25 rue Michel le Comte (IIIe) (Photo Atelier Du Pont)
C'est malheureusement une devanture disgracieuse à l'enseigne de "Lize Créations" qui assaille le regard quand on arrive à hauteur du 25 de la rue. Coffrages inappropriés qui masquent l'architecture propre à cet immeuble XVII/XVIIIème siècle, enseigne agressive qui fait peu de cas de l'esprit du règlement du plan de sauvegarde...
Il ne faut pas en rester là. En pénétrant dans le long boyau qui était sinistre, on découvre qu'on a changé radicalement de décor. Les dimensions sont les mêmes mais c'est comme si un magicien avait transfiguré les lieux. Les cloisons et l'éclairage créent une ambiance "art déco" avec un point de fuite qui invite à aller jusqu'au bout découvrir ce que l'endroit nous réserve.
Pour mesurer le chemin parcouru, il faut revenir cinq ans en arrière. Dans un article du 11 avril 2010, que nous invitons nos lecteurs à relire, intitulé : "Rue Michel le Comte : incursion dans le Marais des années 50", nous décrivions l'état de délabrement de ces parcelles d'immeubles qui évoquaient plus un squat qu'un ensemble résidentiel.
Le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum et son premier Adjoint Gauthier Caron-Thibault s'y sont attaqués dans l'intention de réaliser des logements locatifs à caractère social et consolider l'existence des locaux d'entreprises qui sont installées là. C'est le bailleur social de la Ville, la SGIM (société de gérance d'immeubles municipaux), qui en a été chargée en tant que maitre d'ouvrage.
Le résultat est remarquable. Le long couloir, doté d'un éclairage innovant, n'est plus le coupe-gorge qu'il a été et les activités commerciales semblent désormais s'épanouir dans leur cadre de travail rénové.
L'architecte des bâtiments de France n'avait pas à l'époque exprimé d'exigences déraisonnables. Seule la façade sur rue avait fait l'objet de son attention ainsi que la cour intérieure pavée. La façade n'a pas changé. On regrette au passage que nos lois qui comportent une prescription de trois ans pour les devantures et enseignes de commerces n'aient pas permis de recréer une devanture digne du Marais et que les personnes influentes en la matière n'aient pas voulu ou su négocier un accord satisfaisant avec le propriétaire/gérant.
La cour elle aussi est restée dans son jus et c'est bien heureux. L'herbe qui pousse entre ses pavés séculaires lui donne un petit air de campagne. C'est une tâche verte entourée d'immeubles dont le style XVIIIème a été conservé à l'exception d'un des côtés dont l'architecture est résolument contemporaine, avec des pans métalliques et des volets immenses qui se plient en accordéon (voir détails - Atelier du Pont - maitre d’œuvre).
Dans la partie centrale, les escaliers d'époque ont été fort heureusement conservés :
Il a fallu cinq années pour parvenir à ce résultat. Par sa taille, cette réalisation est de la veine de ce qui a été fait par la même municipalité pour la "Cour de Venise", rue Saint-Gilles dans le IIIe.
Prochainement, ce seront 29 logements qui seront livrés et 29 familles nouvelles qui viendront accroitre la population du IIIe qui, à l'inverse du IVe qui perd des habitants, continue à se développer, signe que les conditions de vie dans cet arrondissement restent plébiscitées par la population.
Il reste une question : quel est le bilan financier prévisionnel de cette opération dont la finalité est sociale mais le coût ne l'est visiblement pas ? S'il s'agit d'une machine à créer du déficit que la mairie devra combler en attribuant chaque année une subvention d'équilibre à la SGIM, la charge retombera sur les contribuables parisiens et comme toujours sur les classes moyennes. Ceux qui se reconnaissent dans cette catégorie de citoyens aimeraient avoir des précisions à ce sujet au moment où Anne Hidalgo fait savoir qu'il lui manque 400 Millions d'€ pour boucler le budget 2016.
Gérard Simonet