Vue aérienne du toit fornmé par la canopée des Halles (Photo Fayat)
Il est beaucoup question aujourd’hui, après 6 ans de travaux qui vont encore se poursuivre durant 2 ans (jardins et station de RER), du plus grand chantier de Paris, en ce jour d’inauguration de la de la canopée située à l’emplacement de ce que fut le « ventre de Paris » et qui suscite toujours bien des débats 14 ans après son lancement. Nous sommes, faut-il le souligner à deux pas du Marais.
Les définitions de la canopée dans plusieurs dictionnaires donnent les résultats suivants. La canopée est « l’étage supérieur des forêts, en contact direct avec l'atmosphère et les rayons du soleil… zone souvent difficile d’accès…riche en biodiversité. Ce milieu est parfois considéré comme un écosystème » ou la canopée est le « haut de la forêt équatoriale, milieu de vie de la plupart des espèces arboricoles. ». Nous trouvons enfin « partie la plus élevée et qui abrite le plus de vie dans une forêt tropicale humide.»
Une chose est certaine nous ne sommes pas en région tropicale malgré le réchauffement climatique et ces installations ne sont pas vraiment dédiées aux espèces arboricoles, mais le gigantisme du projet le rapproche du terme d’écosystème puisqu’outre le coût de cet investissement (plus d’un milliard d’€ !), la construction imaginée par les architectes Jacques Anziutti et Patrick Berger repose sur une structure métallique qui a dû être renforcée au cours du chantier et pèse au moins autant que la tour Eiffel. La canopée est recouverte de 18.000 écailles de verre (coût à elle seule de 240 millions d’€). Quel sera le coût de son entretien ?
L’ensemble comporte un conservatoire aux salles considérées exigües, 6 000 m2 de salles de cinéma, un studio d’enregistrement, une médiathèque, un centre de hip hop…. Le centre commercial qu'il abrite se classe en 2ème place des plus grands centres commerciaux français. Il intègre des nouvelles enseignes (Lego, Nike..), des restaurants conçus par des grands chefs et designers…
Le dessous de la canopée (Photo AFP)
Un point important est souligné, la consommation d’énergie serait divisée par 6 comparée à celle des anciennes installations.
N’oublions pas de signaler les désagréments subis pendant ces longues années de travaux par les riverains et les commerçants dont le chiffre d’affaire a chuté (des dédommagements ont été prévus par la Ville de Paris).
Les prévisions font état de 40 millions de visiteurs attendus chaque année contre 37 actuellement. L’insécurité maintes fois rappelée du secteur avant les travaux va devoir être bigrement renforcée de même que les équipes d’entretien si l’on veut que l’endroit reste propre, un objectif proche de la gageure lorsque l’on constate combien les lieux très visités de notre quartier sont de plus en plus salis.
Cet aménagement « entre dans le XXIe siècle » affirme l’adjoint à l’urbanisme Jean-Louis Missika, certes mais à quel prix ? Fallait-il repenser à ce point le trou des Halles, 30 ans seulement après son précédent aménagement. Quel sera le réel budget de fonctionnement de ce nouvel ensemble ?
Cette opération très médiatisée, qualifiée d’emblématique par certains ne laisse pas indifférent dans tous les sens du terme, mais elle devra désormais subir l’épreuve du temps.
Nos amis de l'association ACCOMPLIR, membres comme nous de "Vivre Paris !", actifs dans les Ie et IIe arrondissements, connaissent tous les dessous de ce chantier qui a dans le temps accumulé toutes les avanies. Il faut lire leur reportage récent sur le sujet.
Dominique Feutry