Rue Beautreillis 17. Des aménagements qui font polémique.
L’heure du déconfinement ayant enfin sonné, les terrasses éphémères, à l’abandon depuis un an, reviennent dans l’actualité avec leur lot d’incohérences, d’abus et de tensions entre habitants. La rue Beautreillis à Paris IVe, à l’instar de nombreuses autres rues à Paris présente un bon palmarès des aberrations constatées partout ailleurs.
Tout dernièrement un nouveau commerçant de vente à emporter a profité du week-end de l’Ascension pour tenter de construire en vitesse une cabane entièrement close et couverte sur l’emplacement des deux dernières places de livraison encore disponibles dans la rue.
La réaction immédiate des riverains et le tollé général l’a obligé a démonter prestement ce qui s’apprêtait à être une toiture permanente et à réduire les panneaux clôturant sa terrasse.
Doit-on être surpris que la Ville, souhaitant aider les restaurants à se « refaire », accorde une terrasse à un restaurant qui vient tout juste de se créer et se destine uniquement à la vente à emporter ? Doit-on être surpris de constater que ladite terrasse s’étende au-delà de la vitrine d’origine et occupe aussi l’espace devant la boutique voisine qui elle n’a rien à voir avec la restauration rapide ? Doit-on être surpris d’apprendre que cette fameuse charte de la ville de Paris autorise les commerçants à « donner leur place » de livraison si un restaurant mitoyen leur demande ?
Malheureusement non, on ne doit plus être surpris, il faut faire avec en espérant une solution plus satisfaisante.
Nous riverains ne nous opposons évidemment pas à l’usage partagé de l’espace public et à son occupation « éphémère » par les restaurants qui ont besoin d’être soutenus (et à qui l’on souhaite du succès) mais nous demandons instamment à la mairie de Paris Centre et/ou à la mairie de Paris :
De rétablir les deux places de livraison indispensables au bon fonctionnement des activités professionnelles, de sécurité et à la vie courante des riverains (déménagements, travaux, circulation). Actuellement les deux seules places « Livraison » sont occupées par des terrasses alors que les places de stationnement servent au stockage des tonneaux installés précédemment par ces mêmes commerçants. Il serait logique que les places de stationnement soient attribuées aux terrasses éphémères et que les places de livraison reviennent aux livraisons. Les commerçants devraient choisir entre leurs terrasses éphémères ou leurs jardinières.
De rendre les terrasses éphémères « non fumeurs ». Les habitants situés juste au-dessus ne veulent pas être intoxiqués par les fumeurs attroupés sous leurs fenêtres.
Nous comptons également sur la sincérité et le sens des responsabilités des commerçants signataires de la charte sur les terrasses éphémères qui se sont engagés à :
ni clôturer, ni couvrir leur installation qui doit être facilement et rapidement démontable et esthétique.
respecter l’usage (entre 8h et 22h) et à veiller au respect de la tranquillité et de l’activité du voisinage.
s’interdire tout dispositif de publicité, de chauffage, de climatisation, de brumisateur ou toute autre installation électrique ou mécanique.
ne pas diffuser de musique.
maintenir propres les espaces en extérieur en toutes circonstances et à toutes heures de leur exploitation.
laisser libre sur le trottoir un espace d’au moins 1,60 mètre de largeur pour la circulation des piétons.
Et le plus important, les riverains doivent pouvoir compter sur un appui ferme des pouvoirs publics pour faire respecter au minimum les clauses de cette charte si permissive, rédigée par la mairie. Cela éviterait bien des conflits entre voisins ; discussions houleuses se terminant systématiquement par des noms d’oiseaux, des volées d’injures, des menaces, des intimidations proférées par les commerçants les plus véhéments (ils se reconnaîtront …)
Pour l’heure, le mauvais temps et le couvre-feu limitent l’usage des terrasses et empêchent les débordements, mais les beaux jours arrivent …
Vigilance et mobilisation sont donc indispensables.
Berges rive droite à hauteur du Pont Neuf (Photo Reporterre)
"Reporterre", le "Quotidien de l’Écologie",publie une tribune de Frédéric Héran, économiste, urbaniste et maître de conférences à l’université de Lille 1, qui contredit le rapport que la Région Île-de-France diffusait il y a deux mois en critiquant la mesure.
Il faut prendre connaissance de cette tribune. Nous savons bien que les opinions sont partagées sur ce dossier et varient en fonction des intérêts de chacun. Mais au-delà de cette constatation, il reste les tendances lourdes : l'exemple des autres grandes villes, la lutte contre la pollution de l'air et l'encombrement des rues, la nécessaire baisse de la dépense énergétique. Le Député LREM du IVe Pacôme Rupin nous confiait récemment que si son mouvement était amené à conquérir la mairie de Paris, il ne reviendrait pas sur la fermeture des berges.
Le plaidoyer de Frédéric Héran, de notre point de vue, est intéressant mais on peut regretter qu'il reproche au rapport du conseil régional ce qu'il pratique lui-même, à savoir une argumentation visiblement partisane et un brin manipulatrice elle aussi.
Il fait peu de doute cependant que ce qu'il annonce soit vrai : la circulation a baissé de façon sensible à Paris dans son ensemble, du fait sans doute de "l'évaporation" (il vaudrait mieux parler ici de "sublimation") de trafic dont il parle.
In Memoriam : Valentino, 13 rue des Archives (IVe) - "Le flux les apporta, le reflux les remporte... - Corneille - Le Cid - acte IV scène 3"
Du 9 au 13 de la rue des Archives (IVe), cinq boutiques de luxe ont été ouvertes il y trois ans dans les immeubles qui appartiennent au BHV/Marais (Groupe Galeries Lafayette). Cinq griffes prestigieuses y ont installé leur boutique : Gucci (Kering), Givenchy (LVMH), Moncler (Remo Ruffini), Fendi (LVMH) et Valentino (propriété d'un fonds qatari).
La population les a accueillis froidement en dénonçant le caractère austère et répétitif de leurs devantures. D'autres se sont plaints de l'évolution de leur environnement familier vers un luxe qui leur devenait inaccessible. Tout en reconnaissant que ces réactions étaient légitimes nous avons fait plusieurs fois observer que ces commerces ne créaient aucune nuisance et que si leur esthétique ne contribuait pas à égayer la rue elle ne l'enlaidissait pas pour autant.
Ce que nous jugions plus préoccupant avec ces boutiques c'était leur absence de fréquentation. On a pu constater pendant ces trois années qu'en dehors des deux ou trois employés qui assuraient l'accueil, il n'y avait jamais personne à l'intérieur. Chacun y est allé de son explication : "les marques veulent une vitrine dans le Marais et sont prêtes à en payer le prix..." ou "ces boutiques sont le fruit d'une erreur marketing dont les conséquences seront tirées un jour...".
Il semble que Valentino ait décidé de faire droit à la deuxième hypothèse. Une affiche annonce sa fermeture et l'occupation prochaine de la boutique par un horloger de luxe "Royal Quartz Paris" qui ouvrira au printemps prochain. A vrai dire, on note le changement mais on est en droit de se dire qu'on ne change pas de paradigme : on est et on reste dans le luxe et le prestige.
Pourquoi pas. Mais qu'en sera-t-il des autres si, comme on le craint, ils perdent de l'argent depuis trois ans ? Quelle est leur capacité de résistance ? et celle surtout de leurs actionnaires ? Peut-on croire qu'en dépit de l'ambiance qui règne dans cette partie du Marais, qui n'a rien de l'avenue Montaigne, les acheteurs du golfe qu'on attendait rue des Archives décident effectivement de s'y encanailler un peu ?
La Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) instituée en 1959 par le Conseil de l'Europe a son siège à Strasbourg
Sur le fondement de l'article 8 qui établit le "droit au respect de la vie privée et familiale" dans la Convention Européenne des Droits de l'Homme, la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) vient de condamner la conseil municipal de la ville de Valencia (Valence) - Espagne pour n'avoir pas pris les "mesures visant à faire cesser les bruits émanant de bars, pubs et discothèques" dans certains quartiers. (Le Monde, Blog SOS Conso - Rafaële Rivais)
La CEDH considère qu'il y a "violation de l'article 8" et condamne la Ville au paiement de 7.000 € pour préjudice et 6.671,26 € pour frais et dépens. (On peut télécharger le jugement en anglais ICI)
Cette décision, qui fait jurisprudence européenne en France comme ailleurs dans l'UE, a fait droit à la requête n°23383/12 du requerrant espagnol Miguel Cuenca Zarzoso contre la Ville. Des demandes similaires avaient été précédemment rejetées par la Cour Constitutionnelle d'Espagne. La Cour européenne des Droits de l'Homme leur oppose donc un démenti.
Le centre de Valence et la cathédrale Sainte Marie (XIIIème siècle)
Nous allons dédier cet article à la Délégation à la nuit de la mairie de Paris qu'anime Frédéric Hocquard. Une structure créée en 2104 qui s'est essentiellement occupée depuis à promouvoir, parmi d'autres, l'activité nocturne d'organisations comme Culture Bar Bars dont l'objectif est de donner licence à tous les bars d'organiser des concerts nocturnes de musique amplifiée.
La décision qui concerne Valence est porteuse de deux messages : la nécessaire prise de conscience des municipalités que leur responsabilité est pénalement engagée si elle ne font pas régner le calme la nuit et, pour les citoyens dont la tranquillité n'est pas respectée, la perspective d'obtenir la reconnaissance de leurs droits, si nécessaire, par des décisions de justice.
En France les décisions pleuvent. SOS Conso s'en fait l'écho :
Acquarelle de Michel Duvoisin. Paris 3ème et 4ème arrondissements - Éditions Équinoxe.
"La poésie de rentrée sur 2018" de notre sympathique inconnue m'a donné l'idée de poursuivre dans cette veine poétique pour mettre en exergue les pages principales de notre combat contre l'incivilité, en préservant et mettant en valeur notre patrimoine et notre art de vivre".
Michel du Marais
Cliquez dans la flèche pour entendre pendant votre lecture du poème l'Impromptu n°3 en Sol bémol de Franz Schubert dans l'interprétation sublime qui en est donnée par la jeune pianiste Olga Jegunova. Wladimir Horowitz est dépassé. Seul Murray Perahia fait aussi bien. Une référence !
GS
Ballade pour Paris
Quatrain véloce
Régression de la trottinette
Agression des rollers sur pieds
Et pauvres passants oubliés
Chahutés comme des marionnettes
Quatrain musclé
Paris, branle bas de combat
Quand des tagueurs tristes et viles
Salissent les sergents de ville
ACAB: Assez, C'est Assez, Basta !
Quatrain marchand
Passants pris au piège des espaces de vente,
A la queue leu-leu et entourés de nervis
De la publicité les sinistres servantes
Des réductions de prix, des atteintes à la vie !
Quatrain flyer
Des afficheurs de pub, des marchands de tapis
Qui fixent à tour de bras leurs infos exotiques
Sur tous les pylônes et sur tous les abris
Las, le piéton-chaland les voit comme des tiques
Quatrain motard
La colère est dit-on mauvaise conseillère
Et donne un coup de vieux, comme la pollution
Motards de tous les droits et des belles œillères
Ami du bruit, te mettre au pas, c’est ta sanction !
Quatrain climatique
Un coup de froid sans la moindre gelée dans l'air
On ouvre en grand le gaz, le plein de CO2
Pour réchauffer les terrasses comme pas deux!
Et l'Accord de Paris ? Et quid des pauvres hères ?
Quatrain canin
Beuh-Ah les déjections canines qui dégoûtent
Que l’on doit éviter, que l’on doit contourner
Transformant nos parcours en espaces de joute
Amis des animaux et de la propreté
Quatrain sonore
Ballet de décibels écorchant les oreilles
Des riverains arrachés des bras de Morphée
Qui appellent au silence les coryphées
Des fêtards amateurs de sons et de merveilles
Quatrain juridique
Ceux qui se jouent des lois, aiment se goberger
Insultant le voisin, des serpents à sornettes :
Vous ne fermez pas l’œil, et bien déménagez !
Pour faire prospérer nos sinistres guinguettes
Quatrain machiste
Difficile à changer, ces habitus « malins »
Mots intolérables, violences conjugales,
Inculture bar-bar(e), malaise au quotidien
Faire vivre un combat pour l’égal à égale
Quatrain historique
Paris ! On s'est aimé, on s'est battu sous tes murs
Nouvel accès au WHO's par la rue Pierre au Lard (IVe) (Photo VlM)
Cette excroissance du bar-restaurant le WHO's, dont l'entrée principale est 14 rue St Merri, le long du boyau qu'est la rue Pierre au Lard, ne cesse de défrayer la chronique depuis la rentrée 2017. Présentée comme un lieu affecté à la restauration, on a très vite compris que ses gérants le concevaient comme une boite de nuit.
Il suffit pour s'en convaincre de visiter les sites Internet qui en font la promotion. De fait, du mercredi au samedi soir, il se passe peu de nuits où la musique généreusement diffusée et amplifiée ne vienne empêcher les voisins de dormir. Le local est attenant à l'immeuble Ville de Paris qui se trouve au 16 rue St Merri. Les locataires qui vivent là sont au comble de l'exaspération. L'un d'eux s'est vu prescrire un traitement avec certificat médical attestant qu'il souffre des conséquences de la privation de sommeil qu'il subit du fait du tapage nocturne à côté de chez lui.
La mairie et le commissariat central du IVe se sont mobilisés pour lutter contre cette nouvelle nuisance au cœur de l'arrondissement. Deux actions ont été déclenchées à l'encontre du gérant. En premier lieu, la Préfecture de police de Paris a fait intervenir son "Pôle Études et Contrôles" (ex BACN) qui a conclu à l'obligation pour l'exploitant de faire procéder sous deux mois à une étude d'impact par un acousticien agréé. De cette étude devrait découler la décision pour l'exploitant de renoncer à diffuser de la musique ou de mettre en œuvre les adaptations requises, qui peuvent s'avérer couteuses (cf notre récent article sur l'initiative de M. Hocquard).
Par ailleurs, au vu des nombreuses plaintes qui ont été déposées ces derniers mois pour tapage nocturne et occupation de l'espace public, le cabinet du Préfet de police vient de prendre la décision de retirer au WHO's l'autorisation de nuit dont il bénéficiait.
Il reste donc au WHO's à méditer sur son sort, après avoir pourri la vie de personnes qui ne lui demandaient rien et n'aspiraient qu'à vivre tranquille. Voici huit années que des promoteurs de la fête ont entrepris de transformer l'îlot St Merri/Pierre-au-Lard en "Île Merveilleuse" façon Pinocchio et rencontrent une dure résistance des riverains et le rejet de leurs projets par les autorités administratives, mairie et police.
Rencontre de Frédéric Hocquard (à l'extrême gauche de la photo) avec des membres du Réseau "Vivre Paris !" en mai 2014, après sa désignation comme responsable de "la nuit" à la mairie de Paris (Photo VlM)
En réaction à notre article du 3 janvier qui dénonce l'aide apportée par la mairie de Paris et les services que dirige M. Hocquard à un bar du IIIe qui s'est distingué depuis des mois par les perturbations qu'il crée dans son quartier, l'élu du XXe, nommé Adjoint à la Maire de Paris en octobre 2017 en charge de toutes les questions relatives à la vie nocturne et à l'économie culturelle nous envoie le message suivant :
Chers amis du réseau Vivre Paris !
Tout d'abord permettez moi de vous présenter meilleurs vœux pour l'année qui commence. Pris à partie, une nouvelle fois, dans votre newsletter, je me permets de vous répondre brièvement pour rétablir certaines vérités et certains faits.
Je n’ai aucunement lancé une souscription en faveur de l’insonorisation du bar La Mutinerie mais j’ai relayé leur campagne de crowdfunding. Ce qui n'est pas la même chose.
Il m’a semblé en effet positif de relayer la démarche d’un établissement qui, en butte à des problèmes de tapage nocturne avérés, décide de faire dans l’urgence des travaux et en appelle pour ce fait à la générosité du public.
Si tout les établissements qui sont dans le même cas réagissaient de la même manière, nous aurions certainement moins de conflit de voisinage.
Comme vous le savez, mon point de vue n’a pas varié depuis 3 ans : Paris doit rester une ville où l’on peut sortir et s’amuser le soir, mais pour cela, il faut respecter le voisinage et ne pas empêcher les gens de dormir. Les actions de régulations, de sensibilisation et de médiations, issues du conseil de la Nuit, que la Ville (et la préfecture de Police) mettent en place depuis trois ans vont toutes dans ce sens.
Toutes les mesures et initiatives d’insonorisation et de prises en compte des nuisances pour le voisinage sont donc bonnes à prendre et à accompagner. Ici, ce bar se propose de faire un crowdfunding pour cela. Il me semble donc utile de le relayer afin que les activités se poursuivent tout en prenant véritablement en compte la tranquillité des riverains.
Bien cordialement
Frédéric Hocquard
Nous sommes désireuxd'entretenirdes relations constructives avec lui-même et son équipe mais il faudrait qu'au préalable chacun se souvienne que la nuit 5 % de la population est active contre 95 % de gens qui veulent dormir pour se reposer de leur journée de travail et de déplacements fatigants. A la mairie de Paris, on ne se préoccupe au titre de la nuit que de ceux qui l'exploitent ou la consomment : bars, boites de nuit, industriels de l'alcool et du matériel sonore, et fêtards. C'est pour eux qu'on a mis en place à grands frais l'équipe de Frédéric Hocquard qui ne compte pas moins de six personnes (alors qu'elle n'existait pas avant 2014).
S'agissant du bar "La Mutinerie", ce n'est qu'après de multiples plaintes de riverains ponctuées de fermetures administratives temporaires pendant trois ans que les gérants de l'établissement contraints par la Préfecture de Police ont décidé d'entreprendre l'insonorisation de leur local. Les présenter comme des gens vertueux qui se préoccupent du bien-être général fait tout juste naitre chez nous un sourire entendu...
Il y a aussi la question du fichier de destinataires de l'appel au financement de ce bar, dans lequel certains d'entre nous se sont reconnus, un fichier qui est détourné de sa vocation initiale qui est la communication entre la mairie et ceux qui participent aux travaux sur la nuit à Paris. Il n'a jamais été prévu, et qu'en penserait la CNIL, que cet outil et son usage financés par l'impôt, soit mis à disposition d'intérêts privés dont le comportement est mis en cause depuis trois ans par la police.
Nous sommes prêts à rencontrer M. Hocquard pour en parler et essayer avec lui d'établir des relations qui fassent aux habitants la place qui doit être la leur dans le débat sur les activités nocturnes de Paris. C'est le vœu que nous formulons avec ardeur en ce début d'année 2018 en réponse à M. Hocquard et il ne dépend que de lui de l'exaucer. Nous regrettons de dire que ce n'est pas encore le cas aujourd'hui.
Le "Maron Institute of Urban Management" - New York University - New York, NY 10011, a été attentif à notre article du 29 décembre 2017 qui traitait de la légère baisse de la population parisienne entre 2010 et 2015 et de nos commentaires sur la migration des entreprises et des habitants vers la petite couronne.
Réaction d'Alain Bertaud, urbaniste international, du Maron Institute :
"Au sujet des densités urbaines, dans la grande majorité des grandes villes du monde les densités résidentielles diminuent dans le centre (Paris intra muros peut être considéré comme le centre ville de l'Ile de France). Même dans les villes qui construisent encore des gratte-ciels dans leur centre ville la densité diminue si les villes restent prospères Shanghai, Séoul, etc.
De plus hauts revenus est synonyme de plus d'espace plancher, non seulement pour les logements mais pour les services, écoles, restaurants, salles de gym, etc.
Prenez connaissance de l'article paru dans le Wall Street Journal sous la signature de Solly Angel du Maron Institute qui a étudié l'évolution des densités de 200 villes du monde (Télécharger l'article "In praise of urban sprawl" (Apologie de l'étalement urbain)
Toujours friands de plaisanteries, comme le sont les anglo-saxons, l'auteur nous livre cette réflexion : "Dense urban living discourages child rearing. It is no surprise that there are 80,000 more dogs than children in San Francisco". (Un habitat trop dense décourage la natalité. Il n'est pas surprenant qu'il y ait 80.000 chiens de plus qu'il n'y a d'enfants à San Francisco).
Paris, le pont Saint-Michel, les Invalides, la Tour Eiffel...
Sous la plume de Mathilde Goupil, l'Obs du 27 décembre nous a livré une analyse de la démographie de Paris. Le magazine "Le Point" et le quotidien "Le Parisien" ont fait de même, comme si l'information qui vient de tomber de l'INSEE était d'une importance capitale.
Que dit l'INSEE ? Tout bonnement que Paris affiche une baisse de 1,8 % du nombre de ses habitants entre 2010 et 2015 et que nos arrondissements centraux sont plus concernés que d'autres. La façon dont cette information est choisie, présentée et commentée, comme c'est le cas trop souvent avec les médias, traduit sans le dire l'opinion de la journaliste. Quand elle écrit : "Pourquoi les parisiens fuient Paris ?" elle sous-entend qu'ils s'en éloignent comme s'il y avait la peste...
La tonalité est la même chez ses confrères. Il y a dans cette profession, que nous estimons tous pourtant, une tendance marquée au "panurgisme". On a le sentiment que le besoin pressant de boucler l'édition chaque jour pousse ceux qui produisent l’information, et conditionnent l'opinion, à rester au voisinage d'un consensus général qui se construit jour après jour autour des thèmes de l'actualité, suivant un processus qui doit beaucoup à l'intoxication.
Ainsi, on sent depuis quelques temps qu'il est de bon ton d'accabler la Maire de Paris Anne Hidalgo. Il y a sans doute des raisons objectives de le faire et nous-mêmes ne nous en privons pas. Mais sous-entendre, car c'est bien de cela qu'il s'agit, que les parisiens "fuient Paris" parce que tout va mal à Paris, c'est aller trop loin !
On pourrait, si cette tendance au Hidalgo-bashing n'était pas si pressante, procéder à une analyse objective de l'information. Ainsi, demandons nous d'abord pourquoi la baisse de la population ne serait pas au contraire un bienfait à porter au crédit de Paris ?
Notre ville est la plus dense d'Europe avec 21.000 hab/km² environ. Elle manque de respiration et on en souffre beaucoup dans les épisodes de forte pollution. A cette observation, s'ajoute le fait qu'elle est la plus visitée au monde. Sur la base de 40 millions de visiteurs par an qui y séjournent entre 4 et 5 nuitées, ce sont 490.000 personnes qui séjournent chaque jour à Paris et s'ajoutent à sa population, dans les lieux publics, les transports en commun....
Touristes sur l'esplanade du Trocadéro
Il faut réaliser de plus que ces visiteurs ne se retrouvent pas disséminés dans Paris. ils se concentrent sur les sites attractifs, notamment le centre historique (Marais, les Îles, Beaubourg), Montmartre ou le Trocadéro.
Madame Hidalgo n'a aucune responsabilité face à cette réalité. Ce que nous pouvons lui reprocher, c'est de la voir comme une tendance qu'il faut inverser en augmentant l'attractivité de Paris. De là des "Gay Games" en 2018, le maintien de Roland Garros au détriment des serres d'Auteuil, les JO de 2024, l'Exposition Universelle en 2025...
Il faut en particulier qu'elle cesse de raisonner sur un Paris intramuros. Le Paris d'aujourd'hui, c'est la "métropole du Grand Paris", qui englobe la petite couronne (Hauts de Seine, Seine Saint-Denis, Val de Marne) et ses 7 millions d'habitants. A ce niveau-là, il n'y a pas de baisse de la population mais une hausse de 31.000 habitants par an. Tout au contraire, c'est une restructuration rationnelle du territoire qui se met en place avec des entreprises qui se déportent hors des murs de Paris (*) et des habitants qui vont vers elles pour tirer profit de logements plus grands et moins chers et de temps de transports plus courts.
Siège social d'entreprise implanté dans la verdure en dehors des murs de Paris (Alamy)
Pendant ce temps, le centre historique et les sites remarquables assistent relativement impuissants à une évolution de leur habitat. On constate par exemple depuis quelques mois, à la lecture du bulletin municipal officiel (BMO) de la Ville de Paris, une reconversion de locaux commerciaux en résidences hôtelières. On s'est plaint dans le passé de vivre dans le IIIe au milieu d'ateliers et d'entrepôts de stockage de marchandises (inflammables). Ces activités sont en voie de disparition mais la nature ayant horreur du vide quelques espaces libérés vont servir de substituts aux appartements Airbnb qui sont par ailleurs justement décriés par la population des résidents et sévèrement réglementés par les élus de l'Hôtel de Ville.
Le plus difficile sera de trouver un équilibre entre la nécessité de conserver de vrais habitants dans les quartiers concernés, qui alimenteront un vrai commerce de détail, et d'accepter la cohabitation avec des touristes. La plupart de nos immeubles du centre sont enregistrés sous le statut d'habitation. La mairie de Paris n'accepte pratiquement pas leur reconversion en "commercial" et la location saisonnière, qui est une activité de nature commerciale, est sérieusement bridée en milieu "habitation". Il y a donc une limitation naturelle à l'expansion de ce nouveau business.
De ce point de vue, la création de logements sociaux au cœur de ces secteurs sensibles, qui apportera du sang neuf à la population, sera un facteur d'équilibrage entre résidents et touristes. On peut s'en réjouir pour autant qu'elle ne soit pas financée par l'impôt et/ou par la dette, ce que les classes moyennes craignent fortement. A l'opposé, ce fragile équilibre serait mis à mal si on abandonnait certains de nos quartiers à la fête et à l'agitation nocturne. On considère d'ailleurs que ces dérives sont à l'origine du différentiel de baisse de la population entre le IIIe et le IVe arrondissements (2,8 vs 1,7 %).
Terrasse et benne à ordures rue Montorgueil (IIe)
De la même manière, il faut être d'une extrême prudence quant à la piétonisation des rues en constatant que le record de baisse du nombre d'habitants est enregistré dans le IIe (9,5 %) où les rues Montorgueil et Saint-Denis sont sympathiques sans doute mais invivables.
On peut donc raisonnablement penser que le déficit démographique va se maintenir un temps tandis que progressera vers une asymptote le nombre des logements dédiés à l'hôtellerie (dont les clients n'apparaissent pas dans les statistiques de population). Il est probable que la somme des deux, loin de décroitre, ira modérément crescendo et c'est bien son évolution et la distribution de ses composantes qu'il faudra suivre avec attention car de leur maitrise dépendra la qualité de vie des habitants.
En conclusion, que les commentateurs se calment, il n'y pas la peste à Paris (malgré la présence de rats) et la démographie du Grand Paris est tout à fait vivace !
Gérard Simonet
(*) Il est intéressant de relever que les quatre grands internationaux de l'expertise comptable et financière : KPMG, Deloitte et Touche, Ernst & Young et Price Waterhouse Coopers sont principalement implantés dans la petite couronne
Place de la République, souvenir de "Nuit Debout", avril 2016
En réaménageant la place de la République, les têtes pensantes de la mairie de Paris auraient pu en faire un espace où le minéral et le végétal auraient cohabité pour offrir à la population parisienne un lieu de détente et de respiration, avec une pensée pour les riverains qui sont venus vivre là parce qu'ils aimaient ce quartier en bordure du centre, à la jonction des Grands Boulevards.
Une fois de plus, l'idéologie s'en est mêlée. On en a fait le lieu de toutes les revendications nationales et planétaires, le départ de cortèges, le siège de happenings stériles comme ces nuits à dormir debout qui ont voulu ressusciter mai 68 et ont sombré dans un bide absolu, après avoir pourri les nuits de ceux qui vivent autour.
Plusieurs de ces riverains sont venus vers nous espérant une aide. Nous avons fait ce qui est en notre pouvoir. Nous avons dénoncé notamment la passivité du Préfet de police qui a pris arrêté sur arrêté pour que le bruit et les désordres cessent mais n'a dû qu'à l'arrivée des vacance d'été que le phénomène trépasse de sa belle mort.
L'agitation générale a repris dès septembre 2016 et n'a pas cessé depuis. Un de nos adhérents nous envoie cette lettre qui a quelque chose de pathétique :
Je vous envoie ma cotisation mais ce sera certainement la dernière fois que je participerai à votre association car j’ai quitté Paris en Juillet dernier pour m’installer dans un village situé à côté de Fontainebleau.
En effet, la vie était devenue insupportable à mon ancien domicile de la Place de la République ... théâtre permanent des manifestations quasi quotidiennes, cette place est devenue dangereuse et je ne m’y sentais plus en sécurité ... ajoutez à cela les événements majeurs comme Nuit Debout ou la pléthore de concerts pour lesquels nous n’étions pas prévenus devant supporter des sons non réglementaires jusque tard dans la nuit.
D’autre part, habitant au dessus du KFC avec sa terrasse non réglementaire (malgré les affirmations erronées de Mme Frey de la mairie du IIIe ... ) qui constitue un renfoncement isolé dans lequel s’abritent les toxicomanes pour se droguer ou encore avoir des rapports sexuels ... fatigué des livraisons de cet établissement au cours desquelles les camions montent sur le trottoir déracinant les arbres en reculant (un arbre a dû encore être abattu dernièrement... ), fait que j’avais signalé à la direction de l’urbanisme, voulant m’assurer que les frais de remplacements des arbres seraient bien refacturés à KFC, mes courriers étant restés sans réponses, je peux donc en conclure que ce sont mes impôts qui financent cela ... et je ne le tolère pas.
Je suis arrivé à Paris République en 1998, je suis tombé amoureux de ce quartier mais je ne l’aime plus car je ne m’y sens plus en sécurité ... je n’aime plus Paris à cause de la politique de la municipalité et de sa Maire et j’ai décidé de ne plus contribuer à ses délires démagogiques en ne lui donnant plus ma taxe d’habitation ...
Dans mon ancien immeuble, déjà trois familles ont aussi quitté le quartier !
La vie à la campagne est bien plus douce ... mais ne le disons pas trop fort, ils nous conseilleraient une fois encore de partir dans la région de Rodez ou ailleurs !
Roland C...
Bye bye Roland, snif... On s'étonnera ensuite que Paris perde des habitants. Et soit livré au tourisme de masse dont les plateformes de location touristique font leurs choux gras en proposant à prix d'or les logements que les parisiens abandonnent.
Berges rive droite, le pont Notre-Dame (IVe) : le débat autour de leur fermeture est l'arbre qui cache une forêt très dense (Photo VlM)
Au café du commerce, où se tiennent les grands débats aujourd'hui sur la pollution, on reproduit sans le savoir les dialogues des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, et la guerre picrocholine entre ceux - adversaires irréductibles - qui ouvrent l'œuf à la coque par le grand bout et ceux qui l'ouvrent par le petit.
A Paris en ce moment, il y a ceux qui ragent et pestent contre le réaménagement des berges rive droite et ceux qui s'en réjouissent.
Laissons de côté délibérément les mesures de pollution et de trafic puisque chacun les manipule et les utilise au bénéfice de sa propre rhétorique, et faisons appel au simple bon sens. Voici ce qu'il en ressort :
La fermeture des voies sur berges fait-elle baisser la pollution de l'air sur les berges ? Oui si on promène son nez au ras du bitume. Mais la différence est infinitésimale car l'air a la fâcheuse propriété de se déplacer au moindre souffle et n'hésite pas à monter sur les quais hauts... ou redescendre si bon lui semble.
D'accord, mais les berges sont-elles plus agréables qu'avant ? Sans aucun doute, si je suis piéton habitant des quartiers riverains. Cet espace, qui mérite plus que jamais la distinction de l'UNESCO est une sorte de paradis dans Paris. Pas d'accord si je vis en banlieue et dois me rendre à Paris. Le trajet du pont de Saint-Cloud à Bercy est sensiblement plus long.
Le temps va-t-il arranger les choses ? "C'est ce qu'on pense", disent ceux qui misent sur un changement de comportement des utilisateurs du parcours. "Il faut simplement du temps à ce temps et parier sur la mise en œuvre des nouveaux moyens de transports en commun annoncés pour 2018 (le tram bus)". Les autres ne le croient pas et ont certainement raison à court et moyen-terme.
Entre porte de St Cloud et Bir Hakeim : voitures réduites à la portion congrue au profit de vélos qui ne semblent pas s'y précipiter (Youtube)
Pourquoi si les décisions sont à ce point discutables, tout ce charivari dans Paris et des travaux qui accroissent encore la gêne des gens qui circulent ? Réponse : la pollution de l'air. Les parisiens ne veulent pas mourir asphyxiés par les gaz d'échappement de véhicules à moteur thermique. C'est légitime. Mais la pollution parisienne est-elle le fait de Paris ? En partie évidemment car en effet les gaz nocifs et les particules s'accumulent dans le bassin géologique en l'absence de vent. On le voit bien sur les photos de ce genre d'épisodes.
Le smog de Paris : pic de 2012
Sauf que la pollution de Paris vient aussi et abondamment d'ailleurs, y compris d'Allemagne qui a décidé maintenant de bruler du charbon pour produire son électricité et rejette son CO² et autres produits de la combustion dans l'atmosphère c'est-à-dire chez nous quand la France est concernée par un flux de Nord-Est.
N'empêche, l'Allemagne a eu le courage d'arrêter le nucléaire. Du courage en effet, pour revenir aux centrales thermiques dont le combustible est à l'origine de centaines de milliers de morts dans le monde à cause notamment des mines de charbon ! Le nucléaire civil n'a tué personne encore. Les victimes de Fukushima sont le fait d'un tsunami, pas des centrales.
Est-il alors justifié de mettre le nucléaire au pilori ? Oui disent les écolos. Tout en militant pour que les véhicules thermiques soient remplacés par des véhicules électriques. On s'en portera beaucoup mieux dans nos villes. Très bien mais comment va-t-on produire et distribuer cette électricité ? Est-on conscient déjà que le nombre d'ampères qui circulent aujourd'hui dans nos circuits de distribution du courant va être multiplié par un facteur tel qu'il obligera à démanteler et re-dimensionner les réseaux urbains actuels pour que les rues soient équipées de bornes de rechargement ?
Et puis, d'où va venir cette électricité ? Les éoliennes ? Elles ont de piètres performances et défigurent les sites. On constate déjà un fort rejet de leur présence par la population. De plus, leur "empreinte carbone" est élevée du fait des immenses plateforme de béton qu'il faut construire pour les fixer au sol. Elles supposent aussi qu'il y ait du vent et en son absence une autre source doit prendre le relais.
Éoliennes en Normandie. Ce qui est beau, sur cette photo, ce sont les nuages...
Attendez, il y a aussi l’énergie photoélectrique qui elle fait appel au soleil, à la lumière ! En effet mais outre l'impact inesthétique de grandes surfaces photovoltaïques, elle aussi dépend de conditions extérieures et on ne sait pas fabriquer de panneaux solaires aujourd'hui sans faire appel aux terres rares (lanthanides) qui sont un quasi monopole de la Chine avec 90% de la production mondiale et la possibilité de "faire la pluie et le beau temps" sur un marché menacé d’assèchement rapide.
Quant aux batteries, seul moyen disponible à nos jours pour stocker l'électricité des sources intermittentes que sont le photovoltaïque et l'éolien, elles fonctionnent au lithium dont le Chili est le principal producteur. La décision de l'américain Tesla d'investir massivement dans ce domaine pour fournir le marché des smartphones et de la voiture électrique revient à hypothéquer toute la production mondiale de lithium à l'échéance 2020 !
Extraction des terres rares en Chine
ALORS QUE FAIT-ON ?
VOICI SANS PRÉTENTION CE QUE NOUS SUGGÈRE L'ANALYSE :
Hâtons nous lentement vers l'abandon du nucléaire
Poursuivons la réduction volontariste de nos besoins énergétiques
Encourageons la production de moteurs thermiques à très faible consommation d'essence ou de gazole (2 litres/100 km) qui ont vocation à retarder voire envoyer aux calendes grecques l'aboutissement du tout électrique, et réservons de toute manière ce type de véhicules au milieu urbain.
Allons vers la voiture électrique d'un pas raisonnable compatible avec la prise en compte des réalités liées à ce mode de transport.
Déconcentrons les hyper centres-villes dont Paris (ville la plus dense d'Europe) fait partie pour que l'activité économique et le tissu résidentiel se rejoignent en périphérie, en limitant ainsi les besoins de transports. Dans ce schéma, la politique de dissuasion de l'usage urbain de la voiture encombrante, même électrique, couplée à une modernisation des transports en commun à Paris, a un sens si elle s'accompagne d'un bon niveau d'échange avec les parties concernées.