Le passage des Arbalétriers, à hauteur du 38 de la rue des Francs-Bourgeois (IIIe)
Marie, une riveraine du passage, nous écrit en qualifiant de "grotesque" ce qui se passe à propos de ce passage qui, on le rappelle est privé, mais constitue avec ses maisons à encorbellement et sa chaussée pavée un des rares vestiges que nous ayons dans le Marais et à Paris des 14ème et 15ème siècles. On se souvient que c'est dans ce cadre en 1407 que fut assassiné le duc d'Orléans, par les argousins du duc de Bourgogne Jean sans peur au retour d'un rendez-vous galant avec la reine de France Isabeau de Bavière.
Nous avons publié un article au mois d'août pour regretter que la remise en état de la chaussée ait été faite "à la hussarde" par le Centre Culturel Suisse sans qu'ait été respectée la procédure de déclaration préalable à la direction de l'urbanisme de la mairie de Paris et à l'ABF (architecte des bâtiments de France). Il a été reproché à la confédération suisse d'avoir sacrifié les pavés d'origine en les sciant par le milieu.
La mairie de Paris et l'ABF ont choisi de fermer les yeux, préférant ne voir que le bon côté des choses à savoir la remise en état d'une chaussée en fort mauvais état. Tous les riverains n'ont pas été de cet avis. Certains d'entre eux ont adressé une protestation écrite à la direction de l’urbanisme. Les recours en la matière sont du ressort du Préfet de Paris/Île de France. Ses services ont été saisis. En réponse, un courrier envoyé aux protestataires pour leur apprendre que le centre culturel suisse avait déposé auprès de la mairie le 21 septembre une demande de régularisation, dont on voit d'ailleurs le panneau d'affichage sur le vantail de la grille.
Le panneau. (Cliquer gauche pour agrandir)
Une demande d'autorisation préalable qui intervient après l'exécution des travaux ! Même la presse suisse ne s'en est pas remise ! (PRO FRIBOURG, 14/09/2018)
La préfecture de Paris-Île de France (qu'il ne faut pas confondre avec la préfecture de police), sous la signature de Raphaël Hacquin, Directeur de l'équipement et de l'aménagement de Paris, admet implicitement qu'il y a eu manquement puisqu'il signale le dépôt de la demande de régularisation et précise qu'il se charge de l'instruction de l'affaire.
On va voir si lui aussi passera l'éponge. A force de tolérer que la loi ne soit pas respectée on s'achemine vers une société sans règles de vie, sans ce ciment que sont les lois qui garantissent le "vivre ensemble". Paris, première destination mondiale des touristes, et le Marais avec ses trésors architecturaux, historiques et culturels, méritent mieux que l'attitude passive de ceux qui ont la charge de leur conservation.
A la veille des fêtes de fin d'année, le bureau de l'association et moi-même vous souhaitons un joyeux Noël avec vos proches et une année 2019 pleine de satisfactions et de bonheur ♥ ♥ ♥
Gérard Simonet
Président
Entièrement d'accord avec Steven Joseph! Que de temps perdu en palabres et contorsions procédurières, alors que le passage sombrait à vue d'oeil, au sens propre du terme. Quant au débat sur la forme des pavés, il a le mérite d'occuper la plus monomaniaque d'entre-nous. Mais pas maniaque au point de participer au ramassage de détritus ou autres petits gestes citoyens qui rendent la vie plus agréable sur cette artère. Allez, en ce jour de Noël, si nous nous réjouissions tout simplement de pouvoir profiter désormais de ce bel endroit commun?
Rédigé par : dufour | 25 décembre 2018 à 12:22
À Monsieur Steven Joseph : Temps record?
Votre copropriété, précisément, a mené courageusement et généreusement 16 ans - oui 16 ans- de combat judiciaire , contre toutes les autres (et en particulier le CCS) pour tenter de faire réaliser les travaux de conservation dans ce Passage historique.
Au moment précis où la Justice se prononçait enfin et que les travaux étaient inéluctables cette fois, le Centre culturel a réussi à obtenir à la dernière minute (par surprise) que le juge lui confie la maîtrise d’oeuvre des travaux de conservation privant ainsi tous les copropriétaires de leur droit de regard et de contrôle - avec le résultant navrant que vous connaissez et que la Suisse va vous facturer avec intérêts. (Combien?)
Le Centre culturel a ainsi réussi, en supprimant les pavés traditionnels du Marais, à transformer cette minuscule et fragile ruelle historique en passage public, non piétonnier, quasi-cimenté, conforme à ses intérêts d’Etablissement recevant du Public (ERP). Ceci ne pouvait être obtenu que par un coup de force (et non un tour de force) en contournant les autorités administratives et en spoliant les copropriétaires de leur droit de regard sur le devenir de cette impasse.
Nous ne pouvons nous féliciter de comportements aussi provocateurs qui se développent dans le Marais, sous l’oeil complaisant des autorités, au bénéfice exclusif du business d’ERP et au détriment de notre patrimoine historique Parisien et des ses habitants.
Rédigé par : Marie | 21 décembre 2018 à 18:03
Le préfet de Paris représente le gouvernement. Il ne peut pas tolérer ce qui s'est passé avec semble-t-il la bienveillance complice de la mairie de Paris
Rédigé par : hugues | 20 décembre 2018 à 19:01
Restauration du pavage absolument désastreuse et de mauvais goût !
Comment peut-il être possible de détruire ainsi un patrimoine inestimable, dans l'impunité totale semble-t-il ?
A suivre ?
Rédigé par : michel p. | 20 décembre 2018 à 18:58
Remarques et précisions.
L' entretien et le ravalement des façades donnant sur le passage sont du ressort de chacune des 4 copropriétés (de la rue des Francs Bourgeois et de la rue Vieille du Temple) pour leurs façades respectives. Cette question est totalement indépendante de la chaussée qui constitue une copropriété dont le statut n'avait jamais été défini.
Il a fallu de nombreuses années de procédures pour que la justice rende son verdict et définisse, récemment, la part de chacune des 4 copropriétés (à partir d'un texte de 1895) pour permettre la remise en état de la chaussée pavée. A la surprise générale, la justice n'a pas jugé utile de créer un syndicat des 4 copropriétaires de cette chaussée. C'est ainsi que le Centre Culturel Suisse, seul, a pris la responsabilité d'engager les travaux (et prendre en charge le surcoût dû à la taille des pavés), sans respecter les règles en vigueur.
Seul le jugement tardif (et non le Centre Culturel Suisse) a permis de remettre en état cette chaussée dangereuse. Il n'en demeure pas moins que le Centre Culturel Suisse a pris une décision (taille des pavés) illégale. Un Etat n'est pas au dessus des lois et les autorités chargées de les faire appliquer ne peuvent pas accorder de dérogations rétroactives.
Pascal Rousseau
Rédigé par : Pascal Rousseau | 20 décembre 2018 à 17:54
Oui mais combien d'années d'inaction et de chevilles tordues qui ont du conduire le centre culturel suisse à faire pavé net...
La qualité des restaurations dans les règles de l'art ne doit pas conduire à des délais aussi grotesques que les régularisations tardives peuvent l'être aux yeux de certains riverains et de notre vigilante association.
Bon et puis le centre culturel suisse ne pouvait décemment pas s'implanter sur une arrière cour de la place de la Bastille...
Rédigé par : TMH | 20 décembre 2018 à 15:00
Et voici , triomphalement, un permis de travaux, ridiculement affiché sur place, 6 mois après l’achèvement des travaux (que personne ne rie !) qui ont abouti sans autorisation des coproprietaires à la vandalisation des pavés qui furent irrémédiablement dégradés par le Centre culturel Suisse (qui s’était chargé des travaux à la barbe des 4 syndics en charge).
On se demande à quoi servent les soit-disant deux mois de recours donnés a posteriori par ce permis aux riverains - délai qui aurait du leur permettre de vérifier que les Suisses exécutaient ces travaux conformément à l’expertise judiciaire réalisée.
On peut se demander pourquoi le maître des travaux, l’architecte monsieur Pasco, a omis de vérifier l’existence de l’autorisation de travaux, d’autant plus que cet homme expérimenté travaillait sur une impasse historique, entre des immeubles classés et dans le secteur protégé. Je crois que ce professionnel va avoir du mal à nous faire «avaler» un oubli innocent .
D’ailleurs ce permis de travaux n’a été demandé par le Centre culturel suisse qu’à la suite du scandale soulevé par le Canard enchaîné début Septembre . (en fait c’est la Confédération Suisse qui a demandé la régularisation du permis. Le CCS qui fut le Maitre d’oeuvre a opportunément disparu du permis - certainement pour lui d’éventuelles poursuites sur le territoire- en effet quel riverain irait poursuivre l’Etat Suisse et ses deep pockets?)
L’avantage de ne pas demander un permis de travaux permet de tenir à distance l’architecte des Bâtiments de France qui est ainsi mise devant le fait accompli et qui « baissera les bras » moyennenant quelques doux conseils de la Mairie du 3ème; Cela permet aussi à un ERP (établissement recevant du Public) d’éviter les visites de sécurité du chantier et de continuer à mettre ses clients et touristes en danger sans être inquiété; cela permet surtout d’éviter des vérifications intempestives et recours des riverains et copropriétaires.
Alors, comme il n’y a aucune sanction et des possibles arrangements « a posteriori », pourquoi s’embarrasser de la Loi?
De toute façon, quelles sanctions? les directeurs du Centre Culturel Suisse sont déjà retournés en Suisse pour occuper leur nouveau poste où ils pourront défendre tout aussi «brillamment» la Culture (au frais du contribuable Suisse cette fois).
Rédigé par : Marie | 20 décembre 2018 à 14:15
Je félicite le Centre Suisse d’avoir contourné les obstacles administratifs pour mener à bien cette délicate rénovation dans un temps record. Une régularisation qui vaut d’être accordée sans soucis procéduriers. Notre chancre a disparu et les valeurs du patrimoine ont été bien maintenues.
Steven Joseph, co-propriétaire, 64 rue Vieille du Temple.
Rédigé par : Steven Joseph | 20 décembre 2018 à 12:58