Rue Beautreillis 17. Des aménagements qui font polémique.
L’heure du déconfinement ayant enfin sonné, les terrasses éphémères, à l’abandon depuis un an, reviennent dans l’actualité avec leur lot d’incohérences, d’abus et de tensions entre habitants. La rue Beautreillis à Paris IVe, à l’instar de nombreuses autres rues à Paris présente un bon palmarès des aberrations constatées partout ailleurs.
Tout dernièrement un nouveau commerçant de vente à emporter a profité du week-end de l’Ascension pour tenter de construire en vitesse une cabane entièrement close et couverte sur l’emplacement des deux dernières places de livraison encore disponibles dans la rue.
La réaction immédiate des riverains et le tollé général l’a obligé a démonter prestement ce qui s’apprêtait à être une toiture permanente et à réduire les panneaux clôturant sa terrasse.
Doit-on être surpris que la Ville, souhaitant aider les restaurants à se « refaire », accorde une terrasse à un restaurant qui vient tout juste de se créer et se destine uniquement à la vente à emporter ? Doit-on être surpris de constater que ladite terrasse s’étende au-delà de la vitrine d’origine et occupe aussi l’espace devant la boutique voisine qui elle n’a rien à voir avec la restauration rapide ? Doit-on être surpris d’apprendre que cette fameuse charte de la ville de Paris autorise les commerçants à « donner leur place » de livraison si un restaurant mitoyen leur demande ?
Malheureusement non, on ne doit plus être surpris, il faut faire avec en espérant une solution plus satisfaisante.
Nous riverains ne nous opposons évidemment pas à l’usage partagé de l’espace public et à son occupation « éphémère » par les restaurants qui ont besoin d’être soutenus (et à qui l’on souhaite du succès) mais nous demandons instamment à la mairie de Paris Centre et/ou à la mairie de Paris :
De rétablir les deux places de livraison indispensables au bon fonctionnement des activités professionnelles, de sécurité et à la vie courante des riverains (déménagements, travaux, circulation). Actuellement les deux seules places « Livraison » sont occupées par des terrasses alors que les places de stationnement servent au stockage des tonneaux installés précédemment par ces mêmes commerçants. Il serait logique que les places de stationnement soient attribuées aux terrasses éphémères et que les places de livraison reviennent aux livraisons. Les commerçants devraient choisir entre leurs terrasses éphémères ou leurs jardinières.
De rendre les terrasses éphémères « non fumeurs ». Les habitants situés juste au-dessus ne veulent pas être intoxiqués par les fumeurs attroupés sous leurs fenêtres.
Nous comptons également sur la sincérité et le sens des responsabilités des commerçants signataires de la charte sur les terrasses éphémères qui se sont engagés à :
ni clôturer, ni couvrir leur installation qui doit être facilement et rapidement démontable et esthétique.
respecter l’usage (entre 8h et 22h) et à veiller au respect de la tranquillité et de l’activité du voisinage.
s’interdire tout dispositif de publicité, de chauffage, de climatisation, de brumisateur ou toute autre installation électrique ou mécanique.
ne pas diffuser de musique.
maintenir propres les espaces en extérieur en toutes circonstances et à toutes heures de leur exploitation.
laisser libre sur le trottoir un espace d’au moins 1,60 mètre de largeur pour la circulation des piétons.
Et le plus important, les riverains doivent pouvoir compter sur un appui ferme des pouvoirs publics pour faire respecter au minimum les clauses de cette charte si permissive, rédigée par la mairie. Cela éviterait bien des conflits entre voisins ; discussions houleuses se terminant systématiquement par des noms d’oiseaux, des volées d’injures, des menaces, des intimidations proférées par les commerçants les plus véhéments (ils se reconnaîtront …)
Pour l’heure, le mauvais temps et le couvre-feu limitent l’usage des terrasses et empêchent les débordements, mais les beaux jours arrivent …
Vigilance et mobilisation sont donc indispensables.
Les berges rive droite à hauteur de la "Maison Rouge" (IVe) (photo VlM)
On peut maintenant accéder aux berges mais difficilement s'y promener car c'est encore "la gadoue". L'eau stagne dans les passages bas et aucun véhicule ne s'y risque. Ce matin, pas de vélos, de trottinettes, de rollers ou de gyropodes, c'était le domaine exclusif des quelques piétons qui ont timidement repris leurs habitudes et des touristes cherchant à ramener chez eux un souvenir peu habituel des bords de Seine.
Sur les quais, on circule comme d’habitude, c'est-à-dire pas très bien, sans pourtant que la situation puisse être qualifiée de dramatique, comme montre cette photo prise à 12h00 quai de l'Hôtel de Ville.
A gauche, la berge rive droite (IVe) est recouverte par la Seine. Au fond le Pont Marie ; à droite l'Île Saint-Louis ; le 26 janvier 2018.
La neige tombe drue dans le IIIe. Ici, rue des Haudriettes, le 6 février 2018 (très beau spectacle avec un clic gauche dans la photo puis un deuxième)
Le 8 février, la journée a été ensoleillée mais froide. Le sol est glissant. La journée du 9 sera neigeuse et froide si l'on en croit la météo (elle ne se trompe plus beaucoup maintenant...).
Les "commuters" du matin à Paris (ceux qui font tous les jours la navette entre domicile et travail)
Nos correspondants de New-York nous adressent étonnés ce matin un article de Citylab.com, un site qui diffuse un "webmagazine" spécialisé sur les questions d'environnement et de développement urbain. Il vante les mérites de la politique de la Ville de Paris en matière de circulation/déplacements, telle que l'ont conduite les maires successifs depuis 1990 : Jacques Chirac, Jean Tibéri, Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo.
Ceux qui sont à l'aise avec l'anglais la liront dans le texte. Les autres peuvent la confier au traducteur automatique de Google. Les moins entreprenants se contenteront de voir les graphiques...
L'étonnement de nos amis vient du sentiment que la Maire de Paris était portée au pilori pour sa politique de lutte contre la voiture. Au point qu'ils nous demandent si nous confirmons le contenu de l'article et ses données chiffrées !
L'article dont il est question, daté du 19 janvier 2018, est signé Laura Bliss. En parcourant le texte on découvre qu'il est en grande partie la reprise d'une étude de Frédéric Héran,un chercheur de l'université de Lille 1, dont nous avons récemment parlé, lequel défendait le bilan, chiffres à l'appui, de la fermeture des berges de la Seine à la circulation.
Nous le disons à nos amis américains, notre point de vue reste le même : "Le plaidoyer de Frédéric Héran est intéressant mais on peut regretter qu'il reproche au rapport du conseil régional [très critique à l'égard des mesures prises par la Maire sur les berges] ce qu'il pratique lui-même, à savoir une argumentation visiblement partisane et un brin manipulatrice elle aussi".
Nous portons le même jugement sur l'article de Laura Bliss, puisqu'il suit de très près la thèse de M. Héran, sans que pèse sur elle toutefois le moindre soupçon d'influence intentionnelle.
Près de 9 franciliens sur 10 se montrent préoccupés par le bruit de leur environnement et plus de la moitié s'en inquiètent très fortement. 6 franciliens sur 10 considèrent que le bruit affecte leur santé (Enquête IFOP 2014 pour le Ministère de l’Écologie)
Fanny Mietlcki, directrice de Bruitparif, et Michel Riotto, président d'honneur de France Nature Environnement Île-de-France (FNE), se sont unis pour dresser un bilan de la lutte contre le bruit à fin 2017. Il a été diffusé par le magazine "Liaison" et par Internet.
Paris est au cœur de l'Île-de-France mais les attentes des parisiens en la matière ne sont pas forcément identiques à celles des franciliens en général. Pour ces derniers, les transports en commun comptent plus dans les nuisances qu'ils subissent que les bruits de la circulation urbaine et du voisinage, qui caractérisent Paris.
Dans les conclusions de FNE, l'effet du bruit sur la santé est rappelé avec force : troubles du sommeil, stress, risques cardiovasculaires et baisse voire perte des facultés auditives avec apparition de troubles comme les acouphènes ou les bourdonnements. Les scientifiques estiment que le bruit est la cause de 10.000 décès prématurés en Europe chaque année.
Notre oreille est si complexe. Par pitié, épargnez la !
Les troubles de voisinage que nous subissons dans les arrondissements parisiens et contre lesquels nous sommes plus de trente associations à lutter, au sein du réseau "Vivre Paris !", sont essentiellement ceux qui résultent du comportement d'établissements recevant du public (ERP) et à plus forte raison ceux qui sont ouverts la nuit.
Le code de la santé publique limite à 5 décibels de jour l'émergence d'un bruit au-delà du bruit ambiant. Ce chiffre est ramené à 3 décibels la nuit (rappelons que 3 décibels correspondent à un doublement du bruit). Il y a donc des références objectives pour intervenir contre un établissement bruyant si le bruit vient de l'intérieur. C'est plus difficile à identifier et à réprimer si des gens dans la rue ou même en terrasses se livrent au tapage comme le font la nuit des consommateurs alcoolisés qui hurlent et s'invectivent. Il n'y a alors qu'un recours, la police, si tant est qu'elle accepte de se déplacer.
Bruitparif a mis au point toutefois un dispositif qui offre la faculté de déceler l'origine, l'ampleur et l'heure du bruit. Ils l'ont baptisé "Méduse" à cause de sa forme. Une expérimentation est en cours, avec le soutien de la mairie de Paris, dans cinq quartiers dont le Canal St Martin (Xe), la place Ste Catherine (IVe) et le quartier des Enfants Rouges (IIIe).
On peut se demander s'il existe une pression sur les pouvoirs publics, indépendamment des électeurs, pour que le traitement du bruit soit pris en charge méthodiquement avec des échéances. Il existe une directive européenne de 2002 que chaque pays doit décliner dans sa propre loi et prendre des mesures adéquates mais elle vise essentiellement les transports : trains, avions, autoroutes... Elle exige que chaque agglomération de plus de 100.000 habitants produise son "plan de lutte contre le bruit" mais pour ce qui est de Paris ce plan a été décliné des statistiques de trafic automobile, au prétexte qu'il existe une forte corrélation entre bruit et trafic... mais en oubliant les bruits de voisinage.
C'est donc vers le gouvernement et la municipalité de Paris que nous nous tournons pour leur dire qu'il y a urgence de santé publique et que toute disposition doit être évaluée à l'aune des nuisances sonores qu'elle crée ou qu'elle supprime.
FNE recommande une série d'actions. Une première catégorie concerne le trafic routier : diminution de la vitesse, création de "zones 30", ondes vertes (feux rouges synchronisés), transformation des carrefours en rond-points, réduction du trafic avec report modal vers le vélo (une lapalissade...), création de parcs de stationnement en bordure des villes, restriction du nombre des poids lourds, remplacement des véhicules thermiques par des électriques, développement des transports en commun, optimisation de la gestion des véhicules de livraisons, adoption de revêtements routiers moins bruyants...
Un véritable inventaire à la Prévert contre lequel on n'a pas de prévention mais il ressemble à un vœu pieux pour des mesures d’ailleurs plus ou moins lancées déjà.
On a gardé la douzième pour la bonne bouche car enfin on se sent un peu plus concernés : "Lutter contre les comportements inciviques" : usage inapproprié du klaxon en ville, deux-roues motorisés mal réglés, pots d'échappement frelatés, tolérance coupable à l'égard du refus des "motards en colère" d'accepter le contrôle technique en vigueur pour les voitures et faiblesse incompréhensible à l'égard de motos comme les Harley Davidson qui produisent un bruit d'enfer.
Cette dernière recommandation rachète à elle seule la platitude des précédentes qui de notre point de vue enfoncent des portes ouvertes. C'est un message que nous adressons à la Maire de Paris, au Préfet de police de Paris, au Ministre de l'intérieur et à ceux qui œuvrent dans les instances européennes car c'est à ce niveau qu'il faut agir aussi, et pour finir au Président de la République car il traite beaucoup de sujets chez nous...
Berges rive droite à hauteur du Pont Neuf (Photo Reporterre)
"Reporterre", le "Quotidien de l’Écologie",publie une tribune de Frédéric Héran, économiste, urbaniste et maître de conférences à l’université de Lille 1, qui contredit le rapport que la Région Île-de-France diffusait il y a deux mois en critiquant la mesure.
Il faut prendre connaissance de cette tribune. Nous savons bien que les opinions sont partagées sur ce dossier et varient en fonction des intérêts de chacun. Mais au-delà de cette constatation, il reste les tendances lourdes : l'exemple des autres grandes villes, la lutte contre la pollution de l'air et l'encombrement des rues, la nécessaire baisse de la dépense énergétique. Le Député LREM du IVe Pacôme Rupin nous confiait récemment que si son mouvement était amené à conquérir la mairie de Paris, il ne reviendrait pas sur la fermeture des berges.
Le plaidoyer de Frédéric Héran, de notre point de vue, est intéressant mais on peut regretter qu'il reproche au rapport du conseil régional ce qu'il pratique lui-même, à savoir une argumentation visiblement partisane et un brin manipulatrice elle aussi.
Il fait peu de doute cependant que ce qu'il annonce soit vrai : la circulation a baissé de façon sensible à Paris dans son ensemble, du fait sans doute de "l'évaporation" (il vaudrait mieux parler ici de "sublimation") de trafic dont il parle.
Acquarelle de Michel Duvoisin. Paris 3ème et 4ème arrondissements - Éditions Équinoxe.
"La poésie de rentrée sur 2018" de notre sympathique inconnue m'a donné l'idée de poursuivre dans cette veine poétique pour mettre en exergue les pages principales de notre combat contre l'incivilité, en préservant et mettant en valeur notre patrimoine et notre art de vivre".
Michel du Marais
Cliquez dans la flèche pour entendre pendant votre lecture du poème l'Impromptu n°3 en Sol bémol de Franz Schubert dans l'interprétation sublime qui en est donnée par la jeune pianiste Olga Jegunova. Wladimir Horowitz est dépassé. Seul Murray Perahia fait aussi bien. Une référence !
GS
Ballade pour Paris
Quatrain véloce
Régression de la trottinette
Agression des rollers sur pieds
Et pauvres passants oubliés
Chahutés comme des marionnettes
Quatrain musclé
Paris, branle bas de combat
Quand des tagueurs tristes et viles
Salissent les sergents de ville
ACAB: Assez, C'est Assez, Basta !
Quatrain marchand
Passants pris au piège des espaces de vente,
A la queue leu-leu et entourés de nervis
De la publicité les sinistres servantes
Des réductions de prix, des atteintes à la vie !
Quatrain flyer
Des afficheurs de pub, des marchands de tapis
Qui fixent à tour de bras leurs infos exotiques
Sur tous les pylônes et sur tous les abris
Las, le piéton-chaland les voit comme des tiques
Quatrain motard
La colère est dit-on mauvaise conseillère
Et donne un coup de vieux, comme la pollution
Motards de tous les droits et des belles œillères
Ami du bruit, te mettre au pas, c’est ta sanction !
Quatrain climatique
Un coup de froid sans la moindre gelée dans l'air
On ouvre en grand le gaz, le plein de CO2
Pour réchauffer les terrasses comme pas deux!
Et l'Accord de Paris ? Et quid des pauvres hères ?
Quatrain canin
Beuh-Ah les déjections canines qui dégoûtent
Que l’on doit éviter, que l’on doit contourner
Transformant nos parcours en espaces de joute
Amis des animaux et de la propreté
Quatrain sonore
Ballet de décibels écorchant les oreilles
Des riverains arrachés des bras de Morphée
Qui appellent au silence les coryphées
Des fêtards amateurs de sons et de merveilles
Quatrain juridique
Ceux qui se jouent des lois, aiment se goberger
Insultant le voisin, des serpents à sornettes :
Vous ne fermez pas l’œil, et bien déménagez !
Pour faire prospérer nos sinistres guinguettes
Quatrain machiste
Difficile à changer, ces habitus « malins »
Mots intolérables, violences conjugales,
Inculture bar-bar(e), malaise au quotidien
Faire vivre un combat pour l’égal à égale
Quatrain historique
Paris ! On s'est aimé, on s'est battu sous tes murs
Pacôme Rupin dans son bureau (à gauche) avec Dominique Feutry et Anne Lebreton, (à droite) élue LREM mairie du IVe. Derrière l'objectif, Gérard Simonet
Après Élise Fajgeles, Députée de la 5ème circonscription, c'est Pacôme Rupin, Député de la 7ème qui nous a reçus en compagnie d'Anne Lebreton, chargée des solidarités, la protection de l’enfance, les personnes âgées et autonomie, l’accueil des réfugiés et l’hébergement d’urgence, pour parler de notre arrondissement dans le cadre évidemment plus large des questions de stature nationale.
L’occasion nous a été ainsi donnée de faire le point sur un certain nombre de dossiers.
En ce qui concerne les travaux à l’assemblée nationale, P. Rupin a indiqué qu’ils étaient denses et que ceux-ci allaient continuer sur la même tendance. Nous avons souligné combien nous avions apprécié son implication avec Élise Fajgeles, députée de la 5ème circonscription, en organisant des réunions avec les parisiens sur la problématique des locations saisonnières.
Concernant spécifiquement les dossiers parisiens nos interlocuteurs n’ont pas caché que les grands sujets devaient être abordés avec une vision « Grand Paris » et non Paris intramuros, une anomalie aujourd’hui dans la prise de décisions. Ainsi pour le logement socialil a été clairement dit qu’il fallait stopper les acquisitions immobilières à prix élevé pour réaliser des logements sociaux devenus trop coûteux et s’intéresser par exemple à la petite couronne. Il y a 14% de logements sociaux dans le IVe et à ce sujet les élus se félicitent que leurs propositions aient été retenues dans le cadre de l’aménagement des bâtiments du boulevard Morland libérés par le départ notamment de la direction de l'urbanisme dans le XIIIe arrondissement.
Il semble partager notre jugement sur ces questions pour dénoncer la politique dispendieuse de la municipalité actuelle qui fait du logement social à crédit sur l'accroissement de la dette de la Ville, en tortillant les règles de bonne gestion financière.
Promeneurs sur les berges au pont Louis-Philippe (Photo VlM)
Concernant les transportsPacôme Rupin regrette que les quais aient été fermés avant que soient mis en place les moyens alternatifs en matière de transports en commun mais son avis comme celui d’Anne Lebreton est que cette fermeture est irréversible car très appréciée par les parisiens et les touristes.
Pacôme Rupin nous explique qu'il n'y a pas lieu de s'attaquer à la voiture en tant que telle mais qu'il faut décourager ceux qui s'en servent sans en avoir strictement le besoin. Tant il est vrai que la mécanique des fluides nous enseigne qu'une baisse même légère du débit est susceptible de transformer un état turbulent en un écoulement laminaire, c'est à dire ordonné...
Rue Caron vue de la place du Marché Ste Catherine (IVe) (Photo VlM)
Nous sommes revenus sur le sujet des terrasses en citant les cas de la place du marché Sainte-Catherine et celui de la rue Bourg Tibourg. La réponse sur ces abus est qu’il faut davantage de sévérité et des amendes plus élevées… Peut-être que le nouveau maire du IVe se saisira de ce dossier pour son arrondissement. La rue du Trésor est citée, nous soulignons combien elle avait perdu de son lustre, l’aménagement végétal étant totalement délaissé ou presque. La propreté est lui aussi un sujet sensible et Pacôme Rupin estime que l’organisation et le traitement de cette question est à revoir de fond en comble... Nous soulignons de notre côté qu’il s’agit d’un point noir, un quasi échec de la municipalité actuellement en place.
Il en conclut qu'il est nécessaire par ailleurs d'aggraver les sanctions à l'encontre de ceux qui abusent de l'espace public dans une quasi impunité. Dès qu'il aura trouvé le bon véhicule législatif, il préconisera l'adoption d'une politique plus répressive en la matière. On va suivre avec attention...
En ce qui concerne le regroupement des 4 premiers arrondissementsnos interlocuteurs sont convaincus, persuadés qu’il s’agit d’une très bonne décision qui générera des économies des lors que les services seront regroupés et que les locaux vacants trouveront une destination appropriée. plus convaincus que nous qui savons que les grandes directions opérationnelles (propreté, voirie/déplacements, urbanisme) sont déjà structurées sur une logique qui ne doit rien aux arrondissements et que les gisements en économies de personnel sont à peu près limités aux maires et à leurs adjoints...
Nous avons abordé les jeux olympiqueset précisé que nous n’étions pas favorables car cela va beaucoup perturber la vie des parisiens, sachant que la plupart des sites olympiques pour les épreuves et pour l'entrainement seront à Paris même. Notre avis n’est pas partagé, les JO restent une opportunité pour l’attractivité de Paris et ne s’étaleront pas sur une période si longue nous a-t-il été rétorqué.
S'agissant de Paris et des municipales de 2020, il fait peu de doute à ses yeux que son parti LREM présentera un candidat. Il n'est pas désigné encore, mais Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, qui est souvent cité pour concurrencer la maire sortante, est un candidat possible.
Au-delà des sujets d'actualité qu'on a passés en revue car ils rappellent des souvenir au Député, la place du Marché Ste Catherine transformée en casemate, l'affaire de "L'Etincelle" dont l'issue est piteuse et les soubresauts de la boite de nuit de la rue Pierre au Lard, ce sont bel et bien de thèmes éligibles du parlement que nous avons parlé, en nous donnant rendez-vous pour la saison prochaine....
De la pub sur les trottoirs. N'en jetez plus ! (Illustration Le Figaro)
Depuis quelques jours, un décret autorise une expérimentation de marquage de publicités éphémères sur les trottoirs dans les villes de Nantes, Bordeaux et Lyon, pratiques interdites jusqu’à présent par le code de la route et le code de l'environnement.
Le journal Le Monde relate dans son édition du 28 décembre que la municipalité de Nantes venait de décider de boycotter ce test « publicitaire » au nom de « la lutte contre la pollution visuelle ».
Ces marquages que nous avons dénoncés pour Paris, la mairie n’ayant pas hésité, durant un certain temps, à signaler ses musées grâce à ce procédé (une vulgaire application de peinture à travers un pochoir) devront dans le cadre de l’expérimentation proposée être réalisés à la peinture à l’eau ou biodégradable. Les inscriptions ne devront pas dépasser dix jours, ni excéder 2,50 m² et être espacées d'au moins 80 mètres.
Mais diantre qui a pu influencer les pouvoirs publics au point de les conduire à publier un tel décret ? Pourquoi vouloir favoriser une pollution visuelle inutile qui va s’ajouter aux tags, affiches sauvages et autres joyeusetés qui enlaidissent et souillent nos rues déjà bien sales ? Cette décision apparait comme un écho à ce que la Tribune de l’Art appelait dans un récent article, une "loi d’exception" qui autorise pour les JO les publicités dans tous les lieux et sur tous bâtiments sur lesquels elle est proscrite, contournant le code de l’environnement et du Patrimoine et quelles que soient les protections existantes !
Quel lobby est derrière cette décision de marquage sur les trottoirs alors qu’il est de notoriété publique que les panneaux de signalisation sont trop abondants et que la tendance est plutôt d’en réduire le nombre ?
Bordeaux semble sur la même ligne que Nantes et un parlementaire de la Gironde a saisi le Ministre de l’Intérieur sur ce qui apparait comme une dérive.
Certains élus soulignent que ce décret a été pris sans concertation et ne comprennent pas que l’on puisse voir les espaces urbains saturés de publicité. Seule le métropole de Lyon « …étudie les meilleurs lieux d’implantation possibles pour ces publicités éphémères… »
Une nouvelle fois l’aspect mercantile l’emporte sur toute autre considération…
Si jamais cette expérimentation devenait définitive nous pouvons avoir les pires craintes quant à l’utilisation de ces publicités. Pourquoi ne pas en mettre autour de la pyramide du Louvre, sur le parvis de Notre Dame voire dans le cour d’entrée du château de Versailles ?
Paris, le pont Saint-Michel, les Invalides, la Tour Eiffel...
Sous la plume de Mathilde Goupil, l'Obs du 27 décembre nous a livré une analyse de la démographie de Paris. Le magazine "Le Point" et le quotidien "Le Parisien" ont fait de même, comme si l'information qui vient de tomber de l'INSEE était d'une importance capitale.
Que dit l'INSEE ? Tout bonnement que Paris affiche une baisse de 1,8 % du nombre de ses habitants entre 2010 et 2015 et que nos arrondissements centraux sont plus concernés que d'autres. La façon dont cette information est choisie, présentée et commentée, comme c'est le cas trop souvent avec les médias, traduit sans le dire l'opinion de la journaliste. Quand elle écrit : "Pourquoi les parisiens fuient Paris ?" elle sous-entend qu'ils s'en éloignent comme s'il y avait la peste...
La tonalité est la même chez ses confrères. Il y a dans cette profession, que nous estimons tous pourtant, une tendance marquée au "panurgisme". On a le sentiment que le besoin pressant de boucler l'édition chaque jour pousse ceux qui produisent l’information, et conditionnent l'opinion, à rester au voisinage d'un consensus général qui se construit jour après jour autour des thèmes de l'actualité, suivant un processus qui doit beaucoup à l'intoxication.
Ainsi, on sent depuis quelques temps qu'il est de bon ton d'accabler la Maire de Paris Anne Hidalgo. Il y a sans doute des raisons objectives de le faire et nous-mêmes ne nous en privons pas. Mais sous-entendre, car c'est bien de cela qu'il s'agit, que les parisiens "fuient Paris" parce que tout va mal à Paris, c'est aller trop loin !
On pourrait, si cette tendance au Hidalgo-bashing n'était pas si pressante, procéder à une analyse objective de l'information. Ainsi, demandons nous d'abord pourquoi la baisse de la population ne serait pas au contraire un bienfait à porter au crédit de Paris ?
Notre ville est la plus dense d'Europe avec 21.000 hab/km² environ. Elle manque de respiration et on en souffre beaucoup dans les épisodes de forte pollution. A cette observation, s'ajoute le fait qu'elle est la plus visitée au monde. Sur la base de 40 millions de visiteurs par an qui y séjournent entre 4 et 5 nuitées, ce sont 490.000 personnes qui séjournent chaque jour à Paris et s'ajoutent à sa population, dans les lieux publics, les transports en commun....
Touristes sur l'esplanade du Trocadéro
Il faut réaliser de plus que ces visiteurs ne se retrouvent pas disséminés dans Paris. ils se concentrent sur les sites attractifs, notamment le centre historique (Marais, les Îles, Beaubourg), Montmartre ou le Trocadéro.
Madame Hidalgo n'a aucune responsabilité face à cette réalité. Ce que nous pouvons lui reprocher, c'est de la voir comme une tendance qu'il faut inverser en augmentant l'attractivité de Paris. De là des "Gay Games" en 2018, le maintien de Roland Garros au détriment des serres d'Auteuil, les JO de 2024, l'Exposition Universelle en 2025...
Il faut en particulier qu'elle cesse de raisonner sur un Paris intramuros. Le Paris d'aujourd'hui, c'est la "métropole du Grand Paris", qui englobe la petite couronne (Hauts de Seine, Seine Saint-Denis, Val de Marne) et ses 7 millions d'habitants. A ce niveau-là, il n'y a pas de baisse de la population mais une hausse de 31.000 habitants par an. Tout au contraire, c'est une restructuration rationnelle du territoire qui se met en place avec des entreprises qui se déportent hors des murs de Paris (*) et des habitants qui vont vers elles pour tirer profit de logements plus grands et moins chers et de temps de transports plus courts.
Siège social d'entreprise implanté dans la verdure en dehors des murs de Paris (Alamy)
Pendant ce temps, le centre historique et les sites remarquables assistent relativement impuissants à une évolution de leur habitat. On constate par exemple depuis quelques mois, à la lecture du bulletin municipal officiel (BMO) de la Ville de Paris, une reconversion de locaux commerciaux en résidences hôtelières. On s'est plaint dans le passé de vivre dans le IIIe au milieu d'ateliers et d'entrepôts de stockage de marchandises (inflammables). Ces activités sont en voie de disparition mais la nature ayant horreur du vide quelques espaces libérés vont servir de substituts aux appartements Airbnb qui sont par ailleurs justement décriés par la population des résidents et sévèrement réglementés par les élus de l'Hôtel de Ville.
Le plus difficile sera de trouver un équilibre entre la nécessité de conserver de vrais habitants dans les quartiers concernés, qui alimenteront un vrai commerce de détail, et d'accepter la cohabitation avec des touristes. La plupart de nos immeubles du centre sont enregistrés sous le statut d'habitation. La mairie de Paris n'accepte pratiquement pas leur reconversion en "commercial" et la location saisonnière, qui est une activité de nature commerciale, est sérieusement bridée en milieu "habitation". Il y a donc une limitation naturelle à l'expansion de ce nouveau business.
De ce point de vue, la création de logements sociaux au cœur de ces secteurs sensibles, qui apportera du sang neuf à la population, sera un facteur d'équilibrage entre résidents et touristes. On peut s'en réjouir pour autant qu'elle ne soit pas financée par l'impôt et/ou par la dette, ce que les classes moyennes craignent fortement. A l'opposé, ce fragile équilibre serait mis à mal si on abandonnait certains de nos quartiers à la fête et à l'agitation nocturne. On considère d'ailleurs que ces dérives sont à l'origine du différentiel de baisse de la population entre le IIIe et le IVe arrondissements (2,8 vs 1,7 %).
Terrasse et benne à ordures rue Montorgueil (IIe)
De la même manière, il faut être d'une extrême prudence quant à la piétonisation des rues en constatant que le record de baisse du nombre d'habitants est enregistré dans le IIe (9,5 %) où les rues Montorgueil et Saint-Denis sont sympathiques sans doute mais invivables.
On peut donc raisonnablement penser que le déficit démographique va se maintenir un temps tandis que progressera vers une asymptote le nombre des logements dédiés à l'hôtellerie (dont les clients n'apparaissent pas dans les statistiques de population). Il est probable que la somme des deux, loin de décroitre, ira modérément crescendo et c'est bien son évolution et la distribution de ses composantes qu'il faudra suivre avec attention car de leur maitrise dépendra la qualité de vie des habitants.
En conclusion, que les commentateurs se calment, il n'y pas la peste à Paris (malgré la présence de rats) et la démographie du Grand Paris est tout à fait vivace !
Gérard Simonet
(*) Il est intéressant de relever que les quatre grands internationaux de l'expertise comptable et financière : KPMG, Deloitte et Touche, Ernst & Young et Price Waterhouse Coopers sont principalement implantés dans la petite couronne
Une loi qui offre des privilèges aux "sponsors" qui auront exceptionnellement la possibilité d'afficher leurs marques sur des monuments historiques... (Forbes)
A Paris, l'affichage et la publicité sont heureusement réglementés par le RLP ("Règlement Local de la Publicité"), un texte qui a vocation à préserver l'environnement et le patrimoine de Paris des excès des annonceurs et de leurs prestataires de services de communication, en matière d'affichage notamment. Un règlement qui est régulièrement ignoré ou défié par des officines qui ont pignon sur Internet et qui n'hésitent pas à couvrir de placards des murs entiers de bâtiments et monuments historiques.
L’Hôtel de Ville, en la personne de Mao Peninou, Adjoint d'Anne Hidalgo pour la propreté, nous annonçait au cours de notre dernière rencontre qu'il entendait réformer ce règlement en vue de le rendre plus protecteur. Le processus est engagé. La Ville va initialiser une procédure de révision, dans le cadre du code de l'environnement avec la perspective d'un vote par le conseil municipal en ... 2019 (il y a de beaux jours d'ici-là pour les vandales !)
Échantillon de mur victime des colleurs d'affiches et de leurs mandataires (Photo VlM)
Nous serons dans les temps tout de même pour les Jeux Olympiques de 2024. A la réserve près que pour ces jeux, le CIO (comité international olympique) impose à la France des dérogations (voir analyse de la "Tribune de l'Art" sous la signature de Didier Rykner). Et nous voila partis dans un parcours législatif qui a pour but de satisfaire des exigences qui ont un air de chantage mais que certains de nos députés n'hésitent pas à relayer, à l'image de Aude Amadou (LREM) qui a déclaré : "Pas de sponsors, pas de recettes, pas de JO possible : on peut le regretter, mais c'est aussi simple que ça".
Eh oui ! Faut-il pour autant leur donner notre culotte ? Les habitants de Boston, Hambourg, Rome et Budapest ont dit non. Il est vrai que les citoyens de ces villes ont été consultés. Pas les parisiens ....
Nous nous en sommes ouverts auprès de notre Députée de Paris Élise Fajgeles au cours d'un entretien le 14 décembre et nous avons constaté à cette occasion, avec quelque déception, que la représentation nationale n'est pas en résonance avec les parisiens dont on sait qu'il sont nombreux à dénoncer l’accueil des JO de 2024 dans leur ville. A propos des nuisances que nous redoutons, bercés ou anesthésiés par le discours ambiant, il est apparu que nos élus en méconnaissent les réalités.
Mme Fajgeles s'est plu à souligner que la charge sera partagée avec la Seine Saint-Denis, sans se préoccuper des proportions. Il faut donc remettre les choses à leur place : il y aura 39 sites olympiques dans Paris intramuros et 44 sites d'entrainement soit 83 sites dont un grand nombre sur des monuments tels que le Champ de Mars et les jardins du Trocadéro, les Champs Élysées, le Grand Palais, le Petit Palais, les Invalides... Le CIO fait obligation de "remettre" les sites un an avant le démarrage des JO. Si on considère qu'il faudra un an de préparation, ceci nous promet des désordres et des encombrements pendant les deux ans qui précèdent les JO, des nuisances qui viendront s'ajouter à la situation critique que nous connaissons aujourd'hui en matière de circulation et qui a peu de chance de s'améliorer d'ici là !
Illustration "Contrepoints"
Il y a d'autres dispositions dans ce projet de loi d'exception : des passe-droits pour accélérer les travaux d'urbanisme en Seine Saint-Denis et une tentative de modération à 200.000 € (*) par an (on ne sait pas si c'est net ou brut) des salaires des membres français du COJO (comité d'organisation des JO) qui, tout en affirmant vouloir avant tout servir la France et le sport, n'en sont pas moins sensibles au lucre qu'ils en attendent.
GS
(*) le bruit avait couru, démenti par la suite, et véhiculé par le "Canard Enchainé", que le directeur du COJO, Tony Estanguet, recevrait 450.000 € par an