Pollution à Paris (photo "Libération")
Le président de l'ARQAM (association pour la renaissance du quartier des Arts & Métiers dans le IIIe) Michel Arnaud, nous a étonnés en publiant le 24 mars sur son site Internet un article qui met en doute les chiffres d'AIRPARIF sur la pollution de la capitale et d'une certaine manière la sincérité de cet organisme.
A cet effet, l'ARQAM s'est procuré dans le commerce pour 179 € un analyseur produit par la société française "Plume Labs" sous le nom de "Flow". Cet appareil renseigne sur la concentration en oxydes d'azote, composés volatils organiques, ozone et particules fines PM 10 et PM 2.5 (en µg/m3)
Nous connaissons AIRPARIF depuis longtemps et nous savons que ses agents font leur travail en toute indépendance et avec le plus grand sérieux. Nous avons accueilli il y quelques années comme invitée d'honneur à notre assemblée générale annuelle Karine Léger qui en est la Directrice générale. Nous l'avons appelée hier pour lui demander de réagir à l'article de l'ARQAM. Le jour-même nous recevions de Véronique Ghersi la réponse qui suit.
Leur analyse dont le sérieux ne fait pas de doute montre la complexité d'un sujet qui ne peut pas se traiter dans la simplicité. En même temps, nous devons nous réjouir que des citoyens s'y intéresse au point d'investir dans du matériel d'analyse et d'y consacrer du temps. Tous ces efforts contribuent à sensibiliser la population à la nécessité d'adopter une attitude et un comportement compatibles avec un combat contre la pollution de l'air dont l'enjeu est notre santé et celle de nos proches si on en croit le nombre annoncé des victimes.
Précisions d'AIRPARIF concernant les comparaisons entre les données délivrées par les micro-capteurs et ses propres mesures
Il est important de distinguer les concentrations, qui désignent une quantité de polluant par volume d’air, exprimées généralement en µg/m3, et les indices de qualité de l’air, qui résultent d’un calcul simplifié pour donner une information globale. L’abréviation mg/m3 désigne des milligrammes par mètres cube, soit 1000 fois plus que le microgramme (µg/m3).
Mesures de concentration.
AIRPARIF effectue sa mission de surveillance conformément aux principes d'indépendance, de fiabilité et de transparence qui sont gages de sa crédibilité.
Sur son réseau de mesure fixe, AIRPARIF utilise des méthodes de mesure de référence normalisées au niveau international, conformément aux réglementations française et européenne.
Voir la suite de la réponse d'AIRPARIF en cliquant dans le lien ci-dessous.
Les différents micro-capteurs disponibles ne font actuellement l’objet d’aucune norme ou certification. Nous utilisons ces appareils dans divers projets essentiellement de sensibilisation et en accompagnant les usagers sur les avantages et les limites de ces capteurs, qui ne sont actuellement pas suffisamment fiables pour assurer à eux-seuls une surveillance. En effet, les incertitudes de mesure sont plus importantes avec ce type de capteurs, qui peuvent présenter des problèmes de justesse et de dérive dans le temps.
Du fait de leur technique de mesure, ils sont également plus influencés par des facteurs environnementaux que les méthodes traditionnelles, comme par exemple par l’humidité dans l’air ou la présence de pollens. C’est ce qui peut expliquer que les niveaux mesurés par le capteur restent élevés le long des quais de Seine. Les données brutes délivrées par ces appareils sont à prendre avec précaution, et leur utilisation nécessite souvent un pré-traitement avant de pouvoir les intégrer dans le dispositif de surveillance. Ils restent toutefois de bons outils de sensibilisation et de pédagogie.
Airparif a réalisé en 2018 un « Challenge micro-capteurs 2018 », ouvert à tous et libre d’accès, afin de tester les performances de ces appareils et définir leur usage le plus adapté. 29 micro-capteurs ont été testés, sur plus de 41 critères et 12 polluants. Le capteur Flow de la société française "Plume Labs" n’a pas pu être intégré à ces expérimentations car la société n’a pas souhaité participer. Vous trouverez de plus amples informations sur notre site internet : http://www.airparif.asso.fr/actualite/detail/id/250. Ce challenge sera renouvelé en 2019, inscription en avril, et pourra peut-être permettre de tester ce capteur.
Les données de concentration mesurées sur les stations d’Airparif pour les différents polluants réglementés sont téléchargeables sur notre site internet à l'adresse suivante: http://www.airparif.fr/telechargement/telechargement-polluant et visualisables en temps réel dans la rubrique : http://www.airparif.asso.fr/stations/index, où il vous suffit de choisir une station de mesure.
Les données sont disponibles en temps réel, dès leur acquisition en base. Les heures sont indiquées en Temps Universel (TU), comme précisé sur le site. En hiver, il y a un décalage d’une heure entre l’heure affichée et l’heure locale. La donnée affichée à 8h correspond donc à la donnée mesurée à 9h00. En été, ce décalage est de 2 heures (à 8h00 TU, il est 10h00 en heures locales).
Les déclenchements de la procédure d’information et d’alerte se font sur la base des concentrations, et non des indices. Le seuil d’information est dépassé lorsque les concentrations dépassent ou risquent de dépasser les seuils d’information-recommandation et d’alerte fixés par la réglementation. Le seuil d’information pour les particules est dépassé lorsque les concentrations excèdent 50 µg/m3 en moyenne sur la journée. Ce seuil est basé sur les valeurs guides de l’OMS, qui recommandent de ne pas dépasser cette valeur plus de 3 jours dans l’année. Selon la variabilité des niveaux sur la région, cela peut correspondre à des indices différents.
Indices de qualité de l’air.
Nous diffusons 2 indices quotidiens : l’indice français, qui répond à une obligation réglementaire, et l’indice CITEAIR, développé dans le cadre d’un projet européen, qui permet de comparer les différentes villes européennes entre elles. Leur mode de calcul est détaillé sous : http://www.airparif.fr/reglementation/indice-qualite-air-francais et http://www.airparif.fr/reglementation/indice-qualite-air-europeen.
La prévision de la qualité de l’air est basée sur une expertise humaine, s’appuyant sur différents outils d’aide à la décision (observations des stations, prévisions météorologiques et modèles de prévision de la qualité de l’air) permettant une meilleure compréhension des phénomènes de pollution.
Les concentrations délivrées par le capteur Flow sur l’application ne sont pas des données brutes de concentration, il s’agit d’un indice calculé en temps réel. Elles ne peuvent donc pas être comparées directement aux valeurs mesurées sur les stations Airparif, qui sont des concentrations.
"Plume Labs" calcule son propre indice de qualité de l’air dont nous ne connaissons pas le détail de calcul. Cet indice est calculé en temps réel sur la base des recommandations de l’OMS, qui sont définies au niveau annuel. Les autorités sanitaires indiquent en effet que c’est l’exposition à la pollution sur le long terme qui présente des risques pour la santé, plus que l’exposition à des valeurs élevées quelques heures dans la journée. Il est ainsi indiqué sur le site web de Plume Labs qu’il s’agit d’un « risque d'impact si exposition chronique » et « L'air est modérément pollué. Supérieur à la limite maximum pour 1 an établie par l'OMS. Une exposition à long terme constitue un risque pour la santé ». Autrement dit, ces niveaux constitueraient un risque sur la santé si on y est exposé pendant une année entière, ce qui n’est pas le cas lorsque vous traversez une rue par exemple. La comparaison des valeurs horaires à des valeurs définies pour une moyenne annuelle maximalise le risque sanitaire et explique la communication plus « alarmante » de "Plume Labs" via son capteur "Flow".
Variabilité des niveaux de pollution.
Comme le reflètent les mesures que vous avez réalisées avec le capteur Flow, les niveaux de pollution présentent une variabilité importante, à la fois dans le temps et selon les endroits où vous vous trouvez. La qualité de l'air dépend majoritairement de l'intensité des émissions polluantes, ainsi que de la météorologie qui conditionne notamment la dispersion ou l’accumulation des polluants dans l’atmosphère.
Les niveaux de pollution sont plus élevés à proximité immédiate des sources, notamment des axes routiers importants.
Les niveaux de pollution diminuent rapidement en s’éloignant de l’axe, en particulier dans les 10 premiers mètres. La zone d’influence d’un axe est variable selon les polluants, elle est de l’ordre de 200m max en zone dégagée pour le dioxyde d’azote et de 100 à 150 m pour les particules et le benzène. Elle dépend également de la topographie de l’axe et de la présence ou non d’aménagements urbains (murs anti-bruit, merlons paysagers, bâtiments…) qui ont un effet écran.
Le dispositif de surveillance d’Airparif est prévu pour assurer la surveillance réglementaire et pour fournir des informations sur la qualité de l’air en tout point de l'Ile de France. Suivant les endroits, cette information est fournie par le système de cartographie validé ou via une station de mesure.
L’implantation des stations de mesure permanentes est choisie de façon à documenter de manière représentative la qualité de l’air de l’Ile-de-France. Pour ce faire, le réseau de mesure doit comporter différents types de stations de mesure, à la fois en termes d’influence et en termes d’environnement.
La station Paris Centre est une station de fond, située à l’écart de l’influence directe des sources, notamment des axes routiers. Elle est représentative du niveau de fond moyen du cœur dense de Paris. Bien qu’étant la plus proche de votre quartier, elle ne reflète donc pas la qualité de l’air dans la rue, proche du trafic routier.
Pour connaître la qualité de l’air dans votre quartier, nous vous invitons à consulter à nos cartographies en temps réel, disponibles sur notre site internet, qui permettent de rendre compte de la variabilité des niveaux de pollution, à la fois spatiale et temporelle. Airparif met également à disposition des Franciliens l’application smartphone gratuite « Airparif ItinerAir », qui vous permet d’être informé en temps réel des niveaux de pollution auxquels vous êtes exposé en tout point de l’Île-de-France ou pendant un trajet spécifique. Ces cartographies en temps réel, sont aussi disponibles en API, vous pouvez ainsi les intégrer dans vos supports.
Véronique Ghersi
AIRPARIF
7 rue Crillon
75 004 PARIS