Immeuble du 36 rue Quincampoix, l'un des plus raffinés du secteur. Il fait face à celui qui abrite le Bar-Rock Dr FEELGOOD
Depuis deux mois à peine, les habitants des environs du 37 rue Quincampoix peuvent enfin dormir paisiblement. Plus de cris, de chants, de tapage en tous genres depuis que le bar « Dr Feelgood» a fermé. Ces trois dernières années, cet établissement leur a rendu la vie infernale, menant régulièrement grand tapage jusqu’à deux heures du matin et plus, affectant gravement leur tranquillité mais aussi leur santé. Plusieurs voisins de l’établissement ont payé un lourd tribut à ces nuisances (voir à ce sujet les nombreux articles postés de septembre 2017 à avril 2019 sur notre blog "Vivre le Marais !").
Hélas, leur répit pourrait être de courte durée. Les occupants ont appris qu’un nouvel établissement du même tonneau s’annonce à la même adresse ! Le bail du « Dr Feelgood » a en effet été cédé à une société détenue par deux poids lourds de l’industrie musicale, Laurent Rossi, dirigeant et responsable de label chez Sony Music et Matthieu Drouot, directeur dans l’une des principales sociétés française de production de spectacles, principalement de concerts.
Ces deux industriels qui seraient détenteurs de la marque « HELLFEST », organisatrice de concerts monstres de Heavy Metal ont décidé de rouvrir un « bar musical » dans le même local. Ils annoncent certes d’importants travaux d’insonorisation qui devraient, si tout va bien, minimiser les nuisances en interne mais ne cachent pas leur projet d’organiser des événements de grande ampleur drainant un large public. Ceci, au rez-de-chaussée d’un immeuble d’habitation, situé dans une rue médiévale étroite et résidentielle. Les nouveaux gérants assurent pourtant ne pas vouloir répéter les erreurs du bar précédent, et jurent qu’ils vont s’employer à ne pas déranger les habitants du quartier.
Mais on voit mal comment des événements festifs et musicaux organisés dans un bar avec à la clef des "programmations de signatures" des principaux noms du Heavy Metal pourraient ne pas générer attroupements, bruits non régulés et nuisances multiples, c’est un peu comme si un éléphant entrant dans un magasin de porcelaine promettait de faire attention ... Selon nos informations, la Mairie de Paris aurait refusé leur demande d’autorisation de terrasse dans cette portion de rue au sujet de laquelle le Maire du IVe arrondissement, Ariel Weil, avait clairement déclaré en novembre 2018 : « la configuration de certains lieux ou de certaines rues ne se prête pas du tout à l’organisation de ce genre de manifestations et vraisemblablement aucun aménagement ne saurait dans certains cas y remédier ».
Les riverains, réunis en Collectif et à nouveau fortement mobilisés, sont évidemment soucieux et totalement hostiles à l’idée de voir se rouvrir un établissement de ce type, bénéficiant de surcroît de moyens importants et d’une marque qui bénéficie d'une large audience. Surtout après avoir un moment espéré en avoir enfin fini avec des nuits cauchemardesques…
Le pire n'est heureusement pas le plus probable. La Mairie est attentive et ne veut pas être confrontée à nouveau aux péripéties passées. La Préfecture de police a déjà fait la preuve de sa fermeté sur le dossier. Il reste à persuader les nouveaux propriétaires d'opter pour un concept d'établissement compatible avec le caractère résidentiel de la rue, et sa topographie qui exclut les attroupements, les rassemblements de personnes et le rangement de leurs moyens de déplacement (Harley-Davidson ou autres...).
Post-scriptum du 27 juin 2019
Le Directrice de cabinet du Maire du IVe Isabelle Knafou répond à notre article :
Je comprends parfaitement votre inquiétude ainsi que celle de vos voisins échaudés par des expériences antérieures fort désagréables.
Si les pouvoirs publics ne peuvent absolument pas empêcher un commerce de s’installer là où il le souhaite (y compris lorsque les lieux ne semblent absolument pas s’y prêter), nous pouvons sensibiliser les gérants, les rappeler à leurs responsabilités et vous assurer de notre scrupuleuse surveillance.
C’est ce que nous faisons dans le cadre de la commission de régulation des débits de boisson en intervenant, avec nos partenaires (Préfecture, Commissariat, future police municipale, syndicats professionnels), auprès des établissements problématiques de l’arrondissement pour trouver au cas par cas des solutions adaptées. Le Dr Feelgood faisait partie de cette commission et nous avions bien en tête de rencontrer dès que possible les nouveaux repreneurs.
Ces derniers ont devancé notre démarche en demandant à être reçus il y a quelque jours par le cabinet du Maire du 4e. Ils ont également été reçus par la Commissaire du 4e qui s’est chargée de leur rappeler leurs obligations réglementaires et de les informer sur les dispositifs leur permettant de contrôler leur activité dans le respect du voisinage.
La Commissaire et moi avons eu le même sentiment concernant le caractère sérieux de la démarche de Laurent Rossi et Matthieu Drouot, manifestement conscients de l’historique et de la configuration singulière du lieu. Il faudra bien sûr voir le résultat à l’épreuve des faits, ce que nous surveillerons de près, mais disons qu’il est plutôt rassurant à ce stade.
Lors de ce RDV, je me suis fait la porte-parole des habitants en soulignant notamment :
- Le contexte particulier de la rue étroite et de l’immeuble ancien ainsi que l’exaspération des riverains livrés à des gérants méprisant ouvertement leur voisinage ;
- Le problème des motos stationnant de manière anarchique et repartant en pétaradant à 2h ;
- L’affluence à gérer lors du lancement du lieu (en octobre) qui risque de susciter beaucoup d’intérêt et de faire venir beaucoup de monde en même temps.
- J’ai également confirmé que le Maire ne signerait pas d’autorisation de terrasse.
En réponse à ces problèmes, les repreneurs ont annoncé :
- Pas de concert "live" comme précédemment mais de la musique maîtrisée par des limiteurs de sons et une isolation phonique renforcée ; (le RDC sera un bar et le premier étage une boutique ouverts de 17h à 2h sauf dimanche et lundi).
- Des nuisances extérieures liées aux fumeurs limitées grâce à l’installation d’un fumoir à l’intérieur.
- Un vigile à l’entrée pour réguler les clients à l’extérieur.
- Enfin, après discussion, nous avons suggéré l’instauration d’une réservation en ligne pour les premiers jours d’exploitation du lieu afin d’éviter de grandes files d’attentes dans la rue Quincampoix.
Voici les éléments que je tenais à porter à votre connaissance, ainsi qu’à celle des lecteurs de "Vivre le Marais", s'il accepte de publier mon message.
Restant à votre disposition pour tout échange sur ce sujet,