Dans un article de notre blog du 10 février 2011, nous écrivions à propos de l'éventualité de l'extension de Roland Garros sur les Serres d' Auteuil: "Parce que la FFT veut construire un court de tennis de 7.000 places et que pour cela une partie des serres historiques, les "serres chaudes", serait sacrifiée." et le 4 mars 2013 nous ajoutions: "Sacrifier ces magnifiques constructions de verre et de métal au ton bleuté qui s’élèvent majestueusement dans ce paysage protégé est, il est vrai, osé." ...
En effet un coup d'arrêt venait alors d'être donné par la justice. Nous pensions que celui-ci constituait un exemple à méditer pour nos élus qui ne pouvaient pas s'exempter de l'avis des riverains et des défenseurs de l'environnement en ce qui concerne notamment les espaces verts et les constructions remarquables qui émaillent nos quartiers.
Malheureusement l'impensable s'est produit depuis lors puisque le Premier Ministre a tranché en faveur de l'extension de Roland Garros sur les Serres d'Auteuil au prétexte que "l'enquête publique achevée en novembre a conclu sans ambiguïté à un avis favorable au projet qui est en parfaite cohérence et complémentarité avec les activités du jardin botanique" !
C'est aberrant mais le mercantilisme l'a emporté. Même la ministre de l’Écologie, pourtant prompte à se battre, a laissé faire. Quant à la Maire de Paris favorable à cette solution son budget souffrira moins que si la solution de l'extension au moyen d'une dalle recouvrant la bretelle d’accès à l'A13 avait été choisie.
C'est un revers qui laissera des traces au sein de la majorité municipale, les Verts ne voulaient pas que soient sacrifiées les Serres d'Auteuil ! Si la partie semble finie et les recours difficiles cet exemple nous éclaire en ce sens que nous ne devons jamais lâcher prise face à des décisions qui pour une question de "gros sous" avec comme alibi la candidature aux JO de 2024. Toutefois Alexandre Gady le président de la Société pour le Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF) a déclaré qu'il intenterait un recours auprès du tribunal administratif lorsque les demandes de permis de construire seraient déposées.
il est navrant que de telles raisons mises en avant puissent conduire à détruire ces témoins de notre histoire alors que nous devons au contraire les protéger afin de pouvoir les transmettre dans les meilleures conditions possibles aux générations futures. Nous sommes montrés du doigt par l'Icomos, le conseil de l'Unesco qui œuvre à la conservation des monuments et sites historiques, qui a jugé que le site était "gravement menacé dans son intégrité paysagère et botanique" et a appelé la Mairie de Paris et la Fédération Française de Tennis à abandonner le projet.
Il faut souligner à cette occasion l'égoïsme de Paris, une fois de plus, et sa voracité à attirer les projets, au détriment d'autres sites qui sont mieux adaptés et pour qui un catalyseur de développement économique est justifié. Rappelons que Paris est lauréate des gay-games de 2018, et qu'elle postule pour les Jeux Olympiques de 2024 et l'Exposition Universelle de 2025...
En l’occurrence, Versailles était et reste candidate en offrant à Roland-Garros un cadre prestigieux sans que l'espace lui soit compté. Paris s'acharne à vouloir tout absorber dans un périmètre minuscule équivalent à un "cercle" de 5 kilomètres de rayon. Au risque d'exploser. Paris et ses dirigeants sont comme la grenouille de La Fontaine qui courait après la gloire en voulant se faire aussi grosse que le bœuf ...
Dominique Feutry