Minuit, foule devant les bars rue Oberkampf (XIe)
D'un arrondissement à l'autre dans Paris, les scénarios se répètent avec une acuité variable mais selon le même processus. Ils mettent en scène des riverains perturbés voire excédés par le bruit et les dérives nocturnes de la foule des consommateurs ; des exploitants qui ne sont pas tous irresponsables mais dont certains sont sans scrupules ; des maires d'arrondissements qui voudraient bien défendre leurs administrés mais dont les moyens sont à l'Hôtel de Ville où on s'est beaucoup plus préoccupé depuis 2014 et malgré une inflexion récente (cf article du 20 novembre 2018) de développer la nuit parisienne que d'en maîtriser les conséquences sur la santé des citoyens ; et enfin une police nationale sous le contrôle de la préfecture, qui s'efforce d'être efficace en respectant l'Etat de droit que beaucoup trop d'acteurs de la nuit traitent avec légèreté.
Depuis quelques mois, une commission de régulation des débits de boissons a été créée avec la participation des syndicats concernés tels l'Umih, le Synhorcat et le Sneg & Co. Elle est censé faire régner l'ordre dans sa profession...
Nous ne sommes pas les plus mal traités à Paris-centre. Il y a chez nous quelques points chauds que nous traitons avec méthode et souvent avec résultat mais nous devons garder les yeux ouverts sur ce qui se passe ailleurs et qui pourrait bien un jour nous atteindre si nous baissons la garde.
C'est le rôle de l'alliance "Vivre Paris !" - qui a vu le jour en 2010 mais s'est un peu disloquée depuis, en conservant cependant les mêmes objectifs - de faire en sorte que la résistance se manifeste partout dans Paris dans un large mouvement de solidarité. A ce titre, nous avons décidé de publier le témoignage que nous venons de recevoir d'une habitante du XIe (dont le prénom a été changé) et qui montre le niveau de gravité de la situation :
Nouvelle nuit de tapages et à nouveau fermeture au delà de l’horaire légal hier soir pour le Guru, 16 rue Deguerry XIe. Hurlement de la clientèle avinée dès 23h00, chants d’alcooliques du jeudi soir, choc des meubles, des shots que l’on frappe sur les tables au delà de 02h00 en s’encourageant pour finir d’un trait le verre.
J’ai téléphoné 8 fois au commissariat du onzième sans réponse. J’ai réussi à joindre le 17 à 01h45. On m’a répondu qu’il fallait que je me tienne prête à répondre à mon téléphone portable en cas d’intervention de la police, que sinon, il n’y aurait pas d’intervention ( ?). Il n’y en a pas eu. A 02h15, le gérant fermait son rideau de fer latéral. A 02h25, le second. Ballet des Uber et leurs klaxons devant l’établissement pour récupérer les épaves qui avaient toutefois la force de hurler encore et encore.
Mes enfants, qui sont au collège, ont été tirés de leur sommeil à 01h00 et se sont rendormis pour de bon à 03h00 !Cet établissement a écopé d’une fermeture administrative de neuf jours entre fin novembre et début décembre dernier, après 18 mois de tapage, de beuveries, de dépassement des horaires, de non-respect de sa licence. Le gérant a bien compris les règles. Dix huit mois de liberté + quelques amendes égale neuf jours de fermeture au moment le plus creux de l’année en termes d’activité, donc tout bénéfice. Il peut reprendre ses habitudes et c’est bien ce qu’il a fait depuis décembre. Il peut continuer à servir de l’alcool sans licence, continuer à organiser ses beuveries, mettre de la musique à plein volume dès que ça le chante, laisser sa clientèle hurler dedans, dehors, s’affranchir des demandes de mises au normes... Je me demande s'il paye ses amendes, qu’est ce que cela peut bien faire ?
Constat très amer. Mes enfants, bêtement élevés dans le respect des lois, finiront par apprendre que les règles ne s’appliquent qu’à ceux qui les respectent.
Carlina
Le "Quartier Général" rue Oberkampf - Auto- qualifié "d'idéal pour les soirées festives"
L'association des riverains du XIe rappelle à ce propos que cet établissement situé rue Deguerry, ainsi que le bar "Le Guet-Apens - La Bonne Excuse" qui, lui, sévit rue Jean Pierre Timbaud, ont fait tous deux l'objet d'un examen au cours des deux dernières réunions de la commission locale de régulation des débits de boissons du XIe présidée par le Maire en présence des syndicats professionnels (voir mise au point de Remi Calmon, directeur Exécutif du Sneg & Co, organisation professionnelle qui est associée avec l’Umih, en "commentaire" à un article précédent ).
On y apprend que ces réunions ont été inopérantes car les établissements ne sont pas affiliés à ces syndicats. On découvre aussi que la commission n'a pas vocation à s'occuper d'établissements qui ont déjà fait l'objet de sanctions ou même d'avertissements. On est en droit légitimement de se demander alors à quoi elle peut bien servir...
Au sujet du tapage et de la mauvaise foi manifeste de la mairie, je crois que cet article est édifiant : le calvaire d'une famille parisienne
https://www.capital.fr/economie-politique/nuisances-sonores-la-mairie-de-paris-a-transforme-leur-vie-en-cauchemar-1324921?utm_content=buffer43b48&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=Facebook_Capital&fbclid=IwAR37TetWQo8prsJQpNQaRnbYhcVIubQ1GVUjHHn53RGc3C1efo0uKAaZYus
Rédigé par : Adrien | 26 janvier 2019 à 16:08
Malheureusement, il semble inévitable pour l'instant de passer par un avocat pour faire appliquer les droits des riverains. La lourdeur, la complexité des procédures administratives et les moyens mis en œuvre par les institutions pour traiter et sanctionner les commerces qui terrorisent les riverains sont d'un autre temps. Ils ne permettent pas de faire appliquer les lois face au développement des commerces et au modèle économique très rentable des activités nocturnes qui laissent les clients faire n'importe quoi aux détriments des riverains. Les politiques doivent prendre le sujet sérieusement et le porter afin de trouver les méthodes d'accélérer le traitement des cas critiques et rééquilibrer les citoyens face aux gérants peu scrupuleux.
La situation devient explosive.
Les lieux festifs sont essentiels, mais il faut trouver les moyens de les intégrer dans la ville au milieu des riverains...pour l'instant c'est un énorme échec.
Rédigé par : Olivier | 24 janvier 2019 à 18:59
Dans le 11ème arrondissement, dans les anciens fossés de l’enceinte de Charles V, ce qui explique sa différence de niveau avec les Boulevard Beaumarchais Filles du Calvaire et Temple, se trouve la rue Amelot.
Depuis quelques années, cette rue est devenue la rue de la soif et de nombreux bars s’y sont installés.
En 2018, elle a par ailleurs été le théâtre d’aléas judiciaires lorsqu’un Coffee Shop vendant du cannabis s’y est installé à côté du collège Beaumarchais. Après quelques atermoiements judiciaires, le magasin a été fermé.
Ainsi, deux bars particulièrement ont élu domicile côte à côte dans le milieu de cette rue : Le Pop In, et le Panic Room.
Leur positionnement n’est pas tout à fait le même ce qui nous vaut des nuits de week-end particulières…
Nous sommes en hiver, et le climat nous protège quelque peu des dégâts causés par la loi Évin et de son décret du 15 novembre 2006 invitant les fumeurs à pratiquer leur activité à l’extérieur des bars… En effet, contrairement aux périodes de beaux jours, les pratiquants se contentent simplement de s’infliger leur dose de nicotine et de rentrer bien vite, nous préservant des éructations estivales.
Que Paris est calme, dans le froid, sous la pluie et avant la fermeture des bars…
Car ces temps-ci, les tracasseries débutent-elles à la fermeture des dits établissements.
Le Pop’In vomit ses clients titubants et hurlants à deux heures du matin. Pleins de boissons consommées, ceux-ci en profitent pour arroser comme il se doit le passage couvert dont le lieu a vu mourir Vidocq. Nul doute que son fantôme en profite pour relever les identités des infractionnistes, pour plus tard…
Mais lorsqu’ils tiennent encore debout, ils s’en vont à coté profiter du Panic Room désigné bar de nuit par notre bien aimé Préfecture de Police. Certainement pour permettre aux comparses de Vidocq de continuer à honorer sa mémoire…
Ainsi pour ce bar, lorsqu’il respecte la législation, c’est à quatre heure qu’il défèque son lot de soudards. Quatre heure, c’est l’heure du désespoir. Trop tard pour se coucher, trop tôt pour se lever. Les contrariétés de la vie prennent pour ces gens imbibés des proportions énormes et tout est alors sujet à disputes, jets de projectiles et forcément à émission de fluides corporels en tout genre et bien évidemment de décibels…
Les VTC défilent, les motos pétarades, les trottinettes électriques semblent annoncer l’arrivée du Père Noël, les piétons s’éloignent en beuglant et la rue reprend son calme vers 5 heures, quand Paris s’éveille…
Alors dans le bruit du frottement de la brosse sur la chaussée, les nettoyeuses approchent pour faire disparaitre les reliefs des exactions de la nuit …
Et nous riverains impuissants ne rêvons finalement que d’un appendice qui, tels les paupières masquant la lumière, nous permettrait de fermer tranquillement nos oreilles pour de paisibles nuits.
Rédigé par : Philippe | 23 janvier 2019 à 15:27
A Monsieur Martinet,
Le respect du droit? Quel est le respect du droit lorsqu'un restaurant développe une activité de bar sans la licence adéquate? Les riverains doivent respecter le droit, pas les restaurateurs malhonnêtes..
Rédigé par : Habitant du 11eme | 21 janvier 2019 à 11:46
l'adjoint chargé de la sécurité de la mairie du 11e s'est auto-satellisé dans le temps long auquel il renvoyait systématiquement les habitants indignés de leurs conditions de vie, notamment la nuit, et de l'inaction de la mairie
du reste, certains spécialistes de la nasa pensent avoir localisé l'adjoint dans le temps long grâce à leur sonde qui explore ultima thule : https://www.youtube.com/watch?v=MM8-yfBzgLk
les habitants du 11e ont fait le tour de ultima thule - et de l'adjoint - depuis longtemps
ils ont appris à leurs dépens que cela ne sert à rien d'argumenter avec le spécialiste du temps long
Rédigé par : un habitant du 11e, qui vit dans le temps court | 21 janvier 2019 à 10:10
Les citoyens semblent pas ou mal informés : depuis des années nous œuvrons dans le cadre de nos prérogatives pour améliorer cette situation que nous avons dénoncée à de nombreuses reprises. Les rondes de policiers 7j/7 ont été instaurées à notre demande. Et nous les renforçons chaque week-end. Il reste que le droit français est construit de telle façon que le tribunal administratif casse de nombreuses décisions de fermeture du commissariat. Quant à nos nouvelles prérogatives elles se trouvent aussi attaquées. Pour conserver une certaine puissance chaque institution agit avec prudence. Le juge est selon moi à convaincre. La séparation des pouvoirs est telle qu’il est difficile pour nous de faire valoir le droit des riverains. Nous agissons ; les riverains aussi. Cela crée de la convergence. Malheureusement tout cela est trop lent mais nous échappe, par respect du droit. Et je vous prie de croire que ça nous énerve au plus haut point !
Stéphane Martinet
Adjoint chargé de la sécurité
Rédigé par : Stephane Martinet | 20 janvier 2019 à 22:26
On comprend que la sanction de quelques jours de fermeture tous les x mois fasse finalement l'affaire des marchands d'alcool. Il suffirait pour régler le problème me semble-t-il après une première sanction de semonce de la part de la police, de décider la fermeture pure et simple du bar pour motif de récidive. Et si l'exploitant décide d'aller en justice qu'il le fasse. Il n'est pas sûr du tout de gagner. Et l'Etat est bien assez fort pour résister à de tels assauts...
Rédigé par : hugues | 20 janvier 2019 à 21:10
Quelle sera la couleur du gilet protestataire que nous devrons endosser pour nous faire entendre ? On enrage de ce mille feuille administratif ( policier, municipal, préfectoral, judiciaire) fiscalement coûteux, totalement inopérant.
Rédigé par : NL | 20 janvier 2019 à 20:34
La mascarade continue. La commission qui avait pour but de réunir les parties ne tient pas son rôle. Les gérants sans hésitation en profitent… puisque la voie est libre !
Les jeunes s'alcoolisent de plus en plus.Les services urgences des hôpitaux sont submergés le Week-end comme la semaine.
On continue de se désintéresser des riverains…
La Mairie du 11ème a si peur de perdre les prochaines élections qu'elle n'ose agir… Honte à elle
Rira bien qui rira le dernier.
Les copropriétés agissent. Les riverains se joignent…
Une réaction à Paris est en cours.
Samantha
Rédigé par : Samantha | 20 janvier 2019 à 18:48
Les citoyens qui s'interrogent sur les causes de l'inaction des élus et des forces de l'ordre, attendent les élections pour exprimer leur inquiétude.
Rédigé par : Haro sur les riverains ! | 20 janvier 2019 à 18:36