État actuel du portail de l'Hôtel Raoul, 6 rue Beautreillis (IVe)
Nous en avons parlé à la veille des élections municipales et signalé l'intervention du Député Pacôme Rupin auprès de la Directrice de la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) d'île-de-France, Karine Duquesnoy, pour lui demander de "prendre en charge la restauration du portail et redonner une auguste place à ce bâtiment". Aucune suite ne semble avoir été donnée à ce jour à cette démarche. (Article du 22/06/2019).
Ariel Weil, alors candidat à la mairie de Paris-centre et concurrent de Pacôme Rupin, sans prendre d'engagement formel, s'était montré ouvert à une solution où la mairie de Paris ferait l'acquisition symbolique de ce monument pour en assurer la pérennité.
Il est temps de donner du souffle à ce projet. Carine Rolland, qui a remplacé Christophe Girard au poste d'Adjointe à la culture à la mairie de Paris, devrait s'y intéresser aux côtés de notre nouveau Maire de Paris-centre Ariel Weil. Nous les prions de prendre connaissance de la demande en ce sens que nous adresse Michel Cribier, Président du conseil syndical de l'immeuble qui héberge le portail :
Aujourd’hui, en saillie au 6 rue Beautreillis, dans le Marais (IVe), se dresse un curieux vestige dont l’état de décrépitude attire la commisération des promeneurs : c’est un portail isolé, enserré dans une maçonnerie largement fissurée juste encore suffisante pour le maintenir debout ; un figuier abrite le portail de son feuillage ; à son fronton une inscription en lettres jaunes se déchiffre à peine : Hôtel de Jean-Louis Raoul.
Cet hôtel dont ne subsiste que ce portail, une ancienne horloge apposée à proximité et quelques garde-corps en fer forgé aux fenêtres de l’immeuble récent, a été construit par Paul Ardier, un ministre d’Henri IV en 1604. Il était un des tout premiers hôtels « entre cour et jardin » à être construit sur ce modèle que l’on retrouve à l’Hôtel de Sully. Au gré des successions il reste la propriété des descendants jusqu’à la Révolution où il est «partagé avec la Nation» car un de ses membres avait rejoint l’armée des Princes.
En 1810 Jean-Louis Raoul (1751-1844), un fabricant de limes d’une qualité exceptionnelle, originaire de l’Aveyron, achète l’Hôtel aux aristocrates ruinés descendant du constructeur. C’est alors qu’il prend son nom actuel. L’Hôtel Raoul reste dans la famille des descendants de l’industriel, mais perd progressivement son lustre d’antan.
L’Hôtel est démoli au début des années 1960, juste avant la loi Malraux de protection du Marais. Il est donc un des tout derniers hôtels particuliers à avoir subi ce sort funeste, mais l’intervention in extremis de M. Laprade, architecte des bâtiments de France, ne peut préserver que le seul portail.
Juridiquement le portail reste donc la propriété des lointains descendants de M. Raoul. Il est aujourd'hui dans une sorte de déshérence et ses propriétaires en ont à un moment envisagé la démolition. Heureusement leurs requêtes réitérées en 2018 ont été refusées suivant en cela les vœux de la Commission du Vieux Paris qui, elle, demande son acquisition par la Ville.
Les propriétaires sont d’accord pour le céder pour 1 €. C’est donc une somme symbolique qui permettrait à la Ville d’en avoir la propriété et d’en assurer l’entretien, la mise en valeur et la protection. À défaut, la dégradation du portail contraindra à une démolition qui privera le quartier et Paris d’un vestige et d’une curiosité historique de grande valeur pour les riverains et les visiteurs. Ainsi durant l’été dernier pas moins de 2 à 3 groupes avec conférencier s’arrêtent par jour devant ce vestige, sans compter ce jeu de piste où les participants doivent trouver l’heure indiquée par l’horloge aux dauphins.
Une pétition demandant cette acquisition par la Ville a déjà été signée par plus de 725 personnes.
Michel Cribier
Pour en savoir plus : Hôtel Raoul, par Michel Cribier