Uriner dans la rue est passible d’une amende de 35 €. C’est ainsi que plus de 1000 contraventions ont été dressées en 2011 à Paris, 1100 en 2010. Pour les 7 premiers mois de 2012, 627 personnes avaient été verbalisées. On estime qu’en moyenne 56 000 m2 de surfaces de murs trottoirs et portes cochères et renfoncements sont souillés de cette façon chaque mois dans la capitale. Certaines statistiques évaluent ces surfaces à 65 000 m2 ! On ne les voit pas beaucoup mais on nous dit qu'Il existe à Paris une brigade des incivilités (88 agents) qui chassent les responsables de gestes inciviques (épanchement d’urine, dépôt sauvage de déchets, non ramassage des déjections canines …).
Traces d'urine sur le trottoir
Paris est équipé de 400 toilettes publiques gratuites depuis 2006. Leur nombre est insuffisant comparé à d’autres grandes villes notamment sur les grands axes qui attirent les touristes tels les Champs Elysées qui accueillent en moyenne 300 000 personnes par jour. Le Marais est confronté à la même problématique. Ce sont donc généralement les commerçants, cafés, restaurants et points toilettes privées payantes qui accueillent les visiteurs.
Certains spécialistes comme les essayistes Claude Lussac et Nathalie Marx, auteurs de « Pisser à Paris : Guide Pratique et culturel des WC gratuits » montrent que même un doublement des sanisettes serait insuffisant. Il est vrai que dans de nombreux endroits le mobilier urbain existant (lampadaires, kiosques, métro, terrasses, parkings, stations Autolib et Vélib …) ne permet pas d’installer des toilettes publiques. Les architectes des Bâtiments de France hésitent aussi à en laisser installer dans les sites historiques.
Ancien modèle d'urinoir public
Si Paris sent l’urine, et aucun quartier n’est épargné, c’est un mauvais point pour notre image, d’abord parce que les touristes ne manquent pas de le souligner lorsqu’ils rentrent chez eux, ensuite parce que cela nuit à notre qualité de vie. Habiter un immeuble dont la porte d’entrée sert d’urinoir est une vraie plaie. Traîner ses souliers dans l’urine n’est pas hygiénique.
Tout cela donne une impression de saleté due finalement aux incivilités des uns et des autres. Nous sommes souvent dans le "tout permis", à la sortie des boîtes de nuit ou de soirées très arrosées, mais aussi du fait de l’augmentation du nombre de sans-abris et d’une population qui vieillit, les hommes ont en effet de plus en plus de problèmes de prostate.
Il faut donc continuer à verbaliser afin de combattre l’incivisme, continuer, en le renforçant, sept jours sur sept, le nettoyage des zones les plus salies et les plus touristiques en n’hésitant pas à employer des produits désinfectants. Mais parallèlement il faut augmenter le nombre de toilettes dans les endroits les plus passants (gares, sorties de métro, lieux historiques…), renforcer la signalétique. Nous conseillons d'ailleurs la lecture du livre de Jacky Legge écrit en 2008 (Editions Mémogrames) intitulé "Les Empêche- pipi", ces installations qui opérent et sanctionnent rapidement les contrevenants.
Sans doute faut-il que la municipalité lance une concertation sur ce sujet afin d’entreprendre une série d’actions et de mesures concrètes montrant que cette question est prise en main par toutes les parties concernées. Si cette concertation n’est pas entreprise ces incivilités prendront, n’en doutons pas, de l’ampleur et le mécontentement des parisiens et des touristes, déjà perceptible, ira grandissant. Le laxisme n’est plus permis sur ce problème qui empoisonne notre quotidien.
Dominique Feutry