On en a assez des objets en bois brut de récupération, madriers, traverses, palettes.... qui fleurissent un peu partout dans Paris, surtout dans les lieux symboliques comme la place de la République et les berges de la Seine. C'est le nouveau mobilier urbain de la Ville de Paris qui remplace le mobilier traditionnel auquel on est attaché, dans le but de "dé-normer" notre comportement.
Aussi, lorsque le hashtag #saccageparis nous apprenait qu'un banc public du XIXème siècle signé Gabriel Davioud (voir photo) était mis au enchères publiques à Drouot et qu'un collectif de riverains était prêt à enchérir nous avons emboité le mouvement et cotisé avec eux pour enlever la vente.
Le Commissaire-priseur s'est montré solidaire des souscripteurs en renonçant à sa commission et le vendeur lui-même, ému par l'attachement manifesté par les amoureux du beau Paris, a accepté de céder le banc de gré à gré pour le montant plus que raisonnable de 1.200 €.
Saluons au passage la mémoire de Roxane Debuisson, amoureuse du Paris d'Autrefois, qui a conduit ce genre de combat dans les années 60 et sauvé de la décharge d'autres bancs haussmanniens mais aussi et surtout la magnifique statue dite "l'allégorie de la source" de Jean-François Etienne Gossin, exposée désormais dans le hall de l'immeuble du 15 rue du Petit Musc (IVe).
Nous sommes 254 à avoir cotisé pour le banc. La cagnotte a atteint plus de 5.000 €. L'excédent ira à des associations amies de défense du patrimoine parisien. Le banc, quant à lui, sera remis gracieusement en délégation à la Maire de Paris Anne Hidalgo si elle accepte de se prêter à la cérémonie, le 25 mai à 18h00, pour une réinstallation dans un lieu approprié.
Chacun comprendra le sens de cet épisode un brin facétieux mais plein d'enseignement quant au niveau d'attachement des parisiens à tout ce qui fait la tradition de leur Ville. Le mobilier urbain en fait naturellement partie et les songe-creux qui rêvent d'imposer une vision misérabiliste du mobilier de la ville pour satisfaire une idéologie douteuse doivent réfléchir au mal qu'ils sont en train de faire aux habitants en dépréciant avec une légèreté coupable le cadre de vie auquel ils sont viscéralement attachés.
GS