Motos sur un emplacement réservé aux personnes handicapées
Le mot « incivilité » est devenu très usité depuis que dans les années 80, des sociologues commencèrent à s’intéresser au sujet. Désormais la moindre altercation, le moindre incident, la moindre difficulté vis à vis d’une personne est qualifié d’incivilité. Le Larousse est précis : « l’incivilité est le manque de civilité, une attitude qui manque de courtoisie, de politesse ». Nous pourrions ajouter en acte et/ou en parole.
C'est aussi bien souvent un euphémisme qui cherche à masquer en langage politiquement correct, ce qui est en réalité une infraction, voire un délit.
Le Maire du IIIe qui présentait son compte rendu de mandat justifiait entre autres raisons de l’insuffisante propreté du quartier et du stationnement sauvage des deux roues sur les trottoirs, par le développement des incivilités. D’ailleurs les entreprises, les administrations, les commerçants ont mis en place des systèmes de recensement des incivilités commises à l’égard de leurs collaborateurs de façon à mieux mesurer le phénomène et à mettre en œuvre des politiques de prévention au travers de formations, de plans de dialogues destinés à mieux contenir ce fait de société. Souvent en désamorçant une agression verbale, l’agression physique est évitée, même si les deux sont aussi traumatisantes l’une que l’autre.
Comment peut-on expliquer la montée des incivilités ? Souvent il s’agit d’une réaction de la personne qui est confrontée à des difficultés matérielles et/ou psychologiques. Il peut y avoir un manque de repères ou une éducation de laquelle ont été absentes ou insuffisantes les notions de courtoisie, de politesse, de tolérance, de respect de l’autre, de respect des règles, de patience, de discipline, de tout ce qui découle de la vie en société.
Campagne de bus sur les incivilités
Le problème, car la frontière peut ne pas paraître si évidente, est qu’il n’est pas possible de qualifier d’incivilité tout et son contraire car si certains englobent des actes qui ressortissent plutôt des délits, alors ils peuvent être sanctionnés par la loi.
Au demeurant, au quotidien nous ne sommes peut-être pas exempts de reproches en la matière? Les incivilités ne sont pas toujours le fait des autres. N’avons-nous jamais laissé tomber un papier dans la rue sans le ramasser ? N’avons-nous pas déjà laissé de côté un prospectus abandonné à terre par d’autres au lieu de le mettre dans la corbeille toute proche? Avons-nous de la considération pour l’agent de propreté qui finalement l’enlèvera ? Réfléchissons-nous à la pollution que risque d’entraîner l’usage de notre automobile ou de notre moto plutôt que celui d’un transport en commun alors aussi pratique? Ne nous est-il jamais arrivé de vociférer après un conducteur qui n’avance pas assez vite au feu ou qui a fait une imprudence ? Les exemples foisonnent.
Les solutions commencent donc par notre propre comportement à l’égard de l’autre ! Certes cela ne suffit pas mais nous devons tous montrer l’exemple, concourir à la propreté de nos rues, rester calme face à un individu énervé ? Lorsque cela est possible faisons donc d’abord preuve de pédagogie notamment à l’égard des plus jeunes (des campagnes ont déjà été menées à cet égard par la RATP, la Mairie de Paris). Les acteurs institutionnels (justice, force de l’ordre associations) qui travaillent sur ces sujets (contrats locaux de sécurité …) ont la lourde tâche de prévenir l’escalade des incivilités pouvant tourner à terme à des comportements beaucoup plus graves.
L’enjeu est de taille et nous ne devons pas perdre espoir. Face à l’adversité, Talleyrand n’hésitait pas à affirmer qu’il n’y avait pas de situations désespérées mais seulement des hommes qui désespéraient des situations. Il savait de quoi il parlait… !
Dominique Feutry