Carrefour des Arts & Métiers, mars 2021 (Photos VlM)
La mairie de Paris lance une enquête sur Internet à propos d'une "nouvelle esthétique à Paris" auprès de tous ceux qui peuvent et souhaitent y répondre. Elle porte principalement sur le mobilier urbain. Je vais m'exprimer à ce sujet en étant conscient qu'il est impossible de le faire sans plonger peu ou prou dans le débat politique. Je demande à nos lecteurs de ne pas m'en tenir rigueur et relever que notre jugement à l'égard de nos élus quels qu'ils soient est toujours en nuances.
Mon premier commentaire est qu'il n'y a pas d'esthétique possible dans un cadre souillé. La photo du carrefour des Arts & Métiers montre que la laideur est installée sur les murs et c'est par là qu'il faut commencer en effaçant ces graffitis immondes et en s'assurant qu'ils ne reviennent pas. Les américains ont une expression savoureuse pour décrire un effort qui sans discernement serait futile et inutile : "lipstick on a pig", ce qui veut dire "du rouge à lèvres pour un cochon".
On est peut-être sur la bonne voie à ce propos : Colombe Brossel, Maire-adjointe de Paris pour la propreté, assure qu'elle a augmenté les budgets dédiés au service "DansMaRue" et elle a annoncé (pour bientôt ?) la création de postes d'agents chargés de veiller à l'environnement dans chaque quartier. Les résultats sont d'ores et déjà visibles : les affiches sauvages sont en voie de disparition et l'effacement des tags/graffitis est nettement plus performant.
On est loin encore d'avoir nettoyé Paris. Mais si on se préoccupe de son esthétique, il faut progresser dans cette voie et attaquer pour cela le problème à la base : accroissement des sanctions, vidéo-surveillance, suivi des réseaux sociaux, contrôle de la distribution et du transport des bombes de peinture...
Certains feront peut-être observer qu'il s'agit de mesures liberticides. Si une majorité de français le pensent, retirons nous sous la tente et laissons le fléau prospérer. Inutile alors de s’interroger sur l'esthétique de la Ville, installons nous dans la laideur et buvons la avec délectation. On fera en plus des économies qui pourront subventionner par exemple des écoles d'enseignement du street-art et fournir gratuitement des bombes à leurs adeptes !
Mais si comme je le crois nous sommes nombreux encore à désirer préserver le cadre de vie que nous ont laissé des générations de parisiens, si nous avons encore le goût de ce qui est beau, accentuons l'effort pour qu'il en soit ainsi comme nous y invite "La Tribune de l'Art" de Didier Rykner.
Il faut observer néanmoins que la Ville, avant même que ses citoyens se soient exprimés, a pris des mesures visibles, notamment pour les bancs publics. On en trouve place de la République ou sur les berges de la Seine, faits de madriers ou de traverses de récupération. Déjà tagués comme il se doit.
Nouveaux bancs publics place de la République
Sur un sujet comme celui-ci, on peut s'attendre à des frictions au sein du conseil de Paris. Les élus de "Paris en commun", regroupés autour de la Maire Anne Hidalgo, ne nous semblent pas dévorés du désir ardent d'épater les citoyens avec des mesures provocatrices voire boutefeu. En revanche leurs alliés les Verts (EELV) bénéficient d'un soutien relatif pour leur politique en matière de voirie et de déplacements mais on les considère capables d'accès de folie dès que leur idéologie se met en branle.
J'encourage nos lecteurs à répondre au questionnaire de la mairie de Paris néanmoins, mais sans illusion. Les décisions sont déjà prises, certaines exécutées comme on vient de le voir. Si la consultation était sincère, on pourrait compter sur les activistes de service pour faire pencher la balance. Il n'est pas inutile cependant de savoir quels sont les mobiliers urbains concernés et quels sont les choix proposés. Il n'y aura plus ensuite qu'à croiser les doigts pour que les décisions les plus absurdes, les moins soucieuses de notre culture et les plus préjudiciables à notre cadre de vie, ne nous soient pas imposées.
Paris doit rester la plus belle ville du monde ! Que la sagesse, la sobriété, le goût et le discernement soient avec nous pour que l'esprit des lieux soit respecté !
Gérard Simonet