Carrefour Archives/Plâtre. A droite l'école primaire de la "maison Jacques Coeur" au n° 40 (IVe) (Photo VlM)
La politique "Vélos" de la Ville de Paris n'est pas en cause. Redistribuer l'espace public en faveur des "circulations douces" dont les piétons et cyclistes font partie, au détriment des voitures est une politique à laquelle nous ne pouvons qu'adhérer. A quelques conditions cependant : la première est que les motos soient visées au même titre que les voitures. Elles font un bruit insupportable, polluent, roulent très vite, menacent la sécurité et occupent les trottoirs. Les "motards en colère" ont beau manifester avec leur fédération corporatiste, leur comportement est détestable.
Il faut parler des cyclistes aussi et autres utilisateurs d'engins souvent motorisés comme les trottinettes et les gyropodes : ils ont peu de respect pour les piétons et n’hésitent pas à les défier sur l'espace qui est affecté à leur protection : les trottoirs.
Hugues Mellanger est père de famille. Lui et sa femme viennent de vivre le traumatisme du renversement de leur petit garçon par une cycliste sur la voie publique, devant une école et sur un passage piétons. Il en parle sans pathos mais pose clairement la question de la protection des gens fragiles et des enfants dans cette ville livrée à trop de fous !
*********
Je suis en colère, très en colère. Hier, notre petit garçon, qui vient tout juste de souffler sa quatrième bougie, s'est fait renverser par un vélo. Sur un passage piétons juste devant l'école des Archives, à 50 centimètres de sa maman qui tenait notre fille ainée par la main. La scène m'a été rapportée par mon épouse au téléphone, ce qui la rend encore plus insoutenable. Le petit corps projeté sous la violence du choc, la tête qui vient heurter la chaussée, et pour finir le vélo qui roule sur notre fils allongé au sol, impuissant.
Tout cela à quelques pas des panneaux de la ville affichant fièrement "Refuser la priorité à un piéton est passible de bla bla bla...". Tremblez, assassins roulants, la ville affiche... en attendant, peut-être, un jour, de passer à l'action ? Fichu couvre-feu, qui transforme une jeune femme stressée (maman elle aussi, sans doute) en zombie-rocket à vélo.
La faute à pas-de-chance, me direz-vous ? Depuis des années que nous empruntons les petites rues du Marais pour déposer nos enfants à l'école et à la crèche, la même question me hante : à quel endroit le drame se produira-t-il ? Au carrefour des rues du Temple/Blancs-Manteaux/Simon Le Franc, où le marquage au sol est fait de petites lignes qui partent dans tous les sens, aux trois-quarts effacées, et que personne ne comprend ? Une "expérimentation temporaire", nous expliquait-on à l'époque. J'invite ceux qui ont expérimenté à laisser un commentaire.
Pour ma part j'ai déjà failli m'y faire renverser par un vélo. Rue des Archives, où les motos jouent au dragster jour et nuit ? Pour une fois, l'installation d'un radar pourrait potentiellement sauver des vies. Je ne parlerai même pas de la rue de Rivoli, pionnière des "coronapistes", dont la simple traversée devient un jeu de roulette russe : gauche, gauche, droite, gauche, droite sont les directions dans lesquelles vous devez regarder à minima pour rester vertical. La moindre erreur et boum ! Deux pistes vélo côte-à-côte, il fallait le faire !
Je me demande également pourquoi, à l'heure de la sortie des écoles, aucun employé de la mairie ne se trouvait présent pour sécuriser les deux passages piétons devant l'école de la rue des Archives. Cela restera sans doute un mystère...
Le Dragon protecteur du petit garçon
On nous dira probablement que la ville manque de budget. Il est vrai que l'argent de nos impôts vogue sur la Méditerranée pour des causes beaucoup plus nobles que la sécurité de la voie publique. Personnellement, à la place du responsable de la Voirie, je courrais dans la minute avec mon pot de peinture pour remettre en état tous les passages piétons actuellement à l'abandon (**). Juste par peur de me retrouver mis en cause lors d'un prochain drame. "Ne hoc ignorat", afin que nul ne l'ignore. En attendant, mon fils peut toujours compter sur son gros dragon violet, qui le protège des cauchemars, des vipères et des vélos. Et surtout, de l'incompétence des adultes.
Heureusement cet accident n'a pas eu de graves conséquences, il va bien. J'en profite pour rendre en vibrant hommage au professionnalisme de Mme Hamm, la directrice de la crèche des Blancs-Manteaux, qui a prodigué les premiers soins et a su, comme à son habitude, apporter les gestes et les mots justes.
Hugues Mellanger
(**) Comme en 2019 quand sur instruction comminatoire de l'Hôtel de Ville, il a toute affaire cessante bariolé des couleurs de l'arc en ciel des passages piétons sélectionnés des IIIe et IVe arrts, sans se soucier du code de la route et de l'opinion générale [NDLR]