De gauche à droite : Thomas Luquet, candidat mairie Paris-centre, David Frémiot, Gérard Simonet et Danielle Simonnet, candidate "La France Insoumise" à la mairie de Paris. Photo Elyse Lethuillier.
Chacun aura compris que la proximité des patronymes est une coïncidence. Nous sommes convenus toutefois d'une origine commune de nos ancêtres dans l'ancien duché de Lorraine, attribué par Louis XV à son beau-père Stanislas Leczinski en viager, jusqu'à la mort de ce dernier en 1766....
Excellente entrée en matière pour un dialogue de deux heures avec la candidate "La France Insoumise" à la mairie de Paris. Fidèle à notre démarche avec tous les candidats rencontrés à ce jour, nous nous sommes référé à notre manifeste du 16 juin 2019 qui précise "ce qu'on veut pour Paris et ce qu'on ne veut pas".
Disons tout de suite que Danielle Simonnet dans son insoumission ne semble pas aussi intransigeante que son mentor Jean-Luc Mélanchon. Sa vision de la démocratie repose sur le RIC (référendum d'initiative populaire) pour dire oui ou non à un projet. Pourquoi pas si on se sent capable de bien poser la question ?
Il y a d'ailleurs entre elle et nous des points d'accord : le refus des JO à Paris en 2024 (un RIC sur le sujet à Paris nous aurait évité la funeste aventure dans laquelle nous sommes engagés), l'opposition à la Tour Triangle, à une densification de l'espace vital au détriment de "la pleine terre" et des espaces verts, dont elle estime que chaque habitant doit disposer de 10 m² hors bois (de Boulogne et de Vincennes). Une ambition séduisante mais qui conduirait à remplacer, tout calcul fait, 21 % environ de bâti actuel par des espaces verts...
Elle s'est saisie d'emblée du sujet de la dette de la Ville en soulignant la responsabilité de l'Etat qui a réduit sensiblement ses dotations, pour dire que la dette de Paris est modérée par rapport à la majorité des grandes villes en France et ailleurs et ajouter que la maire actuelle en a tiré prétexte abusivement pour recourir au financement par des promoteurs privés. Tout espace est ainsi "devenu une proie" livrée aux "spéculateurs", alors qu'il aurait été plus judicieux d'emprunter pour financer ces investissements tout en réduisant les dépenses en faisant la chasse aux "gabegies" (exemples : cession des parkings publics très rentables à Indigo, le CPCU chauffage urbain à ENGIE…).
Sur la densification, nos opinions se rejoignent : il faut la repenser, ainsi que l'attractivité, en terme de Paris-Métropole (Grand Paris), de sorte que la densité de Paris intra-muros se réduise au bénéfice des départements de la couronne. C'est à ce titre qu'elle regrette la décision d'Anne Hidalgo qui a hésité puis décidé de postuler pour les JO de 2024, car ces jeux braquent les projecteurs sur Paris (qui accueillera, selon nos sources, 39 sites olympiques et 44 sites d'entrainement).
La propreté est pour elle un dossier important mais elle tient à dénoncer les inégalités de traitement en fonction des arrondissements. Elle affirme que le XXe est moins bien traité que les arrondissements de Paris-centre (dont nous avons pourtant tendance à nous plaindre…). Nous avons renouvelé à cette occasion l'indication que le sentiment de propreté ou de saleté dépend du paysage de la rue dans son ensemble et que l'état du mobilier urbain, maltraité, contribue pour une large part à la mauvaise impression générale.
Danielle Simonnet regrette à ce propos que la Ville ne mette pas à disposition des non-professionnels qui veulent communiquer de vastes panneaux d'affichage municipaux. Elle plaide pour un accroissement du nombre d'agents de propreté (nous lui avons rappelé que depuis 2001 les effectifs de la Ville sont passés de 40.000 à 55.000) en souhaitant qu'ils deviennent les artisans d'un lien social avec la population.
Au chapitre des déplacements, on note des convergences avec certains d'entre nous qui pensent que le temps de la voiture individuelle à forte dose est révolu dans les centres-villes et qu'il convient d'encourager les mobilités alternatives. Notre interlocutrice précise à ce propos qu'elle est contre les trottinettes en "free-floating" et qu'il faut les interdire. Elle enchaine sur une critique appuyée de l'état de nos transports publics. Faisant écho à un dossier publié ces jours-ci en Amérique par le magazine City Lab, elle fustige la ligne 13 du métro, archétype de l'échec en la matière, qui n'a d'égale dans le monde que les pires lignes de Sao Paulo et de Rio...
On attendait son point de vue sur notre critique de la politique dispendieuse de la Maire de Paris au profit des associations non institutionnelles qui reçoivent 300 Millions d'€ de subventions par an. Elle considère que leur soutien financier est justifié quand elles "exercent une délégation de service public", comprenez "une tâche à caractère social que la collectivité ne peut ou ne veut pas assumer" mais que, en tout état de cause, "l'usage des fonds doit être transparent et sa régularité régulièrement contrôlée".
Il n'y a de notre point de vue rien à redire à cela sauf que les activités les plus fantaisistes y sont éligibles en pratique et que leur contrôle est inexistant ce qui se traduit par la prolifération des bénéficiaires.
On a aussi parlé des impôts. Il ressort que Mme Simonnet serait friande d'un "grand soir fiscal" où les impôts locaux deviendraient progressifs, comme l'impôt sur le revenu. A chacun de faire ses comptes !
A propos du communautarisme, elle répond "respect de la laïcité". Ce qui veut dire qu'un communautarisme non confessionnel lui convient, quel qu'il soit. Elle peste en revanche contre Airbnb et dénonce la faiblesse des moyens affectés : 30 personnes seulement pour faire la chasse aux locations non autorisées sur Paris...
Enfin elle affirme qu'elle n'est pas "Hidalgo compatible", ce qui surprend car la Maire actuelle est alliée aux communistes, pourquoi pas alors aux "insoumis" qui ne leur sont pas si éloignés ? On verra ce qu'il en advient au second tour. Danielle Simonnet pèse 7% dans les sondages du jour. Un chiffre qui peut faire réfléchir...
Gérard Simonet
Les deux derniers paragraphes ne manquent pas de me troubler... Que signifie ce sibyllin "communautarisme non confessionnel" ? j'aimerais bien qu'on m'explique !Toute forme de communautarisme est incompatible avec les lois républicaines. Le droit à la différence ne doit en aucun cas conduire à la différence des droits.
Affirmer ensuite que "les Insoumis ne sont pas si éloignés des communistes" laisse perplexe. Sans doute certains insoumis ayant dépassé la soixantaine ont peut-être éprouvé une tendresse de jeunesse pour le marxisme, mais ce n'est sûrement pas le cas de la majorité, trop jeune pour en avoir eu la tentation.
Et question subsidiaire : et le patrimoine, dans tout ça ?
Rédigé par : Patrice Moine | 21 novembre 2019 à 01:29
Finalement, tout le monde fait le même constat et tout le monde semble avoir les mêmes objectifs : là où il y aurait d’énormes différences, c’est la façon dont tous ces politiques agiraient concrètement pour atteindre ces objectifs et là, quand il s’agit de connaitre leurs plans précis sur quelles priorités, leurs engagements chiffrés et le calendrier des mesures qu’ils mettront en oeuvre, il n‘y a plus personne....
...car ce qui m’intéresse, c’est justement ça : leur plan à 6 ans, le calendrier des mesures, leurs engagements fermes et chiffrés et savoir quelle équipe (avec les CV pour montrer leur compétences en la matière) gérera cette ville . Sinon ça ne vaut pas plus que du blabla ronronnant de n’importe quel(le) communiquant(e) de base d’une agence de pub.
Je n’achète pas un bocal de cornichons sans lire la notice détaillée des ingrédients dans lesquels ils baignent ....
Rédigé par : Mary | 20 novembre 2019 à 18:00