Sous le quai de l'Hôtel de Ville, la Seine recouvre l'ancienne voie Georges Pompidou à hauteur du Pont Marie
La restauration de l'Hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal (IIIe), s'achève après cinq années d'attente. Il abritera désormais le siège des Thés Mariage Frères. Il reste à le débarrasser sous un enduit approprié, des souillures qui rendent le décor exécrable en l'état (Photo VlM. Clic gauche pour agrandir)
Nos reportages sur le fléau des tags nous vaut un billet d'un lecteur qui en éprouve du dégoût et de l'amertume. Il se déclare "triste face à ce combat sans fin, triste pour Paris, triste pour ceux qui y vivent", et l'exprime à la manière d'un essayiste qui se penche sur ce phénomène de société :
On cherche un Nestor Burma (*)
A l’heure où l’on s’apprête à repeindre à grand frais la Tour Eiffel, cette explosion de graphes immondes semble nous venir de lutins maléfiques, invisibles, impalpables, mais capables à eux seuls d’anéantir le charme de notre ville capitale. C’est eux, évidemment, qu’il faut saisir, car on ne peut plus se satisfaire d’une stratégie pourtant bien raisonnée, et pacifique, consistant à effacer sans attendre les « œuvres » scélérates. Il n’est en effet pas certain que leurs auteurs tiennent tant que cela à la pérennité desdites œuvres. Tout laisse à penser, au contraire, que le but recherché est ce harcèlement qui nous ronge, qui ronge Paris et ceux qui l’aiment. On nous « amuse », on nous fatigue comme fait le chat avec la souris avant de la croquer.
Je pense qu’il nous faut un Nestor Burma à l’ancienne. Plutôt qu’un système de télésurveillance lourd et coûteux, paradoxalement aveugle, un détective intelligent et pugnace, mobile, capable de remonter à la source après s’être simplement… pointé au coin d’une rue à une heure propice. Il pourra s’adjoindre, par exemple, un expert en graphologie. Car, au-delà du style nouille de ces graphes, renvoyant à un alphabet et à une « culture » sur lesquels nous restons mal renseignés (un comble, sachant le nombre des années écoulées depuis que tout cela dure !), on peut discerner d’une rue à l’autre un coup de patte, une « façon » qui laisse penser que l’on a affaire à un nombre restreint d’individus, peut-être à un seul sur tout un secteur.
Un seul individu, mais assurément aussi un réseau, une « culture » disais-je, une secte ? Outre la pollution que nous déplorons, qui n’est sans doute qu’un dérivatif assumé, il est irritant, dérangeant, de ne pouvoir jamais interpréter les messages derrière cette graphie pourtant aussi normative que l’écriture carolingienne, ou caroline, qui reste la nôtre. Celle-ci avait été conçue pour être lue par tous, celle-là paraît ne s’adresser qu’à ce peuple de lutins (le mot est trop tendre) hantant la troposphère de nos villes et, je l’atteste, de nos campagnes. Ne devons-nous pas frémir devant le discours caché de ces messages cryptés ? Qu’annoncent-ils ?
Un beau défi en tout cas, un beau boulot pour notre Burma ! Mais il aura droit à sa statue au square du Temple, comme Maigret à Delfzijl (** ).
Philippe Haeringer
(*) Détective privé, créé en 1942 par Léo Malet. "On peut le considérer comme le premier détective privé de la littérature policière ...
(**) Depuis 1966 une statue de Maigret, réalisée par le sculpteur Pieter d'Hont, se trouve à Delfzijl (Pays Bas), puisque Georges Simenon a prétendu qu'il avait écrit son premier roman de la série Maigret ici.
Le roman mettant en scène Maigret « Un crime en Hollande » s'y déroule.
Source Wikipédia
Postscriptum :
Nous avons communiqué cet article avec un commentaire à Colombe Brossel, Maire-adjointe de Paris en charge de la propreté et de l'eau, en insistant sur l'urgence et le caractère critique de la situation. Elle nous répond en ces termes :
Bonjour et merci pour votre message.
Promis, je reviendrai vers vous sur les responsables de propreté à l’échelle du quartier
Sur l’enlèvement des graffs, je suis preneuse d’éléments plus circonstanciés (nombre, signalements, traitement… si vous avez) car la DPE (direction de la propreté et de l'eau - NDLR) a repris en main ce chantier, en lien évidemment avec les prestataires, et globalement les délais de réponses mais également le traitement territorialisé et non graff par graff semble commencer à porter ses fruits.
Je suis donc preneuse de vos retours afin de continuer à améliorer la propreté de l’espace public, notamment sur ce sujet.
Bien cordialement
Colombe Brossel
Maire-adjointe de Paris