Rencontre en toute simplicité avec Cédric Villani et Anne Lebreton, sur nos dossiers autour d'une omelette et de tasses de thé...
On croit tout savoir de Cédric Villani, ses succès scolaires de premier de la classe à Louis le Grand qui l'ont mené à Normale Sup Sciences, "l'inaccessible étoile" des taupins ; sa carrière, ses distinctions et sa médaille Fields en 2010 ; son engagement en 2017 dans "La République en Marche" derrière Emmanuel Macron… On ignore pourtant qu'il aime l'omelette aux champignons, qu'il est capable de rester debout sans dormir plus de 24 heures et qu'il joue du piano avec talent.
Il avait en main notre manifeste du 16 juin destiné aux candidats aux prochaines élections municipales de Paris. Il serait difficile de trouver un sujet sur lequel nos positions s'opposent radicalement. En revanche il est friand de bémols quand il s'agit d'affirmer la tonalité de ses propos sur les sujets clivants. Par exemple la place de la voiture à Paris. Anne Hidalgo a raison (tonalité) mais il fallait s'y prendre autrement (bémols) et organiser une offre de substitution, autre que le métro qui n'est pas accessible aux personnes à mobilité réduite.
Autre dossier : il faut arrêter de densifier Paris mais ce qui est engagé va survivre : Tour Triangle, tours du XIIIe… Il semble un peu plus déterminé sur la Tour Montparnasse qu'on veut surélever, au grand dam d'associations comme Monts 14 et son président Patrice Maire, avec qui il est en contact. Et s'il avait été aux commandes, il n'aurait pas postulé pour l'organisation des JO à Paris en 2024. Comme on le comprend !
Sa position est ferme en tout cas et on l'en remercie sur la nécessité de conserver l'arme des fermetures administratives contre les lieux de vie (bars, clubs, discothèques...) qui n'ont aucun respect pour leur voisinage. C'est un sujet important sur lequel il pourrait s'inscrire en opposition à ce que préconise l'entourage de Mme Hidalgo mais en harmonie avec le gouvernement, son Ministre de l'Intérieur et le Préfet de police de Paris (notre tribune du 24 octobre).
Nous avons parlé de communautarisme et de lutte contre les dérives de la location saisonnière. Anne Lebreton, qui espère s'imposer sur Paris-centre, a reconnu qu'elle avait approuvé en mairie du IVe le bariolage des rues et du mobilier urbain à la veille de la quinzaine LGBTQ+ du mois de juin, ce que nous-mêmes avons vivement regretté pour le caractère discriminatoire de la démarche, contraire à notre désir d'estomper les différences plutôt que les exacerber.
M. Villani est resté muet sur ce point. D'une manière générale, il parait plus porté à enregistrer des messages qu'à y répondre. Nous lui avons confié que cette attitude nous convient car nous sommes davantage désireux de façonner l'opinion de nos futurs édiles que de leur extirper des engagements qu'ils s'empresseront de ne pas tenir.
Il a été semble-t-il réceptif à deux thèmes en particulier. L'un est que le sujet sensible en matière de location saisonnière n'est pas le chiffre de 120 jours qui ne concerne que la résidence principale mais la transformation massive de locaux commerciaux du type ateliers ou entrepôts en "résidences hôtelières" dont le statut commercial est déjà acquis. L'autre, qu'il semble avoir placé dans un lieu sûr de sa mémoire en vue d'un traitement futur, est la suppression des souillures (tags, affiches…) en mode LIFO (dernier entrant premier sorti) pour venir à bout de ce fléau en attaquant le problème à la base. On s'en est déjà longuement expliqué sur ce blog.
Gérard Simonet