Rédigé à 08:51 dans Logement, Politique, Urbanisme, PSMV | Lien permanent | Commentaires (3)
Le "Passage du Désir", 23 rue Ste Croix de la Bretonnerie (IVe)
C'était en 2008, il y donc sept ans, ce magasin ouvrait ses portes dans le IVe avec son pendant rue St Martin (IVe). Il suscita un article de notre part que nous vous invitons à redécouvrir car il décrit les prémisses de l'évolution dont nous constatons les effets sur nos quartiers aujourd'hui.
Vous verrez que nous avons plutôt applaudi (sans frénésie cependant) à l'apparition de ce commerce plutôt insolite, car il n'avait et n'a toujours rien de vulgaire et qu'il respecte les codes du Marais en matière d'urbanisme. Mais nous avions à cette occasion alerté les élus, les deux Maires notamment, sur le risque que nous avions qualifié de "pigallisation" de nos quartiers. Allusion à leur spécialisation dans les commerces consacrés aux plaisirs en tous genres, dont on sait qu'ils ne font généralement pas bon ménage avec une certaine idée du paysage de la rue.
Derrière ce néologisme, provocateur à dessein, se dissimulait deux visions différentes du Marais, alors que la révision de son PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) se profilait. Il y avait en effet deux façons d'interpréter le concept de "mise en valeur". L'une que nous avons toujours privilégiée qui est la réhabilitation et la restauration "pour l'amour de l'art" ; l'autre qui en faisait saliver déjà plus d'un, la possibilité d'exploiter extensivement notre cadre historique et son patrimoine sur des bases marchandes, dans la mesure où il faisait peu de doute que le succès commercial de masse serait au rendez-vous.
Nos entretiens avec le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum nous avaient laissé penser que son option était a priori la deuxième. C'est pourquoi nous avions entrepris à l'époque de l'éclairer sur les conséquences prévisibles de cette orientation et son incidence sur la qualité de vie des habitants. Nous avions utilisé à cette occasion le terme de "pigallisation". Le mot avait rendu le Maire perplexe mais peut-être l'a-t-il incité à méditer. Il est vrai que les litiges que nous vivons aujourd'hui avec le musée Picasso et le Carreau du Temple semblent démentir qu'il ait infléchi son orientation mais on peut penser qu'il ait été dans les deux cas entrainé à son corps défendant dans des stratégies d'entreprises où seul le résultat financier compte. On espère toutefois qu'il s'en souviendra et que son entourage en tirera la leçon.
On se souvient de sa déclaration au moment des élections municipales de 2014 d'où il ressortait que sa priorité serait désormais la qualité de vie et la tranquillité des habitants. Sans doute est-il prisonnier des opérations déjà lancées mais on peut espérer au minimum qu'il réfléchira à deux fois avant d'en lancer de nouvelles. Il est significatif, par exemple, que le Premier-Adjoint du IIIe, Gauthier Caron-Thibault, ait donné un avis défavorable à la demande de permis de construire du "restaurant sur le toit" du 2 rue des Quatre-Fils (nonobstant le fait que la mairie de Paris n'en ait tenu aucun compte...). Les mois qui viennent nous diront si notre analyse est pertinente ou candidement naïve.
Dans le IVe Dominique Bertinotti était à la barre. Nous ne dirons jamais assez quelle a été sa détermination, quel a été son courage dans l'affaire de la grande boite de nuit de la rue Pierre au Lard, dont la réalisation aurait déstabilisé le secteur. Son successeur Christophe Girard a suivi la même voie, en se rendant ultérieurement compte que la solution du problème était contenue dans la révision du PSMV.
Mme Bertinotti a aussi œuvré, mais sans succès, à résoudre le scandale de l'occupation de l'espace public par le COX-BAR. Elle a cru en 2010 que la signature par toutes les parties d'une "charte des bons usages de la rue des Archives" conduirait à la fin des conflits. On sait qu'il n'en a rien été.
Dominique Bertinotti présentant sa charte aux commerçants de la rue des Archives, le 25 mai 2010
Christophe Girard a pris la suite en 2012. Le mieux qu'on puisse dire est qu'il subit aujourd'hui une situation qui le dépasse (notre article du 21 juin). Sauf pour lui à nous apporter la preuve du contraire dans les mois qui viennent.
Les craintes que nous formulions en 2008 se sont vérifiées mais l'orientation prise ne débouche pas à l'évidence sur cette "pigallisation" que nous avions appréhendée. Les commerces douteux n'ont pas fleuri. A leur place c'est le luxe qui s'impose avec la gentrification des quartiers. Au détriment il est vrai du commerce de proximité qu'on regrette comme un vieil ami qu'on aimait et qui disparait sans qu'on puisse réellement en vouloir à quiconque.
Gérard Simonet
Rédigé à 18:06 dans Activités économiques, Cadre de Vie, Environnement, Lutte contre le bruit, Paysage de la rue, Société | Lien permanent | Commentaires (2)
L'affiche de la gay pride 2015
Rien de commun ou presque avec la fête de la musique une semaine plus tôt (voir notre article du 22 juin 2015), la gay pride qui a lieu samedi dernier 27 juin s’est déroulée de l’avis de nos adhérents dans une ambiance un peu plus respectueuse des habitants que lors des éditions des années précédentes.
Bien sûr que certains excès notamment le bruit dû aux attroupements et à la musique ont été constatés jusque tard dans la nuit et toujours dans les mêmes secteurs du fait notamment de quelques établissements bien connus que ce soit dans la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie ou la rue des Archives (IVe). L’alcoolisation aidant n’a fait que renforcer le phénomène.
Ce qui est à déplorer aussi est l’avalanche de tracts, flyers et affiches de mauvais goût, le plus souvent en nombre et destinés à attirer le chaland. La Mairie de Paris a eu connaissance des commanditaires en lisant ces publicités et a dû intervenir comme il se doit en verbalisant les fautifs. L’a-t-elle fait ?
Une nouvelle fois nous devons saluer le travail accompli par les forces de police et les services de la propreté qui ont dû d’une part assurer la sécurité et d’autre part effacer les nombreuses traces des excès commis, sachant qu’ils ont dû œuvrer ensuite à la suite du passage du carnaval tropical (voir notre article du 28 juin 2015).
Rédigé à 18:04 dans Actualité, Cadre de Vie, Environnement, Société, Sécurité | Lien permanent | Commentaires (2)
Photo montage de la tour Triangle (Photo Herzog et de Meuron)
Courte majorité due à des ralliements de dernière minute et quelques modifications apportées au projet ont eu raison des oppositions pourtant nombreuses à la construction de cette tour dite Triangle (voir notre article du 08 décembre 2014) pour laquelle la polémique ne va pas s’arrêter pour autant.
Est-ce bien « une formidable chance pour Paris » comme le prétend la Maire qui accouche de ce dossier aux forceps et que certains appellent déjà « le caprice » ?
Car élever un building de 180 m de haut à Paris ce n’est pas rien ! Et c’est certainement le coup d’envoi à d’autres tours, cela ne fait aucun doute. Déjà des voix dénoncent le manque de concurrence dans l’attribution du marché au promoteur Unibail, le fait que ce soit un bail à construction de 80 ans (!), qu’un un loyer jugé dérisoire ait été fixé, que le même promoteur ait déjà obtenu le marché de la canopée des Halles et qu’il n’ait pas été tenu compte la surabondance de bureaux à Paris (1 000 000 m2 non loués). La future tour en effet comprendra ¾ de bureaux un hôtel 4 étoiles et un équipement culturel.
Vue de la future tour Triangle du centre de Paris (Photo montage Atlantico)
Ce qui est regrettable dans affaire, et notre position sur ce plan n’a jamais varié, est une nouvelle fois l’attitude des politiques qui semblent tout faire pour que Paris perde son âme. Comme s’il y avait une volonté rentrée, dont on ignore les raisons, de gommer, de casser tous azimuts un passé qui a fait la grandeur de la capitale au prétexte que ceux qui veulent préserver ces acquis sont des ringards, des malotrus, des habitants obtus qui veulent soi-disant préserver leur confort. Ils n’ont d’ailleurs rien compris car dans une économie de globalisation le standard est d’édifier des tours de bureaux, de « merchandiser » le plus d’espace, de développer le tourisme surtout le tourisme nocturne et bien entendu tout ce qui touche de loin ou de près à la fête… Alors que les habitants se le tiennent pour dit, ils n’ont pas voix au chapitre et vont finir par agacer les élus.
Vraiment trop c’est trop, ils ont déjà le privilège d’habiter Paris, que veulent-ils de plus ! J’oubliais ils ont une arme, leur bulletin de vote…
Dominique Feutry
Rédigé à 18:02 dans Activités économiques, Actualité, Cadre de Vie, Environnement, Politique, Urbanisme, PSMV | Lien permanent | Commentaires (4)
Le Musée Picasso éclairé par de puissants projecteurs pour le défilé, toutes les habitations alentour sont éclairées comme en plein jour (Photo JFLB)
Nous publions ci-dessous un article de Jean-François Leguil Bayart concernant les animations non muséales qui se multiplient au musée Picasso à l'instar de ce qui existe dans d'autres lieux emblématiques du Marais et de Paris en totale contradiction avec la qualité de vie que sont en droit d'attendre les habitants qui se sentent de plus en plus marginalisés par leurs élus.
"Comme il était à craindre, le Musée Picasso, contraint par son business plan à autofinancer 61% de son budget de fonctionnement (Libération 17 juillet 2014) entend privatiser l’Hôtel Salé autant que nécessaire et exercera, pour ce faire, sa souveraineté sur le quartier, sans égard aucun pour ses habitants. C’est ainsi que les riverains du square Léonor-Fini, du jeudi 25 au vendredi 26 juin, ont vécu à l’heure d’un défilé de mode : invasion de la rue Vieille-du-Temple par une nuée de camions polluants qui ont squatté toutes les places de stationnement résidentiel entre la rue des Coutures-Saint-Gervais et la rue des Quatre-Fils, essais de sono tonitruants, illumination de la façade de l’Hôtel Salé mais aussi des immeubles avoisinants que balayaient des projecteurs éclairant l’intérieur des appartements comme en plein jour.
Réponse benoite du musée à l’interpellation de Vivre le Marais : « dans le cadre de ses activités (il) accueille exceptionnellement un défilé de mode qui ne durera pas plus de trente minutes ». Sauf que la performance de trente minutes a été précédée de plus de vingt-quatre heures de préparatifs. Sauf que les riverains du square Léonor-Fini avaient eu droit à un spectacle d’acrobates tout aussi bruyants quelques semaines auparavant. Sauf que l’on a quelque peine à comprendre le rapport entre « les activités » du musée Picasso et un défilé de mode qui participe plus de la fashion week que de l’art du Maître.
Tout comme au Carreau du Temple, un établissement culturel se transforme en lieu d’exposition marchand. Tout comme au Carreau du Temple, les riverains, les premiers concernés, en sont les premières victimes, et l’objet de l’indifférence, quand ils se taisent, du mépris, quand ils s’expriment, des pouvoirs publics. Tout comme au Carreau du Temple, ces derniers, directement impliqués dans la gestion de l’établissement culturel, par le biais de leur présence au sein du conseil d’administration, voire leur présidence de celui-ci, pratiquent le mélange des genres en faisant passer la tranquillité et la santé publiques, dont ils sont redevables en tant qu’élus, après l’intérêt marchand. Carreau du Temple et Musée Picasso, même combat des riverains ! Terrasse du Jules et restaurant-toit de La Perle, même combat des riverains !
Camions stationnés tôt le matin rue Vieille du Temple afin de préparer la manifestation (Photo JFLB)
Ces événements n’ont rien d’ « exceptionnel ». Ils institutionnalisent un état d’exception dont les habitants du Marais font les frais, et que consacrera le classement imminent de leur quartier en zone touristique internationale, à la faveur de la loi Macron. Comme dans tout état d’exception qui se respecte, les droits des citoyens ne sont plus garantis par les autorités publiques qui accordent des dérogations à qui mieux mieux, permettant aux prédateurs de la nuit de faire valoir qu’ils ont obtenu les « autorisations » nécessaires et leur prodiguant une indulgence sans limite quand ils s’affranchissent de ces dernières. Ce n’est pas parce que le Musée Picasso a obtenu l’autorisation administrative d’illuminer l’intérieur des appartements jouxtant le square Léonor-Fini, et la brasserie La Perle le permis de construire un restaurant sur le toit du 2 de la rue des Quatre-Fils, que leur accaparement de l’intimité des riverains et la violation de leur droit au sommeil sont pour autant légitimes et acceptables.
Il n’empêche que, dans un état d’exception, le Cox et les Jules peuvent exploiter une terrasse sans autorisation administrative avec la complicité de fait de la municipalité, La Perle enfreindre la législation sur l’ivresse publique sans encourir de fermeture administrative comme l’a illustré le scandale Galliano… et le Musée Picasso faire passer du tapage nocturne pour de la culture, voire de l’art.
Soumis à la pression du lobby puissant et plein d’entregent des entrepreneurs de la nuit, ayant transformé les établissements culturels en partenariats publics-privés et les ayant ainsi rendus tributaires de la loi du profit, en proie à l’hybris de l’industrialisation touristique de la capitale bien qu’elle soit déjà la ville la plus visitée au monde, fantasmant sur les euros des millions de voyageurs chinois annoncés et les retombées supposées des Jeux Olympiques, les édiles de Paris se jettent dans une fuite en avant qui piétine les droits élémentaires de ses habitants : droit au sommeil, droit au repos notamment dominical, droit de circuler librement sur les trottoirs, droit à un marché du logement résidentiel déconnecté de la bulle des locations saisonnières frauduleuses, droit à des commerces de bouche, droit à une ville sans publicité sauvage à vague prétexte culturel, droit à l’égalité devant la fiscalité ou la réglementation relatives aux engins à moteur, droit de ne pas voir ses impôts grevés par des investissements inconsidérés en faveur d’événements sportifs mondiaux qu’entachent la corruption, le dopage et la spéculation télévisuelle – en bref, droit à une vie normale et non dérogatoire.
Préparatifs dans les jardins du musée, on aperçoit les colonnes d'amplificateurs ... (Photo JFLB)
Certes, la municipalité a pris des mesures utiles à la qualité de la vie depuis une décennie, en particulier en matière de transports publics, et s’efforce d’endiguer le phénomène des locations saisonnières. Mais sa politique débridée de marchandisation de la ville et son culte niais de la fête de masse la mettent en contradiction avec elle-même. Fascinés par la course à l’échalote de la nuit la plus in (et la plus bruyante) dans laquelle les a précipités le lobby des limonadiers "new age", les édiles ont pris le parti de snober leurs électeurs. Ils oublient que la victoire dans les urnes de la nouvelle équipe municipale de Barcelone doit beaucoup au ras le bol de ses habitants à l’encontre du tourisme de masse qui a dénaturé leur ville.
Nous sommes de plus en plus nombreux, dans le Marais, à avoir retenu la leçon et à faire dépendre nos suffrages à venir des réponses qui seront apportées aux scandales du COX, des "Le Jules" et de "La Perle"– entre autres – et à la dérive marchande des établissements culturels tels que le Carreau du Temple ou le Musée Picasso."
Jean-François Leguil-Bayart
Directeur de recherches au CNRS - Journaliste
Rédigé à 09:19 dans Actualité, Cadre de Vie, Environnement, Lutte contre le bruit, Politique, Société | Lien permanent | Commentaires (11)
Décoration non sollicitée à l'aplomb du mur de côté de l'immeuble du 62, rue Chapon (IIIe) (Photo VlM)
En lisant ces informations du Journal Le Monde reprises du New York Times, on se prend à rêver...
Et si nos politiques pouvaient être assez avisés pour s'en inspirer, les barbouilleurs de tout poil réfléchiraient à deux fois avant de défigurer lamentablement nos rues !
A méditer...
Dominique Feutry
Rédigé à 20:27 dans Cadre de Vie, Environnement, Paysage de la rue, Politique, Propreté, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
L'entrée du soir du "Café Cour" par le passage donnant sur la Tour Pierre Alvart de l'enceinte Philippe Auguste 57 bis rue des Francs Bourgeois (IVe) (Photo VlM)
Nous évoquons souvent le nombre important de bars-cafés qui 's'installent à la place de commerces de bouche et font que leur densité s'accroit parmi les commerces à l'instar de ce que nous constatons pour les boutiques de prêt à porter.
Notre surprise fut grande toutefois ces derniers jours passant devant le Crédit Municipal rue des Francs Bourgeois (IVe) de découvrir que le vénérable établissement venait d'ouvrir un café à son tour.
Dénommé "Café Cour", il est installé dans la cour intérieure de l'institution 55 rue des Francs-Bourgeois (IVe) et le soir alors que les bureaux sont fermés, il reste ouvert. L’accès se fait alors par le 57 c'est-à-dire par l'étroit passage menant à la Tour Alvart de l'enceinte de Philippe Auguste. Une charmante hôtesse accueille et renseigne les passants voulant s'y rendre et des panneaux sont affichés pour expliquer qu'il y a là un bar car on ne le voit pas de la rue.
il s'agit d'un café éphémère ouvert jusqu’en septembre, dans lequel il est possible de dîner bio et de profiter d'une animation. "Sans le bruit des terrasses ambiantes" tel est un des slogans de la publicité, il est vrai que cela est devenu une chose rare dans la quartier !
Une incitation pour aller découvrir cet endroit paisible.
Rédigé à 11:17 dans Activités économiques, Cadre de Vie, Environnement, Lutte contre le bruit | Lien permanent | Commentaires (1)
Un "jardin" autour d'une arbre particulièrement réussi (Photo GGF)
Bientôt, il va être possible de jardiner plus facilement dans les rues de Paris. Pour cela il vous faudra détenir un permis de végétaliser qui sera délivré avec quelques conditions par les mairies d’arrondissement. Ce projet est inscrit à l’ordre du jour du prochain conseil de la capitale qui a lieu la semaine prochaine. Pour ce faire et après obtention du sésame vert il faudra entretenir les plantations dont on aura la charge et respecter la charte de la Ville.
Air du temps, réaction à la pollution, retour au biologique, volonté d’agrémenter et d’égayer, nous allons donc assister à la multiplication des arbres fruitiers des fleurs et des légumes, autour des arbres ou sur les toits, entretenus pas des cohortes de jardiniers des villes. Les jardinières et les murs pourront servir aussi de supports. La mairie envisage même de fournir des bacs à fleurs. Les commerces de plantes, fleurs à repiquer et de graines vont se frotter les mains. Espérons que nos amateurs du jardinage n’empiéteront pas sur les prérogatives des jardiniers de la Ville, ils pourraient se faire du souci ! Espérons aussi que les installations qui vont fleurir ici et là ne viendront pas contrarier certaines harmonies qui font le charme de bien des endroits de Paris. "Un excellent jardinier vaut un excellent poète" disait Alphone Karr.
Modéles de « keyholes » inventés en Afrique pour les plantations (Photo Main Verte)
Lorsque l’on entend dire que les plantations pourraient se faire en « keyholes », ces sortes de « jardins en trou de serrure » de 3 m de diamètre utilisés pour la production de légumes en Afrique, nous sommes dubitatifs. Végétaliser oui et tant mieux, mais attention il faudra le faire avec respect et en accord avec les lieux. La charte, le kit de plantation qui sera remis aux amateurs ainsi que les cours qui seront dispensés à la Maison du Jardinage (Parc de Bercy), sans oublier les conseils avisés des agents des Espaces verts devraient éviter les excès des plus passionnés. Des contrôles seront néanmoins nécessaires.
Dominique Feutry
Rédigé à 08:44 dans Actualité, Cadre de Vie, Environnement, Paysage de la rue | Lien permanent | Commentaires (3)
L'affiche du carnaval tropical du 28 juin 2015
Après la fête de la musique dont nous avons dénoncé les excès (notre article du 22 juin 2015) arrive ce samedi, 27 juin, la Gay Pride qui créera à n'en pas douter une forte animation dans notre quartier. Mais ce n'était pas suffisant pour nos autorités il fallait encore davantage puisque le 28 juin est annoncé le "Carnaval Tropical", le Marais figurant sur le parcours ! La publicité fait état de "2 500 "carnavaliers" à pied et une trentaine de chars, venus des 4 coins du monde... aux costumes plus beaux les uns que les autres qui seront présents pour vous faire danser au rythme des musiques tropicales". 200 000 spectateurs sont attendus.
Un défilé de plus pourrions-nous dite dépités et blasés !
Pourquoi vouloir appliquer cette sorte de matraquage d'un Marais de la fête qui va totalement à l'encontre du souhait de ses habitants ?
Alors que nous avons soulevé la question de la densité excessive du Marais, pourquoi s'ingénier à y concentrer les touristes et les fêtards ?
Notre quartier n'en peut plus, il étouffe ! Veut-on éliminer ses habitants qui au final deviennent gênants?
On voudrait laisser pratiquement croire que sans fête, il n'y a pas de salut pour le Marais ? Eh bien nous disons non!
On se demande si la volonté ambiante ne serait pas de faire perdre au Marais son âme pour mieux le tuer ? L'autisme des politiques est inquiétant voire suspect.
Dominique Feutry
Rédigé à 07:05 dans Actualité, Cadre de Vie, Environnement, Lutte contre le bruit, Musique, Paysage de la rue, Propreté, Société | Lien permanent | Commentaires (8)
Place de la Bastille, au centre la Colonne de Juillet, au fond l'Opéra
" Apaiser l’espace public, rééquilibrer les usages au profit des piétons et des circulations douces, valoriser les espaces naturels, tels sont les grandes ambitions portées par l’exécutif municipal pour faire de notre capitale une ville bienveillante, harmonieuse et durable. Imaginer de nouveaux usages, remettre en question nos habitudes… C’est à partir de votre envie de vivre la ville que les projets vont se dessiner."
Telles sont les phrases choc que nous reprenons du site de la Mairie, Paris.fr, au sujet de l’aménagement souhaité par la Maire des 7 places, Bastille, Fête, Gambetta, Italie, Madeleine, Nation ou Panthéon. Pour cela il est spécifié aussi que « la participation citoyenne est plus que jamais au cœur de la démarche d’élaboration des programmes ».
Vouloir aménager des places pourquoi pas mais est-ce si prioritaire comme le laissent à penser les discours officiels ? D’abord et avant toute chose, cela coûte beaucoup, beaucoup d’argent. Il suffit de se pencher sur le dossier de la place de la République pour en être convaincu, un réaménagement qui a coûté 24 millions € à la Ville (« Le Moniteur » du 05 septembre 2013). Il a été dit récemment que les parisiens plébiscitaient cette place. Les échos que notre association reçoit ne démontrent pas une telle adhésion ! Il n’empêche que vouloir aménager autant de places, si l’on se fonde sur ce qu’a coûté la Place de la République, correspond à une dépense de 100 à 150 millions € (loin des 30 millions annoncés), ce qui n’est pas rien même en l’étalant sur plusieurs exercices budgétaires, alors que nous sommes dans un contexte de contraction des recettes !
Pour la place de la Bastille, les constatations faites sont que le trafic des véhicules est dense mais qu’il reste fluide (5600 véhicules à l’heure de pointe le soir). Le nombre d’accidents est difficile à évaluer, on parle d’une centaine sur 3 ans, mais les chiffres datent de plus de 6 ans. La végétalisation qui existe est peu visible (sauf sur les quais de l’arsenal), le mobilier est hétéroclite, l’éclairage est à revoir. La pollution aux particules comme le bruit sont assez élevés. Les places de stationnement sont quasi inexistantes mais il y a un stationnement illicite important de motos. La place voit converger 8 lignes de bus plus des lignes de cars touristiques, 3 lignes de métro (avec de nombreuses sorties et plusieurs escaliers mécaniques), mais il n’existe qu’une seule station de taxis.
Nous apprenons aussi, qu’outre la Colonne de Juillet, les quais de l’Arsenal sont classés en Zone Verte Urbaine, les quais de la ligne 1 du métro en Zone Urbaine de Grands Services Urbains, que le sous-sol, une ancienne carrière, est très encombré par des réseaux souterrains qui sont loin de représenter « quelques contraintes techniques » comme le relève le dossier de présentation.
Les conseils de quartier, récemment interrogés, ont fait des propositions qui convergent le plus souvent avec les souhaits de la Mairie. Il faut plus d’arbres et de végétation (devant l’Opéra en particulier), une traversée piétonne directe de la place sans devoir la contourner, des pistes cyclables, des places de stationnement, pouvoir relier en un seul ensemble la place, les quais du Canal Saint-Martin, le bassin de l’Arsenal et la Coulée Verte. Mais il est demandé aussi de mettre plus en valeur l’histoire (enceinte de la Bastille, Colonne de Juillet ...), de diversifier les commerces (les bars et les restaurants sont très nombreux) tout en supprimant les « baraques à frites » et en sécurisant certains lieux identifiés comme « points chauds », par exemple les escaliers accédant au sous-sol devant l’Opéra.
Cet état des lieux et ces diverses propositions étant rappelés, plusieurs points nous inquiètent. Si les aménagements réduisent la circulation où le trafic, il va forcément se reporter dans les rues voisines déjà très fréquentées (rue Saint-Antoine, boulevard Beaumarchais, rue du faubourg Saint-Antoine… ?). Si la volonté est d’attirer plus de touristes, cela ne va-t-il pas avoir comme conséquence de sur saturer le Marais déjà fort encombré et sur visité ? Lorsqu’il est mis de surcroît comme point positif que la place est un « lieu de fête et d’attractivité », les bras nous en tombent. Veut-on reproduire dans tout ce secteur ce qui fait le malheur des riverains dans différentes quartiers et plus spécifiquement non loin de là dans le XIe ? La fête n’est donc que la seule voie d’ambition et de progrès qui, soulignons-le, est antinomique avec la volonté affichée de nos édiles « d’apaiser l’espace public » ! Enfin lorsqu’il est fait mention du « passage sur la place d’une ligne de transport à haut niveau de services », nous ne voyons pas très bien de quoi il s’agit ?
Certes certains aménagements de la place de la Bastille, s’ils sont réalisés, ne seront pas du luxe. Elle est loin de refléter son passé historique et se trouve souvent mal traitée, il suffit de voir son état après une manifestation ou un rassemblement ! Franchement la place mérite autre chose ! Mais vouloir réduire drastiquement la circulation c’est déporter le trafic plus loin et concentrer les problèmes, notamment de pollution, ailleurs, alors que le constat est qu’actuellement le trafic reste fluide. Quant à affirmer que la place est « un lieu de fête et d’attractivité nocturne » c’est déjà vouloir ne rien faire pour qu’il n’en soit pas ainsi, au contraire c’est montrer déjà quel sera l’un des objectifs de l’aménagement. Restons plutôt dans l’optique d’un endroit familial et convivial valorisant les espaces naturels et permettant aux habitants d’avoir une vraie vie de quartier. Les touristes et les fêtards devant passer après.
Nous vous tiendrons informés des orientations qui seront retenues, du coût de cet aménagement qui doit être raisonné et ne pas devenir l'embléme d’une volonté. Nous notons que la concertation a lieu du 20 juin au 25 juillet, c'est-à-dire en pleine période de vacances d'été durant laquelle nombre de parisiens seront absents.
Dominique Feutry