Jean-François Legaret, Maire du 1er arrt, sur la terrasse de la salle des mariages de la mairie, un monument conçu autour de 1860 par Jacques Hitthorff dans le style gothique flamboyant de l'église adjacente de Saint-Germain-l'Auxerrois
Jean-François Legaret n'est plus engagé politiquement. Il a quitté les LR et se déclare Macron compatible, fidèle à Juppé et proche de Valérie Pécresse. Il exprime de l'amertume lorsqu'il dit que cette mairie du 1er qu'il occupe et qu'il gère depuis 2001 année de son élection, est potentiellement en déshérence puisque les quatre premiers arrondissements de Paris doivent fusionner en 2020 sous l'appellation "Paris-centre" et que la mairie du IIIe a été désignée - ou élue, suivant les points de vue - mairie de Paris-centre.
On comprend son attachement à la fonction et au cadre de travail qui est le sien, avec l'église dans le prolongement de la mairie, la colonnade du Louvre qui lui fait face et la Seine qui ferme un quadrilatère d'une grande majesté. Il y peu d'habitants dans le 1er (17.000 environ) mais le Louvre en fait partie et ce sont 10 millions de personnes qui le visitent chaque année ce qui équivaut à 30.000 personnes qui sont là chaque jour auxquelles s'ajoute le flux de visiteurs drainé par le quartier des Halles ! Une population conséquente qu'il faut gérer à sa manière.
Il a des griefs à l'égard de la Maire de Paris Anne Hidalgo, consignés dans une intervention devant le conseil de Paris les 4-5-6 février 2019. Il lui reproche le vote "en catimini" de la loi de 2016 autorisant la fusion des arrondissements (le premier Ministre Manuel Valls n'en aurait pas voulu mais le président Hollande serait intervenu pour qu'elle soit rajoutée au dernier moment...). Il dénonce également le fait que ce regroupement n'ait pas été soumis au vote des habitants des arrondissements concernés.
Sur le fond, il considère que la fusion ne générera pas d'économie budgétaire et en conclut que l'initiative n'avait pour but que de servir les intérêts électoraux de la Maire dans la perspective d'une nouvelle candidature en 2020.
Pour ce qui nous concerne, nous avons toujours considéré que la décision de rapprocher les arrondissements aurait dû faire l'objet d'une consultation électorale des habitants. Il n'en a rien été et on nous a donné en revanche un simulacre de démocratie participative en sollicitant notre avis sur la localisation de la nouvelle mairie et son nom, des questions qui n'étaient pas de la plus haute importance et dont les réponses coulaient de source.
En revanche, nous ne partageons pas l'avis de M. Legaret sur l'attention que la population porte à ce dossier et le poids qu'il peut avoir sur le cours de l'élection. Il y a d'autres sujets plus graves, que nous soumettrons à tous les candidats et qui occuperont plus surement les débats : la propreté, le montant inquiétant de la dette et sa tendance (on est passé de 1 Milliard d'€ en 2001 à 7 Milliards d'€ prévus en 2020), la circulation et les déplacements, la maîtrise des dérives festives nocturnes, les subventions distribuées...
Sur le logement, Jean-François Legaret a l’honnêteté d'affirmer que la politique conduite par Anne Hidalgo et son Adjoint communiste Ian Brossat n'est pas responsable de l'accroissement parabolique de la dette car la Ville de Paris aurait cédé plus de logements qu'elle en a acquis. La cause du dérapage est plutôt dans la croissance continue des effectifs depuis 2001, qui sont passés de 40.000 à 55.000. Un calcul simple montre que cet accroissement représente une charge supplémentaire de l'ordre de 7 Milliards d'€ sur la période, équivalent au montant de la dette attendue en 2020).
La municipalité, dont la gestion est soumise à la "règle d'or" qui interdit tout déficit d'exploitation, a dû recourir à des artifices selon lui pour convertir des dépenses courantes en investissements. Parmi eux, la procédure de capitalisation des revenus locatifs des bailleurs sociaux sur 50 ans (approuvée elle aussi in extremis par le parlement en 2016).
Face à cette analyse, il est important pour nous de savoir ce que la Maire actuelle répond, ce qu'elle envisage de faire si elle vise une nouvelle mandature, et ce que sera le programme de ses concurrents, des concurrents dont on voit mal encore les contours. Une chose est certaine, si l'un d'entre eux veut s'imposer il devra d'abord bénéficier d'une stature digne de la fonction et il devra être crédible sur ses engagements car nous sommes désormais vaccinés contre l'enfumage et savons clairement distinguer sans les confondre les vessies et les lanternes.
Gérard Simonet