La rue des Gravilliers (IIIe) est depuis longtemps une des rues du Marais qui concentrent les magasins de vente en gros qui ont fait fuir progressivement la plupart des petits commerçants poissonnier, boulangers … Face à cette emprise progressive le Maire du IIIe arrondissement a réagi et a fait en sorte de diversifier l’activité tout en maintenant des commerces de bouche (dont le boucher au 28 qui a pu remplacer son prédécesseur prenant sa retraite grâce à un montage avec la SEMAEST), des artisans et en facilitant l’implantation de nouvelles activités, hôtel, galeries d’art…
Depuis quelque temps un mouvement de fond se produit. Les commerces de gros/semi gros quittent la rue, soit pour s’installer en banlieue, soit parce que leur propriétaire prennent leur retraite, soit pour réaliser une confortable plus-value. On ne compte plus aujourd’hui le nombre de fonds de commerce à céder suite à des fermetures qui semblent s’accélérer. Les pancartes et panneaux « A vendre » foisonnent tant du côté pair que du côté impair de la rue . . .
Des travaux ont été entrepris déjà par les nouveaux arrivants. Les riverains sont sensibles à cette évolution et s’étonnent de certaines réalisations comme la laverie au n° 52 dont la devanture est banale, lisse et par trop quelconque, sans imagination, s’insère assez mal dans le cadre du PSMV (voir notre article du 22 février 2017). Au n° 13 l’ex boulangerie fermée depuis fort longtemps est en cours de transformation, à ce stade des travaux, le recul de la vitrine laisse imaginer le pire pour cet immeuble XVIIème-XVIIIème qui mérite un meilleur traitement. C’est dommage de ne pas profiter de ces aménagements pour commencer à redonner à cette vieille rue une harmonie qu’elle a perdue depuis bien des années.
Ce serait aussi une incitation pour que le passage des Gravilliers qui relie la rue éponyme à la rue Chapon soit rénové. Il regroupe plusieurs galeries d’art courageuses d’avoir choisi cet endroit qui appartient à plusieurs copropriétés qui ont déjà commercé et c’est une bonne chose le ravalement des façades de certains immeubles qui révèlent davantage le contraste saisissant avec le rez de chaussée couvert de tags, sale, où sont stockées des poubelles, une voie plutôt repoussante pour le piéton qui hésite à s’y aventurer. Un simple coup d’œil laisse pourtant imaginer quelle était la qualité de ce lieu autrefois, on distingue de belles entrées obstruées et de très jolies colonnes en bois.
La rue des Gravilliers mérite beaucoup mieux. Le défi peut être relevé comme l’a été celui de la rediversification de la rue. Il a été relevé par exemple rue Temple.
Pour cette raison tous les intervenants sont concernés. Les habitants ne doivent pas laisser faire n’importe quoi. Les commerçants qui s’installent ou effectuent des rénovations sont tenus de les réaliser dans le respect du PSMV. La Direction de l’Urbanisme ainsi que l’Architecte des bâtiments de France sont compétents pour y veiller et nous comptons beaucoup sur eux pour faire appliquer les règles existantes. Quant à la mairie d’arrondissement elle a aussi son mot à dire. A ce titre d’ailleurs la rénovation de la boucherie est exemplaire (voir notre article du 28 août 2015) comme l’est celle de l’Hôtel Jules et Jim (notre article du 10 mars 2013).
Quant à notre association elle sera toujours présente pour dénoncer les abus, les excès et ceux qui bafouent les obligations auxquelles ils sont tenus.
Dominique Feutry