Nous avons alerté nos lecteurs avec notre article du 18 février sur le dépôt, par 60 députés, d'une proposition de loi pour interdire l'écriture dite inclusive dans la sphère publique. Nous en avons saisi parallèlement notre Député Pacôme Rupin, pour connaitre ses intentions et savoir ce qu'on peut attendre de cette initiative.
La langue française est notre patrimoine, au même titre que la nation "une et indivisible". Elle est sacrée comme le drapeau et l'hymne national. Elle est vivante néanmoins et soumise à l'usage mais une institution veille à son évolution. Il s'agit de l'Académie Française. Elle a rejeté en 2017 les principes de cette écriture.
Voici le message que nous avons adressé simultanément à notre Député :
Le Député LReM de Paris Pacôme Rupin au siège de l'association, face à Marie-Françoise Masféty-Klein et Geneviève Dupoux-Verneuil, membres du conseil d'administration, toutes deux attachées au respect de notre langue (Photo VlM)
Monsieur le Député,
Nous avons informé nos lecteurs du dépôt par 60 députés d'un projet de loi pour interdire l'écriture dite inclusive dans les services publics. Nous soutenons cette démarche car cette écriture porte atteinte à la langue française et la complexifie au moment où on devrait au contraire profiter du Brexit pour qu'elle redevienne la langue de l'Europe.
Je vous remercie de me dire si vous soutenez l'initiative de ces députés et si vous voterez le projet. Vous comprenez que c'est évidemment ce que nous espérons...
Bien cordialement
Gérard Simonet
18 février 2021
Réponse du Député :
Cher Monsieur Simonet,
Je vous remercie de m’avoir transmis l’inquiétude que vous avez concernant l’écriture inclusive.
Je partage votre avis et je suis personnellement opposé à son utilisation, je comprends que certaines personnes aient pu s’y raccrocher par idéologie mais je le regrette.
Au-delà de l’esthétique assez regrettable, elle vient complexifier la lisibilité de notre langue, celle qui est transmise et apprise à l’école et il y a bien d’autres manières d’inclure les différents genres avec de multiples formulations sans venir abîmer notre grammaire et notre graphie.
Cela étant, si nous légiférons sur l'usage de cette modification du langage, il nous faudra bientôt étudier l’autorisation des abréviations, logotypes et autres formes linguistiques bizarres qui heurtent parfois notre lecture. J’avais soutenu la parution de la circulaire signée par Édouard Philippe en novembre 2017 relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes officiels qui sanctuarise l’écriture académique. Pour le reste des organisations et institutions, je ne crois pas que ce soit à la loi de formaliser ces usages.
En outre, il n’est pas prévu que cette proposition de loi soit étudiée par l’Assemblée nationale. Elle n’a pas été inscrite par un groupe politique ni à l’ordre du jour des débats et à ma connaissance il n’est pas prévu que le groupe La République en Marche la dépose.
Concernant la langue européenne, le Français est très présent dans les échanges, même si l’anglais domine car il est parlé par une majorité des Européens. Le dernier eurobaromètre en 2017 sur cette question faisait état du fait que 38% des Européens qui parlent plus d’une langue parlent l’anglais tandis que 12% parlent le français, 11% l’allemand et 7% l’espagnol. Le sondage a aussi relevé que 67% des Européens estimaient que l’anglais était la langue la plus utile dans l’UE.
La proportion de la population qui parle anglais a certes diminué avec le Brexit mais pour qu’elle ne soit plus reconnue parmi les 24 langues officielles il faut qu’un vote à l’unanimité le décide au sein du Conseil de l’Union européenne. Or, l’Irlande ou Malte qui font partie de l’UE ont l’anglais comme langue officielle.
Je pense néanmoins que la francophonie demeure extrêmement présente dans les échanges et j’y suis comme vous très attaché. L’influence de la langue peut difficilement se décréter dans une union avec une telle diversité linguistique et, qui plus est, partie prenante dans des échanges internationaux qui font la part belle à l’anglais. Nous pourrions difficilement l’imposer aux populations européennes sans un consentement partagé. Notre langue reste malgré tout très appréciée et étudiée par les autres pays européens et je ne doute pas qu’elle continue d’avoir une importance et une attractivité.
En espérant avoir pu vous exposer mes positions en réponse à votre sollicitation,
Bien cordialement,
Pacôme Rupin
Député de Paris
3 mars 2021
Nous en avons accusé réception aujourd'hui en ces termes :
M. le Député,
Je vous remercie pour votre réponse.
Je suis assez déçu d'entendre que la proposition de loi a peu de chance d'être examinée car en l'état on constate que cette écriture "scélérate" se répand dans de nombreuses instances à commencer par la mairie de Paris qui l'affiche de manière ostensible sur son site officiel.
N'y a-t-il pas d'autres moyens de donner un coup de frein à cette dérive, à l'instar de ce qu'avait fait Édouard Philippe mais de façon plus large ? Et de mobiliser le groupe majoritaire ?
Bien à vous
Gérard Simonet
Postscriptum à nos lecteurs
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GS
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