20 rue de Saintonge (IIIe)
Samedi 8 octobre matin, le feu a pris dans cet immeuble de la rue de Saintonge, l'une des plus calmes du Haut-Marais. Si l'on en croit les moyens déployés par les pompiers, il a été sérieux. Pas moins de cinq véhicules étaient sur place et les dégâts accumulés sur la voie en témoignaient.
L'édifice est connu sous l'appellation de "Maison Blondel", du nom de son constructeur. Bâti en pierre de taille vers la fin du XVIIIème siècle, il peut se prévaloir de posséder l'une des plus belles façades du quartier. Il faut lever la tête : cette façade se termine tout en haut par un fronton inattendu. Avec son beau balcon du premier étage, dont la balustrade en pierres a été remplacée par un garde-corps en ferronnerie, il contribue à donner à cet immeuble une classe indéniable.
Le feu n'a pas altéré son apparence. A priori, il s'est développé dans le local de fond de cour. Il n'était pas possible ce matin d'y accéder.
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Nous poursuivons cet article le 5 novembre en publiant, sous sa responsabilité exclusive, des extraits du témoignage de Jean-Marc Rousseau qui a été la seule mais sérieuse victime de l'incendie :
"Les dégâts sont considérables et laissent une personne, moi Jean-Marc Rousseau, qui habitais au-dessus de cette remise, garage, sauna, actuellement sans domicile, plus de vêtements. Sans rien… à la rue…
INDIFFÉRENCE
Je ne peux plus exercer mon travail…
J’ai eu droit à une semaine d’hôtel pris en charge par l’assurance… Après, c’est " demerden sie sich" (NDLR : démerdez vous en allemand de cuisine)»… Étant « petit » propriétaire, mais propriétaire (un crédit de 15 ans) je me retrouve à la rue dans l’indifférence générale, d’abord de l’immeuble à part 2 personnes que je salue, Catherine Dumont et ma voisine du dessus qui m’a offert une petite goutte de vodka « Ça vous remontera me dit-elle, si vous avez besoin n’hésitez pas, Un syndic qui généreusement m’a offert l’hospitalité de deux caves pour y entreposer les affaires calcinées en attente de l’expertise… je dis c’est beau...
Indifférence de M. le Maire du III Pierre Aidenbaum (demande d’aide de relogement par recommandé et restée sans réponse, on n’a droit à rien en tant que propriétaire je suis supposé être riche .... et 20 ans dans le quartier, à payer impôts et taxes diverses.
Indifférence de la mairie qui m’a envoyé balader pour mes encombrants ( tout ce qui était irrécupérable). Si vous les mettez sur le trottoir vous aurez une amende, nous ne prenons que le petit électroménager et ça, un jour dans le mois et encore devant la mairie (sans ménagement).
Vous me direz : les assurances... Ça les assurances c’est un travail à plein temps, SINISTRÉ aussi. AXA n’est jamais « AXAcessible » on est baladé de plateau en plateau téléphonique, de n° de sinistre en n° de sinistre, pas de réponses à mes nombreuses questions. On me dit, heureusement que vous n’étiez pas là… sinon vous auriez pu… (on finit jamais la phrase). Je me le demande vraiment, si j’étais mort, je pense que M. le Maire avec une mine de circonstance, se baladerait rue de Bretagne, au Marché des enfants rouges pour serrer quelques louches électorales....
Et pour finir, je suis oh combien désolé pour M. Guy Vaughan architecte au 19 rue Debelleyme, rue mitoyenne à la rue de Saintonge pour les nuisances olfactives qui nuisent à son activité et à sa créativité. Mais là je ne sais pas quoi lui répondre. Les mots me manquent…
Jean Marc Rousseau
Il est possible que l'amertume qu'éprouve l'auteur de ce message l'ait poussé à accentuer le trait. Il reste les faits, qui ne sont pas contestables. Nous exprimons à M. Rousseau notre solidarité et notre sympathie ainsi que notre désir de lui venir en aide si nous le pouvons.