouveaux débouchés que la campagne d'opinion pouvaient leur assurer.
C'est ainsi qu'on a vu les cantines des écoles rivaliser d'engagements à garantir aux enfants un pourcentage élevé de "produits bio". Au même moment, et sur les mêmes lieux, les mêmes enfants respiraient dans leurs jeunes bronches, un air suceptible de les empoisonner lentement.
L'information était connue mais elle n'était pas divulguée au-delà d'un cercle d'initiés qui n'avaient pas pour priorité de la voir prospérer.
Grâce à Airparif, grâce à la Commission Européenne dont la Cour de Justice a décidé de poursuivre la France pour son comportement dangereux à l'égard des populations, grace aussi aux "Verts" de la Mairie de Paris et du Parlement (qui ne sont pas que des utopistes), aujourd'hui nous savons. Que pouvons-nous faire ?
Occupons nous modestement de notre jardin. Il y a dans les IIIe et IVe arrondissements des établissements qui reçoivent un public fragile. Ce sont les crèches, les écoles et maisons de retraite. Juxtaposons leur position et le trafic motorisé de la voie la plus proche (donnée fournie par la voirie de Paris). Là où un trafic élevé est constaté à moins de 40 mètres, des mesures doivent impérativement être prises.
Quelles mesures ?
Toute disposition conduisant à réduire la circulation, avec en priorité les véhicules diésel, majoritaires chez les livreurs, et les deux-roues polluants, ira dans le sens recherché. C'est difficile, mais nous sommes dos au mur. Face à la prochaine bataille électorale on va voir pour qui la santé, et singulièrement celle de nos petits, passe en priorité absolue.
Il est évidemment plus facile de régler ce genre de problème en amont. Deux crèches, qui n'existent pas encore, sont annoncées dans le PSMV révisé tel que la Mairie de Paris vient de l'approuver (avant enquête publique). Ces deux crèches sont dans le IIIe. Le IIIe qui, bien plus que le IVe, est victime en plus d'une "bulle de chaleur" qu'il doit à son hyperactivité et au manque de ventilation. La première crèche est prévue au 64-66 rue des Archives. Il s'agit d'un immense bâtiment dont les dépendances se prolongent jusqu'à la rue Charlot, au-delà de la ruelle Sourdis.
Façade 66 rue des Archives, immeuble industriel des Nouvelles Galeries, en attente d'un nouvel occupant
Il ne semble pas excessivement difficile de trouver dans cet ensemble une parcelle qui se situe à plus de 40 mètres de la voie principale qui est la rue des Archives, voie à circulation modérée en tout état de cause.
L'autre site laisse perplexe : c'est la placette située au carrefour des rues du Temple et des Haudriettes. Nous considérons qu'il s'agit d'une idée saugrenue de mettre en cause le peu d'espace laissé libre dans un urbanisme hyperdense, pour densifier encore, et surtout d'imaginer créer une crèche dans cet univers hostile : pollution, bruit et promiscuité y rivalisent. Là nous ne sommes pas à 40 mètres d'une circulation intense et bruyante mais à TROIS mètres des gaz d'échappment.
La placette Temple-Haudriettes (IIIe), anciennement "Echelle du Temple", sa fresque, ses ouvertures, sa végétation, ses bancs publics, tous voués au sacrifice ?
Au mieux, c'est une erreur ; au pire, c'est d'une grande légèreté. Nous ferons tout, naturellement, pour nous y opposer.
Accessoirement, quel sort serait réservé à la fresque sur le mur nord du 78 rue du Temple et aux fenêtres existantes ? A la végétation, si rare dans le secteur ? Aux bancs publics ? Aux servitudes souterraines, sous la placette (gaz, éléctricité, eau, téléphone, cable, chauffage urbain, assainissement) ? On avait dit au conseil de quartier quand le jardinet a été conçu, que la végétation ne pouvait pas occuper tout l'espace de la placette car le sous-sol devait rester accessible. Dont acte.
Dominique Feutry