Les hôtels de Croisille (à gauche) et de Vigny (à droite) situés au 12 et 10 rue du Parc Royal (IIIe) se suivent mais ne se ressemblent pas.
Nous avons déjà relaté une tranche de la saga de ces monuments, depuis 2007, date où l'Etat propriétaire décidait de les vendre :
- 2007 - L'Etat vend deux hôtels particuliers du XVIIème siècle rue du Parc Royal
- 2010 - Le projet d'hôtel de luxe en passe de laisser la place à des logements
- 2013 - Un programme de logements de luxe rue du Parc Royal
On en sait encore un peu plus aujourd'hui. L'information de 2013 est confirmée. La Mairie de Paris est d'accord pour accorder le permis de construire. Le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum a demandé et obtenu que le promoteur réserve à la location deux appartements de 70 m² chacun, à 16 € le mètre carré. Cet engagement porte sur neuf années. Au-delà de cette échéance, le propriétaire sera libre de les vendre ou de les louer au prix de marché.
Rue du Parc Royal, face au square Léopold-Achille et à ce tarif-là, les candidats-locataires seront nombreux. C'est la mairie du IIIe qui les choisira.
Rue de Montmorency, au numéro 26, la situation est tout autre mais l'issue pourrait être semblable.
L'immeuble est en déshérence depuis plusieurs années. Il a d'abord été squatté puis en 2011 ses propriétaires concluaient un accord avec la mairie du IIIe au terme duquel ils s'engageaient à le réhabiliter pour le louer par appartements à un tarif social, sur la base d'une convention de neuf ans.
Nous avons suivi l'histoire de cet immeuble. Notre article de mars 2010 faisait le point de la situation à cette époque. Elle a peu évolué depuis. Les travaux commencés en 2011 sont suspendus sine die faute d'argent. Aucune cession n'est annoncée. Que va-il se passer ?
Première hypothèse : les propriétaires (privés) trouvent un financement pour sa réhabilitation et mettent en oeuvre la convention. Ils semblent reculer devant le modèle économique proposé par la mairie et pourraient bien y renoncer. On touche ici du doigt la difficulé pour ne pas dire l'impossibilité de louer "social" en rénovant au prix de marché pour le foncier et pour les travaux.
Deuxième hypothèse : la Ville de Paris offre un prix pour l'acquisition de l'immeuble. S'il est trop bas, les propriétaires déclineront et pourraient avoir les tribunaux pour eux s'ils allaient en justice. S'il est "acceptable", l'opération sera évidemment déficitaire et ce sont les contribuables parisiens qui paieront. Perspective devant laquelle les classes moyennes commencent sérieusement à renacler à Paris après les hausses vertigineuses d'impôts qu'elles ont subies ces dernières années.
Troisième hypothèse qui a notre préférence : un promoteur achète l'immeuble à un prix qui satisfait les deux parties et fait son affaire de sa vente ou location par appartements. La mairie impose une part de social. Peut-être réussira-t-il à résoudre la péréquation qui consiste à augmenter le prix de la surface libre pour baisser celui de la partie encadrée, mais il faut que la Ville soit souple sur les contraintes qu'elle lui impose.
Le pire serait évidemment que chacun campe sur ses positions, les uns par idéologie les autres par réalisme économique.
Gérard Simonet
(Photos VlM)
Post-scriptum du 3 décembre 2013
Deux permis de construire ont été accordés par la Mairie de Paris en date du 05/11/2013 :
- sous la référence PC 075 103 13 V0019 au bénéfice de la SARL MANGROVE, pour un changement de destination partiel d'un bâtiment de bureaux en habitation (7 logements créés) avec ravalement des façades inscrites sur rue cour et jardins, remplacement des menuiseries et pose d'une grille sur porche et reconstruction d'un perron
- sous la référence PC 075 103 13 V0020, même bénéficiaire ), pour une réhabilitation d'un immeuble de bureaux et changement de destination en habitation (12 logements créés) avec ravalement des façades et démolition de murs porteurs
Ces deux bâtiments sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques